
Ce n’est qu’un premier indicateur de la santé de Huawei, après la vague de sanctions américaines. Le géant des télécoms a dévoilé mardi 30 juillet 2019 des résultats satisfaisants… qui laissent paraître "le peu de répercutions" que la crise semble avoir sur l’entreprise. Depuis son siège de Shenzhen (Chine), la firme a annoncé un chiffre d’affaires qui s’établit à 52,3 milliards d’euros, en hausse de 23,2 % par rapport à la même période l’an dernier. Et un bénéfice net lui aussi en hausse (8,7 %). "Le chiffre d’affaires est monté en flèche jusqu’au mois de mai, a expliqué Liang Hua, son président. Grâce au travail de fond entrepris au cours du premier semestre, nous restons en croissance malgré notre inscription sur l’Entity list de l’administration américaine. Cela ne veut pas dire que nous sommes sortis d’affaires."
L’EUROPE, GRANDE GAGNANTE DU CONFLIT
La firme de Shenzhen a sécurisé 50 contrats commerciaux pour la 5G, "dont 11 après le début de la crise avec les Etats-Unis le 16 mai 2019". Elle aurait ainsi déjà déployé 150 000 antennes à travers le monde. Au total, ses activités dans les télécommunications lui ont rapporté 19 milliards d’euros sur le premier semestre toutes technologies confondues. "Une pression plus grande libère un plus grand potentiel", s’est réjoui Liang Hua, en référence aux efforts américains pour enrayer sa progression. En matière de smartphones, Huawei progresse aussi en enregistrant un bond de 24 % dans les ventes par rapport à la même période l’an dernier – soit 118 millions d’unités, en incluant les modèles Honor. La marque au lotus affirme avoir réussi à "ne pas interrompre la production et le déploiement" un seul jour depuis les annonces de Donald Trump.
Pourtant, la secousse aurait été ressentie sur le marché français. "Nous avons moins vendu de smartphones dans les semaines qui ont suivi les annonces du gouvernement américain, a admis Weiliang Shi, directeur général de Huawei France. Nous avons vite retrouvé la confiance des utilisateurs, et nous écoulons aujourd’hui plus d’unités qu’avant que cette crise ne survienne." Et cette tendance n’est pas pour déplaire à Huawei, qui entend effectuer un changement de cap. La marque au lotus devrait progressivement déporter ses investissements des Etats-Unis vers l’Europe, où elle entend structurer "un écosystème visant à créer de nouveaux GAFAM autour de la 5G".
En 2019, Huawei aurait ainsi déjà augmenté son volume d’achat de produits et services de 10 % auprès de ses partenaires français, STMicroElectronics en tête. L’an dernier, le groupe chinois avait acheté pour 634,5 millions d’euros de fournitures dans l’Hexagone. "Aujourd’hui, le monde pense encore qu’il n’est pas possible de connaître le succès sans commercer avec les Etats-Unis. Huawei est en train de prouver que l’on peut tout à fait survivre en choisissant une voie alternative", a souligné Weiliang Shi. Si la firme de Shenzhen peut se targuer d’avoir limité la casse au premier semestre, l’embargo américain pourrait davantage se faire ressentir sur ses résultats dans la deuxième moitié de l’année. Pour l’heure, plus question pour l’entreprise de parler de son ambition de dépasser Samsung en matière de ventes de smartphones… ou de celle de dominer le marché des équipements 5G.
La marque au lotus entendait emboîter le pas aux GAFAM. Selon nos confrères américains du site The Information, Huawei aurait collaboré avec Google – qui lui fournit déjà le système d’exploitation Android sur ses smartphones – pour mettre au point son enceinte connectée maison. Equipée de Google Assistant, cette nouvelle gamme de produit Huawei devait notamment venir concurrencer Amazon Echo ou Apple HomePod. A l’heure où les critiques se font nombreuses au sujet de ces enceintes qui permettraient aux fabricants d’écouter leurs propriétaires, le lancement d’un tel produit par Huawei aurait pu être mal perçu par la population. Quoi qu’il en soit, le projet a été abandonné suite à l’interdiction pour les groupes américains de commercer avec le géant chinois des télécoms. Google et Huawei projetaient de présenter l’appareil à l’occasion de la prochaine édition du salon IFA, qui doit se tenir du 6 au 11 septembre 2019 à Berlin.
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