Les start-up européennes devraient lever 51 milliards de dollars cette année, soit 39% de moins qu'en 2022

La rapport annuel d'Atomico confirme la baisse des financements que connaissent les start-up en Europe depuis plusieurs mois. Cette année, ils devraient diminuer de 39% par rapport à 2022 et de 52% par rapport à 2021. Cependant, la société de capital-risque relativise la situation, la considérant comme un moyen de retrouver un écosystème plus sain, axé sur la rationalité plutôt que sur l'hypercroissance.

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Les start-up européennes devraient lever 51 milliards de dollars cette année, soit 39% de moins qu'en 2022

On savait que le financement des start-up européennes tournait au ralenti depuis 2022, le phénomène est à présent chiffré dans le dernier rapport annuel de la société de capital-risque Atomico. Loin de la tendance passagère, cette nouvelle réalité serait bien installée, et il ne faudrait pas forcément la voir comme une mauvaise chose… Explications.

Deux fois moins de financements qu'en 2021

Sur la base des données de Dealroom et de Crunchbase, Atomico prévoit un montant des capitaux investis dans les start-up européennes de 51 milliards de dollars cette année, en baisse de 39% par rapport à 2022. Le ralentissement est visible dans presque tous les pays européens bien que les Pays-Bas et le Danemark fassent figure d'exceptions. Le Royaume-Uni est le moins bien loti avec une chute de 57%, la France suit avec -55%, puis vient l'Allemagne avec -44%.

Par rapport à 2021, les chiffres sont encore plus flagrants. Les start-up européennes avaient levé 106 milliards de dollars, soit plus du double de ce qui est prédit pour 2023.

Un phénomène mondial

Pour autant, doit-on s’en inquiéter ? Pas vraiment selon Atomico. D'abord car il convient de noter que le montant global levé reste supérieur d'environ 35 à 40% à ceux de 2020 et de 2019. Ainsi, l’écosystème start-up européen est malgré tout en passe de connaître sa troisième année la plus importante en termes de financements levés.

Doit-on craindre une diminution de la compétitivité des start-up européennes ? Non plus. Le rapport affirme que "Cette nette baisse n’est pas pire que celle observée dans d’autres grandes régions. (…) Il s'agit d'une tendance mondiale qui se reflète aux États-Unis, en Chine et dans le reste du monde, chacun d'entre eux enregistrant une baisse des financements d’environ 50% par rapport à 2021".

Place à la rationalité

Et surtout, le financement des start-up n’est-il pas simplement en train de retrouver un comportement raisonnable ? Atomico estime que la valeur des financements en 2021 était "aberrante" et ne doit pas servir de comparaison. "Nous devrions considérer la période actuelle comme un retour aux principes de base. Les volumes d'investissement et les valorisations reviennent aux moyennes à long terme", explique la société.

"C’est l'occasion de construire un écosystème plus sain en mettant davantage l'accent sur la qualité. À court terme, il y aura moins d'entreprises créées, mais celles qui réussiront à percer seront plus susceptibles d'être gagnantes", affirme Tom Wehmeier, associé responsable des études chez Atomic.

Le "supercycle" de l'intelligence artificielle

Les gagnantes selon Bertrand Dufour, expert-comptable au sein du cabinet d'audit RSM interrogé par l'Usine Digitale en début d'année, ce seront les start-up avec des marges solides, assez matures pour laisser espérer les résultats concrets aujourd'hui attendus par les investisseurs, qui cherchent des deals rapidement rentables.

Parmi elles, il y aura certainement les leaders émergents de l'IA générative. Sans surprise, le rapport montre que cette technologie, propulsée sur le devant de la scène médiatique avec l’arrivée de Chat GPT, semble concentrer une grosse part de l’engouement des investisseurs en 2023.

Les start-up d'IA générative se sont accaparées 35% du total des investissements dans les entreprises d'IA et de machine learning l'année dernière, soit la part la plus élevée jamais atteinte et un grand bond par rapport aux 5% qu'elles représentaient en 2023.

La Fintech toujours aussi appréciée

Le rapport confirme par ailleurs l’attrait européen pour la Fintech. Les entreprises de services financiers continuent de capter 20%, soit la plus grande part des financements levés au cours du premier semestre 2023.

Le point noir de la situation reste évidemment les licenciements mis en place par les dirigeants pour s'adapter au contexte. La société de capital-risque en recense 185 000 dans les entreprises tech au premier trimestre au niveau mondial (dont 6% en Europe, qui là aussi s'en sort bien par rapport aux Etats-Unis notamment), il était d'un peu moins de 10 000 au premier trimestre 2022 et de 165 000 pour l'ensemble de l'année dernière. Atomico estime que les plans sociaux pourraient continuer de se multiplier..

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