Microsoft s'engage à publier les jeux d'Activision sur consoles Nintendo et sur GeForce Now
Microsoft joue son va-tout pour convaincre les régulateurs d'autoriser son rachat d'Activision Blizzard, avec des accords auprès de Nintendo, l'un des trois grands fabricants de consoles, et de Nvidia, acteur clé du marché du cloud gaming avec GeForce Now. Pour autant, l'affaire reste loin d'être conclue.
Julien Bergounhoux
Microsoft sort l'artillerie lourde pour convaincre les régulateurs que son rachat d'Activision Blizzard King pour 69 milliards de dollars ne risque pas de le placer dans une position dominante sur le marché du jeu vidéo.
Son président Brad Smith (qui gère les affaires publiques), a annoncé mardi 21 février la signature d'un contrat garantissant la sortie des jeux Call of Duty sur les consoles Nintendo pendant dix ans. Microsoft s'était engagé à le faire en fin d'année dernière, mais un accord est désormais signé. Cette décision est notable car Activision ne publie pas les jeux de la série sur Nintendo Switch. Microsoft a par ailleurs promis de publier d'autres jeux Xbox sur les machines de Nintendo.
C'était un as dans la manche de Microsoft face aux récriminations de Sony, qui s'oppose vivement à ce rachat et le décrit comme un danger pour l'industrie vidéoludique, malgré les garanties offertes par Microsoft que la franchise Call of Duty resterait disponible sur les consoles PlayStation pendant au moins dix ans. Microsoft s'est aussi engagé à ce que les jeux restent disponibles sur Steam, la boutique de jeux dématérialisés de Valve, ainsi que sur l'Epic Games Store.
Un accord avec Nvidia pour rassurer sur le cloud gaming
Dans cette histoire, ce qui compte est de déterminer de quelle manière cette acquisition pour une somme colossale avantagerait démesurément Microsoft. L'une des pistes les plus évidentes est son offre cloud Xbox Game Pass.
L'entreprise américaine, numéro deux mondial du cloud avec Azure, ne cache pas sa volonté de transformer le paysage vidéoludique avec cette offre par abonnement permettant d'accéder à des jeux depuis n'importe quel appareil, et ce sans surcoût. Y rendre Call of Duty disponible gratuitement ou y lier un accès à certains modes de jeu serait un sacré accélérateur de croissance.
Cela ne ferait que renforcer une part de marché déjà dominante, que l'autorité de la concurrence britannique (Competition and Markets Authority) estime être de 60 à 70%. Elle exige des concessions pour valider le rachat. La FTC, son équivalent étatsunien, pose le même constat, et a entamé une action en justice en décembre. Reste l'Union européenne, autre marché clé, et Microsoft a là encore sorti le grand jeu en annonçant le même jour, à Bruxelles, un autre accord de publication pour dix ans, cette fois pour le service GeForce Now de Nvidia.
Sur le papier, cela accentue encore la position de bonne foi de Microsoft, puisque GeForce Now est une offre de cloud gaming. D'autant plus qu'Activision y avait retiré ses jeux en 2020. Son fonctionnement est cependant différent du Xbox Game Pass en ce qu'elle nécessite d'acheter les jeux séparément, plutôt que de proposer un catalogue auquel l'abonnement donne accès et qui est renouvelé au fil du temps.
Une situation complexe
Le tableau est donc relativement complexe. Microsoft met en avant le fait que les consoles PlayStation se vendent historiquement mieux que ses Xbox, mais il est à blâmer pour ses erreurs stratégiques passées, qui avaient consisté à bouder les exclusivités (importants facteurs d'attractivité) et fermer ses studios de développement internes. Il a retrouvé le chemin du bon sens en 2018 en se mettant à racheter des studios indépendants à tour de bras. Il en possède aujourd'hui au moins 23 suite au rachat de Zenimax en 2020 pour 7,5 milliards de dollars.
Sony, en comparaison, a construit son écosystème de studios internes au fil du temps, agrémenté de rachats de partenaires à plus petite échelle, comme celui d'Insomniac en 2019. Néanmoins, il est vrai qu'il n'est pas aujourd'hui en position de faiblesse sur le marché des consoles, et qu'il bénéficie en conséquence de relations privilégiées avec les éditeurs. Il dispose par exemple d'accords avec Activision pour offrir des contenus bonus sur ses consoles par rapport aux autres plateformes.
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