Les robots de livraison ne sont plus les bienvenus sur les trottoirs de San Francisco
Il y a huit mois, San Francisco devenait la première ville à laisser rouler des robots livreurs de repas sur ses trottoirs. Mais le Conseil municipal vient d’adopter une loi limitant l’usage de ces droïdes. Un coup dur pour les nombreuses start-up qui se sont positionnées sur ce créneau du marché de la livraison.
Klervi Drouglazet
Ces derniers jours, on parle beaucoup de la polémique autour du robot patrouilleur de la start-up Knightscope, engagé par la SPA de San Francisco afin d’empêcher les sans-abri de camper sur le parking de l’établissement. La mairie a sommé la SPA américaine de faire déguerpir le droïde sur-le-champ, en menaçant l’ONG de lui coller une amende de 1 000 dollars par jour.
Here it is in action pic.twitter.com/nSBQUmKwk1
— Sam Dodge (@samueldodge) 9 décembre 2017
Entre San Francisco et les robots, c’est un peu “je t’aime, moi non plus”. Le 12 avril dernier, les habitants des quartiers de Mission et Portero Hill sont devenus les premiers à pouvoir se faire livrer un burger ou une soupe thaï par des robots de la start-up Marble. Mi-mai, l’adjoint au maire Norman Yee est monté au créneau en proposant d’interdire purement et simplement les robots de livraison sur les trottoirs de la ville. Cette proposition de loi a été adoptée le 5 décembre dernier, par le conseil municipal.
DES RESTRICTIONS PLUTÔT QU’UNE INTERDICTION
Qu’est ce qui change ? On croisera toujours des robots dans certaines rues de San Francisco. Ils sont autorisés à circuler autour de 761 blocs, situés majoritairement dans les anciens quartiers industriels de l’Est de la ville. Un employé devra garder un oeil en permanence sur le droïde et être positionné à moins de 10 mètres de lui. Les start-up ne pourront pas déployer plus de trois robots sur le trottoir et devront désormais se munir d’un permis. Un maximum de neuf automates pourront évoluer simultanément, et pas un de plus. Ils sont tous sommés à lever le pied : leur vitesse est limitée à 5 km/h.
“Toutes les innovations ne sont pas bonnes pour la société, a déclaré Norman Yee lors du vote qui estime qu’il faut rester vigilant si on ne veut pas pouvoir “aller au supermarché sans se faire écraser par un robot”. L’argument principal avancé par Norman Yee est que ces automates mettent en péril la sécurité des piétons, surtout les personnes âgées ou en situation de handicap. Il a aussi expliqué que les robots prenaient le travail des livreurs traditionnels. Enfin, alors qu’aucun accident n’a été déploré à San Francisco, l’élu a déclaré que “plusieurs accidents impliquant des robots de livraison ont été rapportés par la presse”.
La décision du Conseil municipal de San Francisco va à contre-courant des aspirations de la Silicon Valley, coeur battant de l’innovation mondiale. Sur la planète tech, la nouvelle a fait grincer quelques dents. “L’ordonnance de San Francisco ressemble à des lois passées aux premières heures des attelages à chevaux, qui exigeaient qu’une personne passe devant la voiture en agitant un drapeau rouge”, a ironisé Bob Doyle, porte-parole de l’Association for Advancing Automation Association, dans le SF Chronicle.
SAN FRANCISCO DÉLAISSÉE POUR D’AUTRES VILLES ?
Pour les start-up ayant misé sur les robots livreurs, cette loi représente un véritable frein à l’avancée de leurs expérimentations. Dans le viseur : la start-up Marble qui s'est alliée, en avril dernier, avec l'application de commande de repas en ligne Yelp Eat24 afin de déployer sa flotte de robot, des espèces de grosses glacières à roulettes dotées d’un radar anti-collision.
Dans un communiqué, Matthew Delaney, le CEO de la start-up fondée en 2015 a réagi avec diplomatie : “Il s’agit d’une première étape prometteuse dans l'élaboration d'un système réglementaire qui aidera San Francisco à montrer l'exemple en matière d'innovation robotique”. Une autre start-up teste également ses droïdes sur le macadam san franciscain : la start-up Dispatch.ai qui a qui a levé 2 millions de dollars, notamment auprès d'Andreessen Horowitz, en avril dernier. Cette dernière n’a pas commenté la nouvelle réglementation qui ne concerne que San Francisco.
Pour Starship Technologies, la voie est libre puisque la start-up mène des programmes pilotes dans d’autres villes que San Francisco : Redwood City, San Carlos, Sunnyvale (Silicon Valley) et Concord (au nord de la Baie), ainsi qu’à Washington DC. L’entreprise qui a signé deux partenariats en janvier avec Postmates et DoorDash, n’est pas donc pas concernée par ces restrictions. Outre le coup de frein de la Fog City, l’année 2017 a été plutôt faste pour les robots de livraison. Au total, cinq États (Floride, Ohio, Idaho, Virginie, Wisconsin) ont légiféré pour autoriser les robots livreurs à se déplacer sur la bordure des chaussées.
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