Meta va se plier à la volonté des autorités britanniques et revendre Giphy

Meta va revendre Giphy, service spécialisé dans le partage de courts extraits vidéos. Le réseau social s'était emparé de ce "moteur de fichiers .gif" en 2020 pour un montant situé entre 300 et 400 millions d'euros. Mais l'autorité britannique a demandé à ce que Meta revende l'entreprise fin 2021, au nom du droit de la concurrence.

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Meta va se plier à la volonté des autorités britanniques et revendre Giphy

Meta devra finalement se plier à la demande de l'autorité britannique en charge de la concurrence, qui lui enjoignait de revendre Giphy depuis un an. L'ex-Facebook avait été condamné fin 2021 par la Competition and Markets Authority (CMA) à s'en séparer. Après un appel réussi du réseau social, un tribunal britannique a définitivement confirmé l'obligation de revente.

"Nous sommes déçus de la décision de la CMA mais nous l'acceptons aujourd'hui comme étant le mot final sur ce sujet", a déclaré un porte-parole de Meta auprès de Reuters. "Nous travailleront en étroite collaboration avec la CMA sur la cession de Giphy", puisque l'acheteur devra être aussi approuvé par l'autorité britannique.

Une acquisition à 400 millions…

Meta avait annoncé l'acquisition de Giphy en mai 2020, soit deux ans après que Google se soit emparé de son principal concurrent, Tenor. Une acquisition qui est, elle, passée inaperçue. Le montant de l'acquisition de Giphy, entreprise basée à New York City, s'est situé entre 300 et 400 millions de dollars. Mais le régulateur britannique a bloqué l'opération en mettant en avant les risques pour les concurrents de Meta.

La CMA le justifie par la crainte que l'entreprise de Mark Zuckerberg ne limite ou n'empêche d'autres réseaux sociaux, comme Snapchat ou Twitter, d'accéder à Giphy. Ou que Meta ne change les conditions d'accès au service, par exemple en demandant aux autres opérateurs de réseaux sociaux de fournir plus de données sur leurs utilisateurs pour y accéder. Meta s'était engagé sur ces points, mais cela n'a visiblement pas convaincu.

Un autre point mis en avant par la CMA concerne les effets de cette acquisition dans le secteur de la publicité en ligne. Les services de Giphy auraient eu le potentiel de concurrencer ceux de Facebook d'après elle, et auraient encouragés l'innovation sur ce secteur. La CMA explique que Giphy avait lancé des services publicitaires aux Etats-Unis avant l'acquisition, et envisageait de les étendre à d'autres pays. Toutefois, le business model de Giphy avant son rachat ne semble pas aussi évident dans les faits. L'entreprise cherchait surtout à monétiser son produit du mieux possible, et ses services publicitaires étaient inexistants au Royaume-Uni.

… Pour une vente à combien ?

Avec cette décision, pour la première fois un régulateur demande à une grande entreprise technologique américaine de revendre une entreprise qu'elle vient d'acquérir. Une façon pour la CMA de montrer qu'elle va scruter de près les acquisitions dans le numérique à l'avenir. Nvidia a d'ailleurs préféré arrêter les frais et a finalement renoncé à son acquisition d'Arm, qui était pour le coup une entreprise anglaise avant son rachat par le japonais SoftBank.

Le fait que les autorités de la concurrence se penchent sur les acquisitions dans la tech doit être salué. Toutefois, les délais avant que les décisions soient rendues sont longs par rapport au contexte fluctuant du secteur du numérique. Meta a annoncé l'acquisition de Giphy en mai 2020. Depuis, son service publicitaire balbutiant a été fermé et l'entreprise a été intégrée à Meta. Sa vente se fera très probablement à un prix bien moindre par rapport à ce qu'avait déboursé Facebook à l'époque. Et il faut trouver un repreneur, car Giphy ne pourrait pas survivre en tant qu'entité indépendante.

Une conséquence de l'acquisition d'Instagram

Ce durcissement de l'examen des rachats dans la tech est salutaire, mais les priorités des autorités peuvent interroger. Outre la CMA, la Federal Trade Commission (FTC) s'oppose en justice depuis plusieurs mois à l'acquisition de Within par Meta. Elle met en avant la crainte qu'un monopole dans la réalité virtuelle se mette en place, comme cela a pu être le cas dans les réseaux sociaux.

On peut y voir en partie une forme de regret suite à l'acquisition d'Instagram il y a 10 ans. A l'époque les autorités de la concurrence n'avaient pas réagi, et l'opération n'était généralement pas perçue comme particulièrement avisée, Instagram ne générant pas de profits. Avec le temps et le succès, le monopole mis en place par Meta dans les réseaux sociaux est devenu largement critiqué. Mais le délai dans la réaction des autorités peut sembler cocasse, car l'entreprise est aujourd'hui très largement bousculée par TikTok, qui s'est arrogé une forte part d'audience chez les jeunes.

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