Les Français prêts à payer plus cher pour des produits électroniques aux composants made in Europe

Selon une étude d’Ipsos, un Français sur deux n’a jamais entendu parler du plan de l’UE mis en place pour relocaliser les semi-conducteurs, mais ils y sont favorables et affirment même être prêts à payer plus cher pour des produits électroniques incluant des composants produits sur le Vieux continent.

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Les Français prêts à payer plus cher pour des produits électroniques aux composants made in Europe

Alors que l’Union européenne a finalisé ce 17 avril 2023 le "Chips Act", un texte visant à relocaliser la production de semi-conducteurs sur le territoire européen pour réduire sa dépendance aux pays asiatiques, Intel présente les résultats d’une étude commandée à Ipsos sur la manière dont les Français perçoivent le sujet.

Elle a été réalisée du 14 au 17 octobre 2022 auprès de 1 500 Français âgés de 18 à 75 ans pour connaître leur perception de la stratégie menée par l'UE, qui ambitionne de réaliser 20% de la production mondiale de semi-conducteurs d’ici 2030 et pose, pour ce faire, 43 milliards d’euros sur la table.

Conclusion : les Français semblent assez conscients de l’enjeu que représente la relocalisation de la filière des composants électroniques, même s’ils ne savent que vaguement ce qu’est un semi-conducteur. Ils voient donc d’un bon œil la politique industrielle interventionniste menée par l’UE et se disent prêts à la soutenir en payant plus cher pour acheter des produits électroniques incluant des composants made in Europe.

82% des Français ne savent pas vraiment ce qu’est un semi-conducteur

L’enquête a commencé par évaluer la familiarité des répondants avec le terme "semi-conducteur" et révèle qu’ils ne sont que 18% à savoir précisément de quoi il s’agit. Sans surprise, les jeunes générations sont plus au fait : 23% des 18-24 et 25% des 25-34 voient très bien ce que c'est, contre seulement 14% pour les plus de 55 ans.

Les Français sont néanmoins plutôt au courant de la localisation de leur production puisque 72% des interrogés citent correctement l’Asie. Le sujet ayant été médiatisé pendant la pandémie, 81% ont eu connaissance de la pénurie de produits électroniques qu'a subi le Vieux continent, et la même proportion déclare savoir que celle-ci était liée aux difficultés d’approvisionnement des semi-conducteurs asiatiques.

Un français sur deux n’a jamais entendu parler du "Chips Act"

En revanche, la politique menée par l’UE sur le sujet est assez mal connue. Seul un Français interrogé sur cinq voit ce que c’est et un sur deux n’en a pas entendu parler, mais ils soutiennent majoritairement l’initiative.

45% estiment que l’Europe a une carte à jouer dans le secteur qui aura un impact positif pour l’économie européenne. 43% la considèrent comme une bonne chose pour l’emploi et 77% estiment qu’une production en Europe donnera davantage de garanties quant aux conditions de travail des salariés. Par ailleurs, ils sont 79% à penser que ce plan aura un impact positif sur la formation des Européens en ingénierie de pointe.

Les Français prêts à dépenser plus pour des composants made in France ou Allemagne

S’ils avaient le choix, la majorité des répondants affirment qu’ils achèteraient des produits qui contiennent des semi-conducteurs d’origine française (61% des premiers choix) et allemande (42% des seconds choix), ce qui tombe bien pour Intel, qui a annoncé mi-mars son intention de construire une usine de production en Allemagne.

Dans le détail, 44% des 18-24 ans choisiraient des semi-conducteurs made in France en première intention, contre 70% des plus de 55 ans. La confiance à l’égard des capacités technologiques hexagonales semble ainsi moins marquée chez les jeunes générations.

Information principale de l'enquête : malgré l’inflation actuelle et la période d’inquiétude quant au pouvoir d’achat, les Français interrogés se déclarent prêts à payer plus cher pour un produit incluant des composants électroniques fabriqués en France ou en Europe.

La pression sur le rééquipement doit diminuer

Un point sur lequel Anselme Laubier, Research Manager chez Ipsos, a tenu à émettre des réserves bienvenues. "Attention aux limites de ces intentions : dans leurs actes, les consommateurs peuvent avoir un comportement très différent, en particulier lorsqu’il s’agit des biens techniques", a-t-elle commenté en marge de l'étude, rappelant que "Pendant plus de vingt ans, ils ont été éduqués par les enseignes et les fabricants autours d’un discours construit sur trois piliers : caractéristiques techniques, prix et marque."

Selon elle, "La nouvelle approche souhaitée par les Français, vertueuse et durable, doit s’accompagner d’un marketing repensé et d’une pression moins forte sur le rééquipement et les nouveaux usages". Rappelons, pour compléter la nuance, que l'étude a été commandée par la société américaine Intel, qui a justement annoncé l'année dernière un plan à 33 milliard d'euros pour investir dans la fabrication de puces en Europe.

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