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Marier Bouygues Telecom à Orange est une bonne opération... pour les 4 opérateurs
Le possible rachat de Bouygues Telecom par Orange est intéressant pour les deux acteurs. Renforcement de sa position en France pour l’opérateur historique et présence indirecte et moins pesante dans les télécoms pour Bouygues.
Mais l’opération bénéficiera aussi à Iliad et Altice.
Pour éviter le blocage par les autorités de la concurrence, le nouvel ensemble devra leur céder des actifs de valeur.
Emmanuelle Delsol
Après des rumeurs renouvelées durant les fêtes, Orange et Bouygues Telecom ont confirmé le 5 janvier 2015, être entrés en discussions exclusives. Le numéro un des télécoms envisage bien d’acquérir la filiale de Bouygues. Une opération qui pourrait satisfaire globalement le secteur. Les deux principaux intéressés en tête, mais aussi leurs concurrents majeurs Altice et Iliad, ainsi que l’Etat, actionnaire majoritaire d’Orange. D’une part, un retour à trois opérateurs en France leur serait favorable. D’autre part, l’opération, complexe, ne pourra se concrétiser sans que le nouvel ensemble ne cède une partie de ses actifs à la concurrence.
Le retour à trois opérateurs
La France fait presque figure d’exception en Europe avec ses quatre opérateurs, arguent les observateurs du marché. Les récentes consolidations (Numéricable – SFR, entre autres) ont eu lieu entre acteurs complémentaires du fixe et du mobile, ne réduisant pas le nombre total d’opérateurs mobiles. En Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, la tendance est déjà au trio. Le raisonnement est simple : Les parts de gâteau sont plus importantes pour chacun ; il y a moins de doublons dans le déploiement de réseau ; éventuellement, …les prix remontent et donc le chiffre d'affaires des opérateurs aussi ; enfin, chacun a davantage de moyens pour les lourds investissements attendus dans la 5G et la fibre.
Sous la loupe des autorités de la concurrence
Mais les autorités de la concurrence ont l’œil rivé sur toutes les potentielles consolidations. En absorbant Bouygues Telecom, Orange s’arrogerait bien plus de la moitié du marché français dans le fixe comme dans le mobile. Il lui faudrait donc céder quelques parts de gâteau à Iliad ou à Altice. Pour ce faire, le nouvel ensemble devrait piocher dans son infrastructure réseau, ses fréquences, ses boutiques, voire ses abonnés.
Pour ajouter à la complexité de l’opération, en fonction du poids d’Orange en Europe, le dossier tombera, au choix, entre les mains de l’autorité européenne ou de celles de son homologue française. La décision dépend entre autres de la prise en compte de la cession à BT par l’opérateur de ses parts dans EE, sa co-filiale britannique avec l’Allemand Deutsche Telekom, et de l’acquisition de l’Espagnol Jazztel. De l’avis général, la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, serait plus sévère que son homologue français, Bruno Lasserre.
Orange, grand gagnant
Pour Orange, l’acquisition serait un moyen de redonner de l’importance à la France dans ses comptes. Le chiffre d'affaires 2014 de 39,4 milliards d’euros dans l’Hexagone, en décroissance, représentait à peine 31% de ses revenus. Mais l’opérateur pourrait aussi y gagner financièrement. Les rumeurs évoquent une valorisation de Bouygues Telecom aux alentours de 10 milliards d’euros (celle proposée par Altice en juin) et une prise de participation à hauteur de 15% dans Orange de la filiale du groupe de BTP. L’opérateur historique ne débourserait alors que 2 milliards d’euros en cash, et pourrait engranger 3, 4 voire 5 milliards d’euros en revendant certains actifs pour ne pas se trouver en position dominante. La soustraction est simple. Tout achetant Bouygues Telecom, il pourrait empocher 2 ou 3 milliards d’euros. Et imaginer d’autres prises de positions en Europe.
La participation indirecte d’Iliad et Altice
Quant à Bouygues, la position de 4eme opérateur de sa filiale est devenue très difficile à tenir financièrement et opérationnellement. En transférant les opérations de son réseau à Orange tout en prenant une participation dans l’entreprise, il garde les moyens de développer une stratégie autour de la ville intelligence, et des médias. Selon le Monde, Orange pourrait d’ailleurs s’engager dans 10% de TF1.
Pour Iliad et Altice, la disparition d’un acteur du paysage est à elle seule une bonne nouvelle. Mais ils ont aussi la garantie de participer indirectement à l’opération, en libérant le nouvel ensemble d’actifs qui l’empêcheraient d’obtenir l’accord des autorités de la concurrence.
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