Meta va permettre de séparer les comptes Facebook et Instagram
Jusqu’à présent, le groupe américain combinait les différents comptes de ses utilisateurs sans demander leur consentement, notamment à des fins publicitaires. Une pratique qui était remise en cause par les autorités allemandes.
Meta cède devant le gendarme allemand de la concurrence. Après des années de procédures, la maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp a accepté de modifier ses pratiques de partage des données personnelles entre ses différents services.
Concrètement, les utilisateurs pourront désormais choisir de manière “libre et éclairée” s'ils souhaitent utiliser les services de Meta avec des comptes différents ou avec un compte unique, explique le Bundeskartellamt, l’Office fédéral de lutte contre les cartels. Ce changement s’appliquera dans le monde entier, indique le groupe dirigé par Mark Zuckerberg.
Anticiper une décision de la justice européenne
Jusqu’à présent, Meta combinait les différents comptes de ses utilisateurs sans demander leur consentement, mettant notamment en avant la possibilité de réaliser des publications croisées. Mais cela lui permettait aussi de réunir les données personnelles récoltées sur ses différentes plateformes, notamment à des fins publicitaires.
En 2019, le Bundeskartellamt avait considéré que cette pratique représentait un abus de concurrence. Il avait donc demandé à Meta (qui s’appelait encore officiellement Facebook) de modifier ses pratiques. La société avait immédiatement interjeté appel, estimant que seule la Cnil irlandaise était habilitée à se pencher sur des questions liées aux données personnelles, dans le cadre du guichet unique introduit par le RGPD.
La justice allemande avait alors suspendu l’injonction du régulateur. Et avait décidé de transférer le dossier à la Cour de justice de l'Union européenne, la plus haute juridiction du continent. Celle-ci doit rendre son verdict sur l’affaire en juillet. Fin 2022, son avocat général avait estimé que le Bundeskartellamt pouvait bien imposer une telle mesure. Meta semble donc avoir anticipé une décision défavorable.
Surveillance accrue
L’Allemagne est particulièrement en pointe sur la question des comptes communs. En 2020, Meta avait ainsi décidé de mettre un terme à la commercialisation de ses casques de réalité virtuelle dans le pays, en prévision d’une enquête lancée quelques mois plus tard par le Bundeskartellamt sur l'utilisation obligatoire d'un compte Facebook.
L’an passé, Meta a par ailleurs été classé comme une entreprise "d'importance primordiale pour la concurrence". Cette nouvelle disposition, introduite en 2021, étend les prérogatives du gendarme allemand pour lutter contre des abus de position dominante, notamment dans le domaine du numérique.