Les alliances banque-fintech, l'indispensable bouclier pour contrer les Gafa
Amazon, Apple, Google, Alibaba et consorts avancent leurs pions sur le marché de l'industrie financière. Pour les contrer, les fintechs et acteurs traditionnels doivent opter pour la collaboration, estime Capgemini. L'entreprise de services informatiques vient de lancer un label dédié aux scale-up pour faciliter l'élaboration de ces partenariats.
Juliette Raynal
"La question n'est pas de savoir si les big techs constituent une menace pour le secteur financier mais de savoir si nous sommes bien armés car elles sont déjà arrivées", lance Elias Ghanem, spécialiste fintech chez Capgemini.
La menace des Gafa-ma
Selon lui, les Gafa-ma (pour Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft et Alibaba) constituent d'ores et déjà une menace réelle pour l'industrie financière. Exemples à l'appui : "Amazon dispose déjà d'une licence financière au Luxembourg. Apple Pay pénètre les points de vente et Samsung, qui propose Samsung Pay, est omniprésent au Mobile World Congress qui se tient actuellement à Barcelone".
"Leurs outils, ce sont la data et le mobile", ajoute-t-il. Et d'imaginer un scénario "qui ne relève pas de la science-fiction" : "Demain vous pourrez échanger avec Alexa d'Amazon en lui indiquant que vous souhaitez partir en voyage en famille à Puerto Rico. Au fur et à mesure des échanges, Alexa vous trouvera la bonne formule et vous indiquera que ce voyage coûtera 5000 euros. Ayant accès à votre compte, l'assistant précisera que vous pouvez payer la moitié directement en cash et vous proposera une offre de financement pour payer l'autre moitié".
Plus de 75% des fintechs en quête de collaboration
La meilleure arme pour contrer les géants de la tech ? Les partenariats, répond Elias Ghanem. "Les start-up ont réinventé l'expérience clients en proposant des échanges interactifs immédiats. De leur côté, les banques apportent un réseau de distribution et une scalabilité importante", avance-t-il.
Cette nécessité d'alliance, les fintechs l'ont bien intégrée. Selon le rapport World Fintech, publié ce mardi 22 février 2018 par Capgemini, LinkedIn et Efma, 75,5% des fintechs sondées ont pour objectif principal de collaborer avec les établissements traditionnels. "C'est un pourcentage en nette progression. L'année dernière, les fintechs étaient encore dans la phase laboratoire, elles n'avaient pas encore besoin d'industrialiser leur solution. Aujourd'hui, elles doivent aller plus vite et elles ne le peuvent qu'en se servant du turbo d'un grand partenaire", commente Elias Ghanem.
Un label pour faciliter les partenariats
Toutefois, ces partenariats se heurtent encore à trois types de barrières. Au niveau culturel, les start-up fonctionnent avec des MVP, pour minimum viable product. Or, du côté des banques, ce même MVP signifie maximum viable product. Ces approches opposées se traduisent par un décalage en termes de rythme de développement. Troisième barrière : la volonté. "Les banques se sont longtemps construites sur le 'build and buy'. Elles disposent de leurs propres équipes, de leur propre système.Tandis que les actifs d'une fintech sont sa créativité et sa prise de risque", note Elias Ghanem. Or, pour des collaborations efficaces, les grands groupes devront nécessairement apprendre, dans une certaine mesure, à perdre le contrôle.
Pour faciliter l'élaboration de partenariats, Capgemini se pose en entremetteur. L'entreprise de services informatiques profite de la publication du rapport pour officialiser le lancement d'un label baptisé Capgemini ScaleUp Certification. L'idée est de rendre plus visibles les start-up matures (c’est-à-dire celles qui ont déjà levé au moins un million d'euros, qui disposent d'une équipe de management opérationnelle et d'un modèle économique validé). Ce label sera décerné selon quatre critères : l'équipe, la situation financière, la traction commerciale et la qualité de la technologie.
Capgemini comme chef d'orchestre
Dans cette optique de labellisation, Capgemini a élaboré un formulaire d'une centaine de questions qui sera envoyé aux fintechs identifiées. Après cette étape basée sur le déclaratif, des experts du groupe rencontreront la start-up et demanderont à être mis en contact avec leurs clients pour les interviewer sur la qualité de leur relation.
La démarche sera gratuite pour les fintechs. Capgemini, en revanche, entend bien conserver une place clef dans la constitution de ces partenariats en jouant le rôle de chef d'orchestre. "Nous identifierons les problématiques des banques, sélectionnerons les scale-up à présenter et organiserons la mise en harmonie des différents corps", conclut le spécialiste.
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