Microsoft veut renverser Google avec son nouveau Bing dopé à ChatGPT

Microsoft veut mettre fin à l'hégémonie de Google en matière de recherche sur Internet. Il s'appuie pour ce faire sur son partenariat avec OpenAI, qui lui a concocté un modèle sur-mesure, dérivé du populaire ChatGPT.

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Microsoft veut renverser Google avec son nouveau Bing dopé à ChatGPT

Microsoft a présenté le 7 février ses ambitions renouvelées dans la recherche sur Internet et la navigation web. Elles tournent sans surprise autour de son partenariat avec OpenAI, et s’appuient sur un grand modèle de langage basé sur GPT 3.5 mais "beaucoup plus performant" que ce dernier et optimisé spécialement pour ces usages. Il a été nommé Prometheus.

La nouvelle version de Bing, le moteur de recherche de Microsoft, permet donc de poser des questions en langage naturel. Deux interfaces ont été présentées : l’une affichant les résultats de recherche traditionnels à gauche et une réponse du modèle à droite dans un grand cadre, l’autre en mode "chat", similaire à ce que permet déjà ChatGPT.

Parmi les exemples mis en avant par Microsoft : lister les artistes mexicains les plus influents, puis planifier un voyage de 5 jours dans le pays, puis envoyer une version du projet traduite en espagnol. Le moteur retourne une réponse complète ainsi que des liens vers les sources principales qu’il a utilisées pour formuler sa réponse.

Une interface conversationnelle très impressionnante

Pour des cas de recherche simple, on reste assez proche de ce que Google (et Bing lui-même) proposent déjà, c’est-à-dire des résumés d’information glanées sur le web (Google le fait typiquement sous forme de questions-réponses ou d’un petit encadré). Mais le modèle répond aussi à des questions complexes pour lesquelles il n’existe pas de réponse claire, comme par exemple comparer différents produits (l’exemple donné sur scène concernait des aspirateurs pour poils d’animaux domestiques).

A notre sens, c’est surtout son interface en langage naturel et sa capacité à accéder à divers services de Microsoft qui font la différence. Il peut par exemple compenser l’absence d’un ingrédient dans une recette de cuisine, ou faire une conversion à la volée des grammes vers les "cuillères à café". Il peut aussi évaluer si un meuble donné rentrera dans le coffre d’une voiture suivant son modèle, mais aussi créer en quelques secondes un tableau Excel avec les informations qu’il vient de donner, ou rédiger un email formaté, puis le traduire et l’envoyer.

Un copilote dans Edge

Du côté du navigateur Edge, Microsoft a fait le choix d’un copilote à la manière de ce qu’il propose déjà au sein de GitHub. L’interface se fera par le biais d’un nouvel onglet sur le côté. La fonctionnalité permet par exemple d’extraire les éléments clés d’un document PDF présentant les résultats financiers d’une entreprise, ou de générer un post LinkedIn automatiquement. Et bien sûr de faire appel à Bing.

Ces nouvelles fonctionnalités dans Bing et Edge sont disponibles pour un nombre limité d’utilisateurs pour le moment, avec une file d’attente. D’après Microsoft, elles seront accessibles à "des millions d’utilisateurs" dans les semaines qui viennent. Une version mobile du nouveau Bing est également en préparation.

Une démarche responsable...

Microsoft a insisté sur sa volonté de mettre en oeuvre ces capacités de façon "responsable", avec l’implication de spécialistes en éthique dès la genèse du projet. On imagine qu’il s‘agit d’éviter que Bing ne tienne des propos discriminatoires ou outranciers. Car il est bon de rappeler qu’au final, outre l’interface conversationnelle très impressionnante qui représente un réel bond en avant, les informations que retourne le moteur proviennent du Web, comme auparavant.

Un petit disclaimer indique d’ailleurs bien à l’utilisateur qu’elles peuvent être erronées et qu’il convient de les vérifier indépendamment. Mais combien le feront ?

...Mais pas vis-à-vis de tout le monde

En matière d’éthique, l’un des problèmes que n’a pas évoqué Microsoft est celui du pillage des sites web et de la volonté affichée de centraliser l’information par le biais d’une interface qui n’encourage pas particulièrement l’exploration d’autres sites par l’utilisateur. Car, comme indiqué plus haut, si "certaines" des sources sont citées et proposées en lien, combien d’utilisateurs les visiteront ? Pour les sites qui survivent grâce à la publicité, mais aussi pour ceux qui ont tout simplement besoin d’avoir des visiteurs pour justifier l’investissement (temps, efforts) de leurs propriétaires, cela pourrait signifier la mort.

Ce problème n’est pas nouveau. Google fait déjà la même chose à moindre échelle, et s’est retrouvé devant la justice pour des pratiques antitrust attenantes. Facebook s’est imposé comme un réseau dans le réseau. Et lors de la fondation de Wikipedia, nombre de pages sur des sujets pointus ont été créées en pillant de petits sites à leurs dépens.

Mais il s’agit d’un pas de plus vers la "plateformisation" du Web, sa concentration sur quelques grandes plateformes, avec l’invisibilisation des sites indépendants et en conséquence, à moyen terme, un appauvrissement de la diversité d’informations et de points de vue qu’on y trouve.

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