Les espions britanniques demandent un assouplissement de la loi sur l'IA et la vie privée
Le MI5, le MI6 et le GCHQ demandent au gouvernement davantage de liberté vis-à-vis du traitement des données personnelles des citoyens britanniques utilisant l'intelligence artificielle.
Après un resserrement des pratiques de collecte des données personnelles consécutif aux révélations concernant la NSA il y a une dizaine d'années, l'intelligence artificielle va-t-elle servir de prétexte pour assouplir de nouveau l'exercice de la surveillance ? C'est l'avocat David Anderson, membre de la Chambre des Lords du parlement britannique, qui a porté en haut lieu la dernière demande de trois agences d'espionnage du Royaume-Uni. Le MI5, le MI6 et le Government Communications Headquarters (GCHQ) demandent conjointement un assouplissement des lois nationales – qu'elles dépeignent comme "une charge disproportionnée" – en matière d'usage de l'intelligence artificielle sur des bases de données personnelles.
Alors que de plus en plus d'entreprises privées et d'Etats emploient l'intelligence artificielle, parfois sans grande modération, les services secrets britanniques s'estiment lésés, relate The Guardian. Ces derniers, qui doivent obtenir l'aval formel d'un juge avant d'appliquer de l'intelligence artificielle sur leurs bases de données, plaident pour un processus simplifié dans lequel ils s'accorderaient eux-mêmes l'autorisation en question.
Simplification du processus
Le gouvernement doit analyser la proposition des agences et donner sa réponse plus tard dans l'année. Concrètement, celle-ci permettrait donc un usage accru de l'IA afin de traiter des bases de données personnelles dites "BPD", que les services secrets disent utiliser pour identifier des terroristes ou informateurs potentiels.
Selon eux, les citoyens britanniques ont peu de souci à se faire, ces informations faisant l'objet d'une "attente faible ou nulle en matière de vie privée". D'ailleurs, l'intelligence artificielle est déjà à l'œuvre depuis plusieurs années dans ces organisations. Ce qu'elles demandent est une simplification du processus d'autorisation et donc un traitement des données plus rapide et plus vaste.
David Anderson souhaite ainsi amender la loi britannique Investigatory Powers Act, votée en 2016 afin d'étendre les pouvoirs des agences de renseignement. Objectif : créer "un ensemble de garanties moins lourdes" pour une nouvelle catégorie de base de données qui comprendrait "le contenu des plateformes de partage de vidéos, des podcasts, des documents universitaires, des archives publiques et des informations sur les entreprises", selon The Guardian.
Une forte opposition à l'amendement
Le membre de la Chambre des Lords estime que "l'effet de déréglementation des changements proposés est relativement mineur". Toutefois, les défenseurs britanniques de la vie privée, qui critiquaient déjà vivement l'Investigatory Powers Act, considèrent cet éventuel amendement comme un affront de plus. D'autant que les régulateurs du monde entier, dont ceux de l'Union européenne que le Royaume-Uni a quittée, planchent en ce moment-même pour encadrer l'usage de l'intelligence artificielle.
Les organisations humanitaires Liberty et Privacy International ont appelé à ne pas abroger les derniers garde-fous en matière de traitement de données personnelles par les services de renseignement. "Il ne devrait pas être plus facile de stocker les données de personnes qui ne sont pas soupçonnées par l'État, surtout s'il s'agit d'ensembles de données aussi importants et qui concernent autant de personnes", a commenté un avocat de Liberty.
SUR LE MÊME SUJET
Les espions britanniques demandent un assouplissement de la loi sur l'IA et la vie privée
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir