Les 3 leçons numériques de l'iconoclaste PDG de la Camif

Comment transformer une entreprise de vente par correspondance en pure player du web ?

S'il ne prétend pas avoir de recette miracle, Emery Jacquillat, le pdg de Matelsom qui a racheté la Camif, semble avoir trouvé la méthode. 

Il a présenté trois clés qui ont été utilisées pour mener à bien la transformation digitale de la Camif.

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Les 3 leçons numériques de l'iconoclaste PDG de la Camif

Pour la sortie du livre Homo numericus au travail (*), Altedia, dont le pdg est un des deux co-auteurs, a organisé une rencontre. A cette occasion, le pdg de Camif Matelsom, Emery Jacquillat, a livré comment il avait transformé le catalogue de vente de correspondance de la mutuelle d'assurances des instituteurs de France en une société de vente sur Internet de produits made in France, respectant les exigences du développement durable, la première à décrocher le label BCorp avec son actionnaire.

Très bon vendeur de son entreprise, il revendique une notation triple A, pour agilité, attention et audace. Sur ce dernier point, il n'est pas en manque puisqu'il ambitionne d'avoir "remplacé Ikea dans 25 ans". D'ici là, il a livré un témoignage qui montre comment on peut réussir une transformation digitale.

Trois exemples à suivre en les adaptant.

1 Pour créer une culture numérique, invitez une artiste en résidence

Quand le pdg de la start-up rachète la Camif, il raconte avoir découvert une entreprise avec des services "très cloisonnés". S'il a été facile de faire tomber les murs, "le plus dur a été de changer la culture d'entreprise", explique le pdg. Plus de murs mais des habitudes persistantes de sorte que ceux qui n'avaient pas l'habitude de se parler continuaient à vivre côte à côte.

C'est une artiste en résidence pendant trois mois qui a eu la bonne idée pour changer les comportements. "Elle était choquée de voir que les gens s'envoyaient des mails au lieu de se parler", se souvient Emery Jacquillat.

L'artiste observe, et matérialise les déplacements physiques par des scotchs rose. Elle n'explique rien, si bien que beaucoup sont intrigués. Jusqu'au moment où un service de l'entreprise comprend que s'il n'a pas de marques roses au sol, c'est parce qu'il ne s'est pas déplacé et que personne n'est venu le voir.

2 pensez aussi à l'humain

Trop souvent, quand on parle de numérique, transformation, tout le staff de l'entreprise phosphore pour mettre au point l'application la plus bluffante qui soit, qui en jette par sa puissance. Depuis le 11 janvier dernier, la Camif propose aux internautes qui le souhaitent un service qui ré-humanise la relation, dans des ateliers créatifs impliquant aussi salariés et fournisseurs.

Pour ce distributeur présent sur Internet, un des problèmes est qu'il est difficile de tester les produits qu'il commercialise. Pour y remédier, le site a eu l'idée de créer un service qui offre d'aller voir ou essayer un canapé chez une personne résidant à proximité.

Bien sûr, il faut que ce dernier ait accepté auparavant, mais il peut recevoir un bon d'achat de 40 euros, si la vente se fait. Ce service qui peut en relation clients potentiels et ambassadeurs sera testé pour les divans. Si le succès est au rendez-vous, l'entreprise prévoit de l'élargir à d'autres biens et services.

3 Être pdg, c'est aussi se remettre en cause

Ne dites pas à Emery Jacquillat qu'il est président directeur général, il affirme que les trois initiales de son titre signifient professeur de gymnastique. Non pas tant parce qu'il marcherait plus que ses collaborateurs ou qu'il les incite à se déplacer au lieu d'envoyer des mails (voir point 1).

Mais parce qu'il est convaincu que pour s'adapter au numérique, il faut transformer en l'entreprise, "la transformer elle même en réseau social". Le travail du prof de gym ? Créer des opportunités de bouger pour tous les salariés, leur donner envie de bouger, de changer, accompagner ceux qui sont réticents et maintenir cet état d'esprit en permanence.

(*) Homo numericus au travail d'Alain Bloch et Pierre Beretti, Editions Eyrolles

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