Magic Leap lance officiellement son casque de réalité augmentée aux Etats-Unis
Après avoir entretenu le mystère pendant des années, la start-up Magic Leap commercialise enfin son casque de réalité augmentée. Un lancement en petites quantités et qui se limite à quelques grandes villes américaines, mais qui marque une étape importante pour la jeune pousse. Pour autant, sa pertinence sur le marché, en particulier face à des acteurs comme Microsoft HoloLens, reste à déterminer.
Julien Bergounhoux
Près de quatre ans après sa première levée de fonds astronomique de 542 millions de dollars, Magic Leap lance enfin son casque de réalité augmentée sur le marché ce 8 août. Fini donc les campagnes de communication élusives (voire trompeuses), place au concret. Magic Leap One, qui comprend le casque Lightwear, le module de calcul Lightpack et un contrôleur (nommé Control), est disponible à la vente pour 2295 dollars (environ 1980 euros hors taxe). Jusqu'à trois exemplaires peuvent être commandés par une même personne, avec un délai de livraison pouvant atteindre jusqu'à 120 jours mais "habituellement beaucoup plus court".
Seulement disponible dans quelques villes américaines
Attention cependant : Magic Leap One, dans cette version "Creators Edition", n'est en vente qu'aux Etats-Unis et seulement dans quelques grandes villes comme San Francisco ou New York City. Une situation qui s'explique par les quantités limitées qui sont disponibles, mais également par la nécessité d'adapter le casque à la morphologie de chaque utilisateur. Il se porte en effet très près des yeux et doit être très précisément réglé pour fonctionner correctement. A tel point que Magic Leap a fait appel à la start-up Enjoy, fondée par un ancien d'Apple, pour livrer le système en main propre et se charger de le d'adapter et le configurer pour chaque utilisateur.
Une configuration contraignante
Inutile donc d'espérer partager un même système au sein d'une entreprise ou de s'en servir pour faire des démonstrations. Autre conséquence de cette proximité avec les yeux : impossible de s'en servir avec des lunettes de vue. Magic Leap indique que des verres correcteurs seront proposés en supplément à une date ultérieure, mais dans l'immédiat il faudra se rabattre sur des lentilles de contact ou prendre son mal en patience. L'entreprise n'a pas donné d'informations sur une éventuelle disponibilité plus étendue, mais un récent partenariat exclusif avec l'opérateur télécom AT&T prête à croire qu'il pourrait à terme être vendu directement en magasin.
La puissance de calcul est fournie par un system-on-chip (SOC) Nvidia Tegra X2 qui dispose de 8 GB de RAM. Le lightpack possède 128 GB de stockage et son autonomie est de trois heures d'utilisation en continu. De son côté le contrôleur peut fonctionner 7,5 heures avant d'être rechargé.
Quelques applications de démonstration déjà disponibles
Côté logiciel, le système est doté du système d'exploitation propriétaire LuminOS et possède un navigateur web baptisé Helio, une application de messagerie instantanée, un configuration pour placer des objets et écrans virtuels dans son environnement, une démo du petit jeu Dr. Grordbort’s Invaders, et une boutique d'applications appelée Magic Leap World. Cette dernière propose déjà plusieurs contenus dont notamment un concept d'application NBA, une collaboration musicale avec le groupe Sigur Ros nommée Tonandi, et une application de création artistique sobrement intitulée Create.
La start-up propose par ailleurs trois accessoires en complément du Magic Leap One : une sangle pour porter le Lightpack si on n'a pas de poches (30 dollars), un dongle appelé "Hub" qui permet de recharger l'appareil tout en le connectant à un ordinateur pour transférer des données (60 dollars), et un contrat de maintenance, le "Priority Service Plan", qui garantit un dépannage rapide en cas de problème et donne un accès anticipé à des outils de développement et à des évènements spéciaux (500 dollars).
Un positionnement sur le marché qui s'annonce difficile
Malgré ce lancement produit, l'avenir de Magic Leap semble encore incertain. La jeune pousse a de quoi voir venir, sachant qu'elle a levé plus de 2,3 milliards de dollars de fonds jusqu'ici, mais rendre son produit attractif pour le grand public est une autre paire de manches. Microsoft, le principal rival de Magic Leap avec son casque HoloLens, l'a vite compris en 2015 et s'est concentré sur le marché de l'entreprise où il connaît un vrai succès. La start-up se trouve dans un cas de figure similaire, et ce pour les mêmes raisons : la technologie est encore très jeune. Mais à la différence de Microsoft, elle semble vouloir se concentrer sur le marché des consommateurs.
Crédit : Ph0t0nFr3ak - Oliver Kreylos (Doc-Ok)
L'autre défi qui se pose à Magic Leap est aussi lié à HoloLens : Rony Abovitz, fondateur de la start-up, a laissé entendre pendant des années que son produit serait sans commune mesure avec la concurrence, mais il a du mal aujourd'hui à se démarquer du casque de Microsoft... qui est sur le marché depuis plus de deux ans. Il a certes un champ de vision supérieur (40° x 30° contre 30° x 17,5°) et il coûte moins cher, mais son utilisation est plus contraignante (car il doit être réajusté pour chaque utilisateur) et ses capacités graphiques semblent globalement similaires, d'après les premiers retours.
D'autant que Microsoft n'est pas resté les bras croisés pendant tout ce temps : la prochaine version d'HoloLens sera sans doute présentée au cours des six prochains mois. Les efforts de Magic Leap pour prouver la valeur de ses produits ne font donc que commencer. A l'inverse, Microsoft a désormais de la concurrence en matière de réalité augmentée et va devoir frapper fort pour s'assurer de rester la référence du secteur.
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