Malgré les menaces de poursuites antitrust, Amazon impose de nouvelles commissions aux vendeurs tiers
Le géant du commerce en ligne va prélever de nouvelles commissions auprès des marchands de sa marketplace qui ne sont pas clients de ses services de logistique et de livraison.
À Bruxelles et à Washington, Amazon est déjà accusé de favoriser les vendeurs tiers qui sont également clients de ses services de logistique et de livraison (FBA, “expédié par Amazon” en français). Malgré les menaces de poursuites antitrust, le géant du commerce en ligne a décidé d’aller encore plus loin.
Dans un message envoyé aux commerçants présents sur sa marketplace (place de marché), obtenu par plusieurs médias américains, Amazon indique en effet qu’une nouvelle commission sera prélevée à partir du 1er octobre. Celle-ci ne s’appliquera qu’aux ventes réalisées par les marchands participant au programme SFP ("Prime Expédié par le vendeur" en français), qui leur permet d’être éligibles à la livraison gratuite en un ou deux jours ouvrés (un élément capital pour certains acheteurs), sans passer par FBA.
Pousser les marchands vers FBA ?
Le montant de cette commission supplémentaire reste modeste : 2% du montant de la commande. Mais il s’ajoute à des frais qui n’ont cessé d’augmenter ces dernières années pour les vendeurs tiers présents sur Amazon, en particulier les dépenses publicitaires qui sont devenues indispensables pour bien figurer dans les résultats de recherche - et donc pour attirer des acheteurs.
Pour justifier cette mesure, la société met en avant les coûts liés à la gestion de deux chaînes logistiques différentes. Ses détracteurs y verront, au contraire, une volonté de tirer profit de sa position dominante pour pousser les vendeurs tiers à utiliser son service FBA, dont le prix n’a cessé d’augmenter (entre 20% et 35% du montant de la commande). Et qui représente une importante source de profits pour son activité e-commerce.
Concessions en Europe
Cette annonce intervient alors que la Federal Trade Commission se prépare à lancer des poursuites contre Amazon. Le gendarme américain de la concurrence devrait en particulier lui reprocher de favoriser les vendeurs tiers clients de FBA, notamment en leur permettant de mieux figurer dans les résultats de recherche ou d’avoir une probabilité plus grande de figurer dans la “boîte d’achat”, le bouton jaune placé à droite qui permet d’acheter directement un produit.
La Commission européenne enquête aussi sur ce point. L’an passé, Amazon avait proposé des concessions à Bruxelles, pour éviter de lourdes sanctions. Le groupe s’était notamment engagé à assurer un traitement équitable pour tous les vendeurs dans le processus de sélection de la “boîte d’achat”. En juin, il a également rouvert les inscriptions à son programme SFP, suspendues depuis plusieurs années... tout en durcissant les conditions d’éligibilité.