Les conseils d'Enero, serial concepteur d'objets connectés
La station connectée Sowee d'EDF, c'est elle. Le bouton Domino de la Poste, c'est encore elle. Le doudou Oliba, elle aussi. L'agence Enero crée des objets connectés supports de services pour les start-up et grands groupes en un temps record. Rencontre avec Marc Chareyron et Olivier Mével ses co-fondateurs.
Dessiner, développer, industrialiser des objets connectés de A à Z : c'est la mission de l'agence parisienne Enero. Cette structure d'un nouveau genre a été fondée en 2014 par deux pionniers de l'Internet des objets. Olivier Mével, ingénieur ENSTA co-fondateur de Violet (Nabaztag) et Marc Chareyron, ingénieur polytechnicien et ex-DG de l'agence digitale Duke/Razorfish. Les deux hommes ont formé autour d'eux une équipe pluridisciplinaire dédiée à la conception d'objets connectés et de services associés : deux ingénieurs systèmes embarqués, deux personnes sur le software de plus haut niveau (mobile, Android, cloud), et deux spécialistes mécanique et design. Les co-fondateurs mettent leur expertise (mécanique pour l'un, électronique pour l'autre) et leur science de l'interface client au service des projets qu'ils développent pour des start-up, PME industrielles et grands groupes.
Depuis trois ans, les demandes client ont beaucoup évolué et l'approche de l'IoT est plus mature. "Au début, on a eu beaucoup de demandes complètement délirantes uniquement à but de communication", se souvient Marc Chareyron. "On a eu aussi beaucoup de modes et de lubies, les trackers Bluetooth, les boutons connectés, Sigfox et LoRa… avec des vagues de demandes similaires", ajoute son associé.
L'âge de raison
En 2017, "il y a une vraie conscience des clés du succès d'un objet, de l'investissement que cela demande, en temps et en argent. Les projets sont lancés pour aller au bout", constate Marc. L'exemple le plus éclairant, c'est celui de la start-up Sowee, spin-off d'EDF, pour qui Enero a développé une station connectée pour la maison. "Ils sont venus en janvier 2016 avec un projet clair, faire un objet grand public support de service, et ils y ont mis les moyens. On a avancé vite et les premiers objets ont été mis en production en octobre chez Eolane et commercialisés en décembre. Cela prouve que les grands groupes peuvent aller vite, même en fabriquant en France… s'ils savent précisément où ils veulent aller".
Enero avait fait preuve de la même rapidité d'exécution, en livrant en quatre mois une première version du bouton connecté Domino de La Poste. Quelle est la clé pour aller si vite ? Outre le fait d'avoir une équipe expérimentée, de s'appuyer sur une stratégie d'entreprise cohérente, Enero insiste sur un point : ne pas multiplier les prototypes non fonctionnels et étapes intermédiaires. "Il faut réduire le nombre d'itération. Plus on fait de fausses itérations, plus le projet risque de s'enliser ; plus on retarde la configuration proche de la réalité, plus on peut se faire des illusions et ne pas voir les vrais problèmes, insiste Olivier Mével. Car le diable est dans les détails : il est rare de devoir régler des problèmes fondamentaux en fin de processus, c'est plutôt une somme de petits détails qui peuvent créer des embûches. On sait que la clé est l'expérience utilisateurs, donc il ne sert à rien d'exposer des beta-testeurs à des concepts trop en amont, où il y a des fils partout. On ne peut pas dire : imaginez-vous un truc beau, sans les câbles…"
Valider le business model, et aller vite
Enero valide donc les choix techniques et d'interface en amont du processus (en intervenant parfois comme expert dès l'étape de la stratégie) pour pouvoir développer une version fonctionnelle au plus vite. Ce qui permet d'avoir, dès le début, une idée de l'architecture finale de produit, et de son coût de production. "Il faut une très forte expertise pour dire, en un jour, si l'objet est faisable et combien il coûterait en sortie d'usine. En évitant de valider des choses hors budget au départ, on peut ensuite se concentrer sur l'essentiel", explique Olivier Mével. C'est un critère essentiel pour juger du bien-fondé d'un projet, selon le duo. "La première question à se poser, c'est : est-ce que le business model tient la route. Combien ça coûte en ingénierie et en coût unitaire. Il faut analyser tout cela avant d'aller plus loin et de dépenser de l'argent pour rien, car en 2017, on ne crée plus d'objet connecté simplement pour l'image, et on ne peut pas créer un produit avec une expérience décevante".
Projets pour Label 5 et Cornilleau
Enero continue à travailler avec Sowee sur l'industrialisation du thermostat et les mises à jour. Il a aussi collaboré avec les start-up Oliba et Slow Control, et planche aujourd'hui sur de nouveaux produits pour les marques Cornilleau (tennis de table) et Label 5 (whisky). L'équipe ne veut pas de concentrer sur un secteur d'activité ou se lier à une technologie. "On ne veut pas avoir de lien avec des fondeurs, des technos soft, des plates-formes, cela bouge tellement vite qu'on veut rester indépendant", expliquent les fondateurs.
Lancée avec le soutien de business angels, Enero vit aujourd'hui des contrats qu'elle décroche. Elle se veut pionnière dans un univers du conseil hardware en pleine (re)composition. "Le paysage n'est pas encore structuré, un peu comme au début des agences web", estime Marc. Il y a de nombreux acteurs avec des profils et des backgrounds différents et qui recoupent tout ou partie du scope. Il y a des bureaux d'étude, de l'informatique industrielle, électronique, des agences digitales. Les prestataires doivent avoir de l'expérience et rassembler des compétences assez rares : ingénieurs mécaniques, électroniques, développement de logiciel embarqué… et s'interroger sur des problématiques techno, d'interface, des business models. On n'est pas si nombreux à savoir faire ça". C'est bien connu : hardware is hard.
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