Microsoft investit 25 millions de dollars pour mettre l'intelligence artificielle au service des handicapés

Microsoft poursuit ses efforts en matière d'accessibilité en investissant 25 millions de dollars sur 5 ans pour aider développeurs, entreprises et chercheurs à mettre au point des produits et solutions d'intelligence artificielle à destination des personnes en situation de handicap.

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Microsoft investit 25 millions de dollars pour mettre l'intelligence artificielle au service des handicapés
Anne Taylor est membre de l'équipe en charge de l'accessibilité chez Microsoft.

Microsoft a annoncé le 7 mai "AI for Accessibility", un programme d’investissement de 25 millions de dollars sur 5 ans afin d’utiliser les avancées en matière d’intelligence artificielle pour aider le milliard de personnes dans le monde qui se trouvent en situation de handicap. L'OMS estime que seule une personne handicapée sur dix dispose d'un outil pour l'aider dans sa vie de tous les jours. L’annonce a eu lieu à la conférence Microsoft Build 2018, qui se tient à Seattle.

"Même si vous n’avez pas de handicap aujourd’hui, vous avez de bonnes chances d’en avoir un tôt ou tard, qu’il soit temporaire ou définitif. C’est une conséquence naturelle du vieillissement, et ça fait partie de ce qui fait de nous des êtres humains", a commenté Jenny Lay-Flurrie, Chief Accessibility Officer de Microsoft et elle-même atteinte de surdité, lors d'une table-ronde à laquelle était conviée L'Usine Digitale.

Un redoublement d'efforts pour l'accessibilité depuis 2015

Le programme s’adresse aux développeurs, ONGs, chercheurs et autres inventeurs et se concentre sur trois domaines spécifiques : le marché du travail, les connexions humains et la vie moderne. Microsoft s’engage à mettre à disposition sa technologie, ses experts en intelligence artificielle, mais aussi des subventions pour "accélérer le développement de solutions d’accessibilité intelligentes" basées sur les Azure Cognitive Services. À noter cependant que Microsoft n’a pas souhaité répondre à nos questions sur le montant exact des 25 millions qui sera alloué sous forme de subvention, par opposition à une estimation de la valeur de services et conseils offerts gratuitement.

On peut citer parmi les précurseurs du programme l’application Seeing AI pour les non-voyants ou Helpicto, une application française développée pour aider les parents à mieux communiquer avec leurs enfants autistes. "Nous n’avons pas de limites sur les demandes de subventions que nous recherchons. Cela peut être n’importe qui, n'importe où dans le monde. Et nous cherchons des cas d’usage sur tout le spectre du handicap : mobilité, parole, cognition, santé mentale…", indique Jenny Lay-Flurrie. Et de préciser que beaucoup de maladies impactent plus d’un domaine, comme la sclérose en plaques.

Microsoft travaille sur l’accessibilité de ses produits depuis une vingtaine d’années mais a pris la décision il y a deux ans et demi de s’y réinvestir plus en profondeur et d'y consacrer une partie de sa R&D. Un groupe à l’intérieur de l’entreprise se réunit tous les mois pour discuter des derniers développements, et il fait un rapport au top management tous les trimestres. Un renouveau qu'il est difficile de ne pas attribuer en partie à Satya Nadella, CEO de Microsoft depuis 2014 et dont le fils ainé est lui-même en situation de handicap.

Une meilleure accessibilité créée de meilleurs produits pour tous

L’un des points mis en avant par Jenny Lay-Flurrie est le fait que la prise en compte des besoins des personnes handicapées tend à créer de meilleurs produits qui bénéficient aussi aux personnes valides. "Les livres audio ont été créés pour les aveugles, mais aujourd’hui énormément de gens utilisent Audible," avance la directrice. L’application Seeing AI a aussi permis d’améliorer les algorithmes de reconnaissance d’image de Microsoft au-delà du simple cas d'usage de la non-voyance. Autre exemple : Learning Tools, créé pour aider les gens souffrant de dyslexie. Il a trouvé un nouveau public auprès des avocats et autres professions qui ont à lire des documents très denses. L’outil rend la lecture beaucoup plus simple pour ce type de documents en colorant et segmentant les mots ou en élargissant les espaces.

A l’avenir l’intelligence artificielle pourrait aider à convertir le langage des signes en texte, sans parler du potentiel des commandes vocales. La réalité virtuelle et la réalité augmentée pourraient aussi faire la différence. "La cartographie des espaces pourrait par exemple aider les aveugles à mieux s’orienter, détaille Jenny Lay-Flurrie. Pour la santé mentale on pourrait avoir un 'ami virtuel' qui détecterait par exemple un pouls élevé et proposerait de passer dans un environnement rassurant ou de minimiser les éléments angoissant pour se calmer. Et pour les sourds, la perspective de pouvoir avoir des sous-titres en temps réel présente un très fort potentiel."

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