Les Français utilisent davantage d’applications "crackées" pour consommer illégalement musique et vidéo

Le rapport de l’Arcom sur la consommation des biens culturels dématérialisés révèle la hausse du recours à des applications piratées pour accéder frauduleusement aux contenus des plateforme de musique ou vidéo à la demande.

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Les Français utilisent davantage d’applications

L’analyse des modes d’acquisition des contenus culturels (film, séries, musique, podcasts, transmission de compétitions sportives…) est significative de l’appropriation des usages numériques dans le grand public.

Au-delà de la souscription à des offres commerciales mises en forme précisément pour être utilisées par tout un chacun, le suivi du déploiement des solutions de piratage éclaire quant à la diffusion des techniques de contournement des dispositifs de protection auprès d’une part croissante des consommateurs. Les données recensées par l’Arcom dans son étude de décembre 2022 consacrée à ce marché sont apparemment rassurantes : la part globale des internautes français ayant récupéré un bien culturel numérisé de manière illégale serait passée de 27% en 2021 à 24% en 2022.

Consumérisation des outils de piratage

Bonne nouvelle ? Rien n’est moins sûr. Car si le tout-venant du piratage vient d’un partage de codes de connexion entre connaissances même vagues, l’autorité de l’audiovisuel enregistre en un an un saut de 5% de l’emploi d’applications "crackées", qui concernent en 2022 quelque 19% des usagers frauduleux. Cette tendance haussière témoigne d’une mécanisation des modes opératoires, à même de permettre un passage à l’échelle auprès de personnes ne disposant pas de compétences techniques pour procéder par elles-mêmes au "crackage" en question. Un cas de consumérisation de l’outillage de piratage de nature à inquiéter la communauté des professionnels de la production de contenus.

Les applications sont donc plus que jamais le vecteur d’exploitation privilégié par les pirates. Elles supposent une investissement technologique préalable et un soin à apporter à leur ergonomie pour pouvoir être utilisées sans trop de difficulté par le plus grand nombre. Mais elles rendent possibles ensuite l’accès à une clientèle beaucoup plus importante. Dans ce cas-ci, les utilisateurs sont pleinement conscients des finalités illicites desdites applications.

Le smartphone comme porte d’entrée des attaquants

Mais ce véhicule technique peut également être utilisé au détriment des particuliers, à l’instar des centaines d’applications accessibles dans les "stores" qui affichent des fonctionnalités éminemment paisibles : jeux, retouches photos, lampe torche, conseils de fitness… qui servent à piller en tâche de fond les données des smartphones. Des exemples concrets ont été détectés par les analystes des Trend Labs cette année, qui servaient à voler des identifiants de réseaux sociaux ou de portefeuilles de cryptomonnaies.

Le smartphone devient plus que jamais l’équipement ciblé ou exploité pour conduire les opérations malveillantes de grande ampleur dans l’espace numérique.

Nicolas Arpagian, Directeur de la stratégie en cybersécurité de Trend Micro.
Auteur de Frontières.com, Editions de l’Observatoire (2022).


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