LeWeb13 : "Dans la révolution de l’information, la pollution c’est la data", selon Fred Wilson

Le capital-risqueur new-yorkais Fred Wilson partage sa vision de l’avenir du numérique où le réseau remplace la hiérarchie, les produits sont personnalisés et chaque individu est un nœud du réseau. Un monde où, par exemple, l’argent circulera sur Internet comme le contenu.

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Pour imaginer le monde numérique dans 10 ans, Fred Wilson, managing partner du venture capital (VC) new-yorkais Union Square Venture, a choisi de partager la façon dont il choisissait ses prochaines pistes d’investissement. Rien de plus simple ! "Nous identifions les grandes tendances macro, et la façon dont elles se combinent. Cela nous donne un cadre pour identifier les entreprises dans lesquelles investir. Mais attention, pour ces grandes tendances, nous ne parlons pas de technologie, mais nous nous plaçons du point de vue du comportement, du sociétal." Ces grandes tendances sont, pour lui, aujourd’hui, la fin de la hiérarchie au profit de l’organisation en réseau, la fin des "bundles" de produits et de services, et le fait que chaque individu soit devenu un nœud de réseau.

Le réseau remplace la hiérarchie

Pour commencer, il explique que "si la hiérarchie top-down, si peu efficace, a perduré, ce n’est que parce que les coûts de communication et de transaction étaient beaucoup trop élevés." Aujourd’hui, les outils de communication, smartphones, médias sociaux, apps, etc. permettent un modèle plat à peu de frais. Des exemples ? Twitter qui remplace la presse, selon Fred Wilson. La foule décide quelle est l’information importante, et cela remplace le lourd processus hiérarchique de la presse classique.

La fin du "bundle"

De la même façon, pour le VC, la technologie rend la logistique et la livraison des biens et services bien plus simples et moins chère. Résultat, il n’est plus besoin de regrouper (bundler) des produits pour les distribuer. On peut donc se focaliser de nouveau sur la fourniture des meilleurs produits ou services. "Dans la banque, il était très cher d’ouvrir une agence. Alors les banques proposaient tout : le prêt, la carte de crédit, etc. Aujourd’hui on voit arriver des services spécialisés, comme le prêt ou l’asset management en peer-to-peer."

Chaque individu est un nœud de réseau

L’investisseur explique surtout qu’aujourd’hui on peut quasiment faire avec son smartphone tout ce que l’on faisait avec son PC. Mais qu’en plus, on peut se géolocaliser, utiliser les capteurs, et le tout en ayant le mobile sur soi. "Et c’est essentiel, car nous sommes tous connectés aux autres tout le temps." Et de rappeler que, dans les pays en développement, l’étape du poste de travail classique a tout simplement été sautée pour passer directement au mobile. "Une démarche très simple comme celle de Uber (service d’accès à des voitures avec chauffeurs géolocalisées à proximité, ndlr) change le monde. Car il a un impact sur les transports, mais aussi la location de voiture, les livraisons…"

L’argent circulera sur Internet comme du contenu.

Pour Fred Wilson, il faudra donc regarder de près 4 thématiques au prisme de ces tendances : l’argent, la santé, les fuites de données et les identités de confiance. L’argent, pour commencer. Avec les bitcoins, bien sûr. "Pas parce que c’est une monnaie virtuelle, précise-t-il, mais parce que c’est un protocole comme TCP/IP (Internet, ndlr) ou SMTP (messagerie, ndlr). C’est la couche d’infrastructure connectée que nous n’avons pas eue jusque-là. On va voir l’argent circuler sur Internet comme le contenu parce que ce ne sera pas contrôlé par des entreprises comme Paypal…"

La santé et le bien-être ultimes

La santé et le bien-être - à ne pas confondre avec les soins, comme le précise Fred Wilson - sont aujourd’hui régulés et chers. "La santé, c’est ce qui vous garde hors du système de soins !" Pour lui, les déjà nombreux objets connectés du monde du quantified self vont se multiplier. "Une start-up allemande a développé un système de test de salive qui se connecte au smartphone pour un suivi des périodes d’ovulation. Mais il y a aussi des app très efficaces qui gamifient la perte de poids."

La fuite des données, nouvelles pollutions

Fred Wilson fait également le parallèle entre les fuites de données et la pollution qu’a généré la révolution industrielle et face à laquelle le monde a mis 100 ans à réagir. "Dans la révolution de l’information, la pollution c’est la data. Google, Facebook, nos gouvernements nous polluent. Dans certains cas, nous le voulons, dans d’autres, non. Il va falloir prendre le contrôle de ces fuites de données."

Les identités de confiance

Enfin, l’investisseur rappelle que " Google, Facebook, Amazon et Twitter deviennent nos services d’identification et c’est très pratique. Mais en échange, nous leur donnons toutes nos données." Pour Fred Wilson, l’avenir verra plutôt arriver une architecture d’identification distribuée et globale sur le modèle de bitcoin.

Emmanuelle Delsol

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