Les scénaristes hollywoodiens demandent des garanties vis-à-vis de l'IA générative
Les auteurs du cinéma américain sont en grève. Outre les revendications traditionnelles liées au salaire, la profession demande des protections contre l'utilisation de l’IA générative par les studios. Elle craint que des modèles ne soient entraînés sur leurs textes existants, les utilisant pour en créer de nouveaux sans qu'ils soient rémunérés en conséquence.
Mélicia Poitiers
Mis à jour
06 mai 2023
Après les enseignants, les traducteurs et les chargés de marketing, c’est au tour des auteurs de cinéma de faire part de leurs craintes d’être remplacés par des logiciels de génération automatique de contenu, ou du moins de voir leur profession fortement dévaluée.
Tous les trois ans, la Writers' Guild of America (WGA), qui défend les intérêts de 11 500 scénaristes de la télévision et du cinéma aux Etats-Unis, négocie un nouveau contrat avec les grands studios hollywoodiens, chaînes de télévision et plateformes de streaming, représentés par l’Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP).
Le scénaristes relégués à la réécriture ?
Cette année, la profession avait deux grandes revendications. D'abord l’augmentation des salaires, qui correspondrait à la part des bénéfices générés par l'essor du streaming, couplé à l'assurance de la pérennité des emplois, car les studios cherchent à revenir sur le système de contrats actuels pour passer à un système de paiement à l'heure de travail qui précariserait la profession. Ensuite, l’assurance que les studios n'utiliseront pas de modèles d'intelligence artificielle générative pour tenter de les remplacer. Après l’échec des négociations, des milliers d’auteurs ont décidé de se mettre en grève, mardi 2 mai 2023.
La capacité des grands modèles de langage à générer des récits, et leur éventuelle utilisation par l’industrie du cinéma inquiète les auteurs. Leur principale crainte est que les studios se servent de ces modèles pour créer le premier jet des scénarios, qui est la partie de l’écriture la mieux rémunérée, puis demandent juste aux scénaristes de les "reprendre" et de les "améliorer" en contrepartie d’un salaire dit de réécriture, beaucoup moins important. Les royalties sont aussi attribuées en conséquence. Ces méthodes sont déjà largement employées par les agences de traduction depuis quelques années.
Les textes existants utilisés pour entraîner les modèles d'IA ?
Le syndicat craint également que le travail des auteurs soit utilisé pour entraîner les modèles d’IA. Ils estiment que des parties de leurs textes et dialogues pourraient par ailleurs être réutilisées sans leur accord pour concevoir de nouveau films ou séries, et ce sans les rétribuer ni même les créditer. Le droit d'auteur est effectivement l'une des problématiques majeures posées par l'IA générative, ce type de pratiques étant perçues à juste titre par les créateurs comme une forme déguisée de plagiat.
L’affaire pourrait s’éterniser car les scénaristes demandent aux studios et plateformes de dépenser davantage au moment où ces derniers sont forcés de surveiller leur rentabilité. Outre la partie scénario, l’IA générative offre de également des possibilités pour le doublage et le sous-titrage des films. Là aussi, les acteurs s’inquiètent de clauses abusives dans leurs contrats qui autorisent les studios à créer des versions synthétiques de leurs voix qu'ils peuvent réutiliser à volonté sans rémunération.
SUR LE MÊME SUJET
Les scénaristes hollywoodiens demandent des garanties vis-à-vis de l'IA générative
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir