Les quatre axes de la prochaine feuille de route du numérique en santé
L’Agence du numérique en santé a présenté mercredi 14 décembre les grandes lignes de sa stratégie jusqu’en 2027. L’Usine Digitale vous en résume les grands chantiers à venir.
La France semble vouloir miser beaucoup sur le numérique pour améliorer son système de santé. Quelques semaines après que le gouvernement a annoncé une enveloppe supplémentaire de 48,4 millions d’euros pour mettre davantage de moyens dans la formation à ces nouvelles pratiques pour les professionnels, l’Agence du numérique en santé (ANS) a ouvert mercredi sa nouvelle feuille de route 2023-2027 à la consultation.
Basée sur l’“éthique”, la “souveraineté” et la “durabilité”, elle dresse les grandes lignes des chantiers à venir pour se saisir des opportunités promises par le numérique pour la santé des Français. L’Usine Digitale fait le point sur ce qu’il faut retenir.
Améliorer la prévention
L’ANS souhaite d’abord que le numérique permette d’améliorer la prévention, notamment en intégrant dès l’année prochaine des messages personnalisés (pour la vaccination ou les soins dentaires par exemple) sur le carnet de santé numérique “Mon Espace Santé” dont disposent aujourd’hui 98% des citoyens et en y intégrant un suivi des bilans de santé aux âges clés.
La démocratisation de cet espace est, en ce sens, un enjeu critique pour l’agence. Elle compte ainsi travailler à “l’envoi systématique des ordonnances, des résultats de biologie, des comptes rendus d’imagerie ou des lettres de liaison” pour faire de la plateforme un outil incontournable pour les Français et intégré dans leur vie quotidienne.
"2023 verra aussi l’avènement de l’agenda couplé avec les bases de données. Par exemple, cela permettra, même aux adultes, de rappeler qu’un rendez-vous annuel chez le dentiste est une bonne pratique”, a précisé Claire Bernard, responsable du département Mon Espace Santé au sein de la Caisse nationale d’Assurance maladie, à l’occasion du Conseil du numérique en santé qui se tenait mercredi matin.
L’ANS veut également rendre chacun “maître de ses données”, en travaillant sur une fonctionnalité permettant aux patients de gérer et partager l’accès à leur carnet numérique de santé par les professionnels de leur choix.
Faciliter l’usage des professionnels
Car pour optimiser les bénéfices du numérique en santé, il faut aussi faciliter l’intégration de ses usages par les professionnels eux-mêmes. “Les professionnels de santé seront les premiers ambassadeurs pour que le numérique en santé réussisse. Le numérique doit donc dégager du temps aux professionnels dans la prise en charge et dans le suivi des patients”, a résumé Jacques Lucas, président de l’ANS.
Aussi, ses équipes vont travailler à proposer un “accès simplifié à tous leurs services numériques, et notamment aux téléservices de l’Assurance Maladie” et généraliser l’adoption des ordonnances numériques — chantier où la France est “particulièrement en retard”, note la feuille de route.
Une nouvelle plateforme de messages instantanée décentralisée, sécurisée et interopérable devrait également être expérimentée pour permettre aux professionnels du médical et du paramédical d’échanger plus facilement, “en bilatéral ou en groupe”. L’ANS dit par ailleurs beaucoup compter sur les retours d’expérience de ces derniers sur les outils mis à leur disposition afin d’“identifier les irritants” dans l’usage des logiciels ou des services numériques.
Accès à la santé
Pour le gouvernement, le numérique peut également être un levier pour améliorer l’offre de soins et s’attaquer aux tensions d’accès à la santé dans les territoires. Cela devra passer par une “information publique sur la santé fiable, pertinente, réactive aux enjeux du moment” disponible sur l’annuaire en ligne Sante.fr que l’ANS appelle à enrichir.
L’agence ne fait évidemment pas l’impasse sur les bénéfices, à cet égard, de la télémédecine. Un premier référentiel sur les outils de téléconsultation verra le jour en 2023 pour pouvoir s’assurer que ces outils répondent bien aux exigences de sécurité et d’éthique. L’ANS souhaite par ailleurs œuvrer pour la “diffusion massive” de l’application carte Vitale pour répondre aux problèmes de remboursement direct rencontrés par les patients en cas de perte ou d’oubli.
Permettre l’innovation
Enfin, l’agence gouvernementale va s’atteler à faire émerger un cadre “propice” visant à permettre le développement des usages et l’innovation. Pour ce faire, elle appelle à “co-construire des règles claires, ciblées secteur par secteur et pragmatiques sur les enjeux d’interopérabilité, de sécurité et d’éthique”, avec la création de référentiels et la mise en place de procédures de vérification de la conformité qui pourraient conditionner les financements ou donner lieu à des sanctions.
Un nouvel “observatoire transversal de la maturité numérique des acteurs de santé” doit ainsi être créé. Il sera chargé de faire toute la transparence sur le niveau des établissements médicaux et des professionnels libéraux en matière de conformité à ces règles. Bien conscient des enjeux de cybersécurité et de la menace qui ne cesse de croître, un nouveau plan pluriannuel doit également être lancé dès 2023, accompagné d’une sensibilisation à une bonne hygiène cyber pour tous les acteurs, en lien avec la Cnil et l’Anssi.
Enfin, puisque la pénurie des talents n’épargne pas l’écosystème du numérique en santé, l’ANS entend mener une “cartographie des métiers du numérique en santé […] dès que possible” afin de recenser les besoins. Adepte d’une démarche de co-construction avec l’écosystème, l’ANS entre à présent dans une phase de concertation avec les acteurs de la filière, qui ont jusqu’au 14 mars prochain pour soumettre leurs avis et suggestions. Comme elle l'avait fait pour l'élaboration de la stratégie d'accélération de la filière, l'agence organise également un "tour des régions" en janvier et en février pour échanger avec toutes les parties prenantes.
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