Les syndicats restent inquiets sur l’avenir de STMicroelectronics

A la sortie du comité d’entreprise, les interrogations sur l’impact social du nouveau plan stratégique de STMicroelectronics restent sans réponses. Les syndicats craignent une fragilisation des activités de l’entreprise dans les circuits numériques.

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Les syndicats restent inquiets sur l’avenir de STMicroelectronics

La frustration domine chez les syndicats de STMicroelectronics. Le comité d’entreprise, qui s’est tenu mardi 11 décembre toute l’après-midi, n’a apporté aucune réponse à leurs interrogations sur le nouveau plan stratégique présenté par le PDG Carlo Bozotti lundi 10 décembre 2012.

"Nous n’avons obtenu aucun éclaircissement de fond sur le désengagement de STMicroelectronics de ST-Ericsson et aucune précision sur les conséquences sociales que ceci risque d’entraîner", regrette Marc Leroux, délégué de la CGT.

Les emplois menacés

Selon CFE CGC, le syndicat majoritaire, ST-Ericsson, coentreprise à 50/50 entre STMicroelectronics et Ericsson spécialisée dans les puces pour mobiles, compte en France environ 1 100 personnes, dont 700 à Grenoble, 300 au Mans et 70 à Rennes. Les équipes françaises sont dédiées au développement de puces combinant modem et processeur d’application pour le marché des smartphones. Ces emplois sont menacés par la perspective de retrait de STMicroelectronics de ST-Ericsson d’ici au troisième trimestre 2013.

STMicroelectronics veut vendre sa part dans ST-Ericsson, tandis qu’Ericsson se refuse encore à indiquer clairement sa position. Des rumeurs font état de négociations avec Apple, Samsung et l’opérateur télécoms japonais NTT. "Les répercussions sociales dépendront du repreneur choisi, estime Stéphane Derniaux, délégué syndical CFDT. Le repreneur peut décider de reprendre juste la propriété intellectuelle ou l’activité modem, et de liquider l’activité processeurs d’application. C’est ce qui risque d’arriver si Apple est l’acheteur, puisqu’il développe déjà ses propres processeurs d’application."

Le pérennité du groupe à long terme

Au-delà des craintes sur l’emploi, les syndicats s’interrogent sur la pérennité à long terme du groupe et sur l’avenir de la microélectronique en Europe. Après la sortie des mémoires flash il y a 5 ans, le retrait des puces pour mobiles ferait perdre à STMicroelectronics une activité stratégique sur le plan technologique et industriel. "Cette activité est à la pointe de la technologie et offre les grands volumes nécessaires pour amortir les gros investissements en R&D, explique Marc Leroux. Les développements technologiques et industriels dans ce secteur bénéficient aux autres activités dans les circuits numériques. La perdre c’est prendre le risque de mettre en péril les autres familles de circuits numériques."

Le système sur puce NovaThor L8580 de ST-Ericsson s’impose ainsi aujourd’hui comme le circuit intégré le plus avancé du groupe. Il est le premier à combiner une gravure en 28 nm avec un substrat sur isolant FD-SOI. Il équipe le Smartphone Galaxy SIII Mini de Samsung qui doit sortir à la fin 2012. C’est une innovation test pour les autres circuits numériques de STMicroelectronics.

« Les gens de ST-Ericsson en France sont sous le choc, confie Jean-Marc Sovignet, délégué syndical de CFC CGC. Ils se sentent encore une fois trahis. Ils étaient au départ STMicroelectronics ou NXP. On les a mis au sein de ST-Ericsson. Et voilà maintenant qu’on leur dit qu’ils vont changer encore. Ils ne savent pas ce qu’ils vont devenir. Tout cela est démoralisant. »

Les syndicats en appellent aux Etats français et italien, qui détiennent chacun 13,5% du capital de STMicroelectronics, pour stopper le plan de Carlo Bozotti et sauver ST-Ericsson. "La solution aux problèmes de ST-Ericsson doit s’inscrire dans le temps, martèle Marc Leroux. Il faut procéder à une recapitalisation d’entreprise à un niveau ou un autre. Il en va de la place de l’Europe dans la microélectronique."

Ridha Loukil

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