Les Français sont friands de réalité virtuelle, d'après le CNC, mais la distribution des œuvres fait défaut
Une étude sur la réalité virtuelle réalisée par le CNC révèle une opinion très positive de la technologie par les Français. Sa démocratisation se fait majoritairement via un usage hors du domicile, dans les lieux de divertissement et de culture, et comporte une forte dimension sociale. Le CNC a financé des projets VR à hauteur de 10 millions d'euros depuis trois ans, et va poursuivre ses actions en ce sens. Il y voit un nouveau secteur stratégique pour la culture dans lequel la France figure parmi les leaders mondiaux. Il compte aussi créer un réseau d'exploitants pour aider les créateurs à mieux diffuser leurs œuvres.
Julien Bergounhoux
Le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a présenté ce 18 avril les résultats d'une enquête sur la réalité virtuelle et les expériences immersives en France. Elle a été réalisée entre le 19 et le 22 février 2019 sur un échantillon de 1003 Français de plus de 15 ans, avec un sur-échantillon de 100 personnes ayant déjà eu une expérience en réalité virtuelle.
Les points qui en ressortent sont une opinion quasi-unanimement positive de la technologie, un taux d'équipement à la maison qui progresse lentement, un fort développement de son utilisation dans les lieux de culture, et une prévalence des expériences sociales. Le CNC voit en la réalité virtuelle une nouvelle façon d'aborder la culture et les loisirs.
Un taux de satisfaction très élevé
Dans le détail, près de 93,4% des Français disent connaître la technologie, et 40% l’auraient expérimentée au moins une fois. Le segment des 15-34 ans est sans surprise le plus familier avec elle. A noter cependant que l'enquête ne fait pas de distinction entre les expériences bas de gamme qui pullulaient il y a quelques années (type Google Cardboard) et celles plus élaborées (Oculus Rift, HTC Vive...).
Le CNC se félicite néanmoins d'un taux de satisfaction très élevé chez les répondants, dont 30,3% se déclarent "très satisfait" et 63,4% se déclarent "plutôt satisfait". Seuls 1% d'entre eux se sont déclarés "pas du tout satisfaits" par leur expérience. Par ailleurs 91% des interrogés ayant eu une expérience immersive ont envie de renouveler l’expérience. Lors d'un entretien téléphonique, le CNC nous a aussi fait savoir que le qualificatif de technologie "gadget" n'a jamais été relevé par les interrogés, alors qu'il était proposé.
Le boom de la réalité virtuelle hors du domicile
Le taux d’équipement à domicile a peu progressé ces dernières années. Il n'est passé que de 2% à 6,5% en 3 ans (de 7% à 15,9% pour les 25-34 ans). C'est peut-être le reflet des freins qui subsistent à l'utilisation de ces appareils (coût, espace et équipement nécessaire).
L'utilisation hors du domicile a en revanche sensiblement augmentée. 22,3% des interrogés ont participé à une expérience immersive dans un parc d’attraction, 9,5% dans un musée et 8,1% dans un cinéma. Les deux tiers (67,5%) des répondants déclarent également que leur dernière expérience VR s'est faite à plusieurs (en famille ou avec des amis).
Le secteur est évidemment tiré par la partie ludique et notamment l'essor des escape games VR et des jeux de "free roaming", très populaires auprès de la cible des 15-34 ans. 100% des interrogés ayant vécu une expérience immersive en escape game disent vouloir renouveler l'expérience. Au total, le divertissement représente 71,6% des cas d'usage, contre 31,1% pour les services (découverte de lieu touristique, visite d'appartement, formation professionnelle...).
10 millions d'euros investis en 3 ans, 3 millions prévus pour 2019
"Nous soutenons la réalité virtuelle depuis l’apparition des premiers projets en 2015. Près de 10 millions d'euros ont déjà été investis. Ce secteur innovant est stratégique pour le CNC", déclare Frédérique Bredin, présidente du CNC, avant d'ajouter que "la France figure parmi les trois leaders mondiaux du secteur avec les Etats-Unis et le Canada". Il est vrai que de nombreux projets français ont été récompensés dans les festivals internationaux.
Au total, le CNC a soutenu financièrement une centaine de projets depuis 2015. Ces investissements sont aujourd'hui principalement portés par le Fonds d’aide aux expériences numériques, présidé par Zabou Breitman. Nouvellement créé, il remplace le précédent Fonds d’aide aux nouveaux médias. Il dispose d'environ 3 millions d'euros de fonds pour l'année 2019, et peut intervenir sur toutes les phases de réalisation d’un projet, depuis l’écriture jusqu’à la production. D'autres fonds (FAJV ou DICREAM) peuvent également rentrer en jeu de façon complémentaire lorsque c'est pertinent.
Des projets techniquement plus aboutis
Avec l'évolution de la technologie, ce sont aussi les projets qui deviennent plus aboutis, à la fois sur le plan technique et artistique. Fini les simples vidéos à 360°, place aux expériences 6DoF ou avec de la mobilité physique. "Nous avions déjà des projets très ambitieux en 2015, comme Notes on Blindness, rappelle Pauline Augrain, cheffe du service de la création numérique du CNC, mais en effet, les propositions qu’on nous adresse ont beaucoup évolué en trois ans. Elles sont plus ambitieuses sur le plan technologique, et nos commissions sont également plus sensibles à cet aspect." A noter cependant que la majorité des créateurs viennent aujourd'hui du milieu audiovisuel plutôt que de la 3D.
Créer un réseau d'exploitants pour accélérer la distribution
Désormais le CNC veut faciliter les rapports entre producteurs de contenu et lieux culturels. "Nous voulons créer un réseau d’opérateurs/exploitants, c'est l'un des enjeux forts du développement de la filière," explique Vincent Florant, directeur de l’innovation du CNC. "Notre objectif est que la création puisse être vue. Car ça ne sert à rien d'avoir de nouvelles écritures et cette grande vitalité si ça ne reste qu'en festival."
Quant à savoir quelle forme doivent prendre les exploitations, c'est une autre histoire. Des lieux dédiés, un coin réservé dans les multiplexes, ou une salle en plus dans un cinéma d’art et d’essai...? "Peu importe, répond Vincent Florant, on veut que ce soit le plus large possible. De la même façon qu’il y a 2000 salles de cinéma en France et qu'elles ne font pas toutes la même chose. Et nous souhaitons garder une présence sur tout le territoire, et pas que dans les grandes villes."
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