[MWC 2023] Avec les évolutions de la 5G, de nouvelles possibilités de monétisation pour Orange
5G SA, 5G satellite, 5G advanced, 5G privée, 5G millimétrique… Voyage à travers les évolutions cryptiques des réseaux mobiles avec Laurent Leboucher, CTO du groupe Orange et SVP Réseaux au sein d’Orange Innovation, qui donne le cap de l'opérateur.
L'Usine Digitale : La "5G advanced" est au cœur des discussions sur le Mobile World Congress 2023. Quelle définition en donnez-vous ?
Laurent Leboucher : La 5G que l'on connaît a amélioré les performances de la 4G, notamment sur les smartphones. La 5G advanced correspond à la release 18 et aux suivantes des standards du 3GPP [l'organisme international de normalisation des réseaux mobiles - NDLR]. Elle a pour objet de répondre à des besoins verticaux particuliers, par exemple la consommation énergétique de l'IoT avec la norme RedCap, l'ouverture au satellite pour les messages texte ou les appels d'urgence, ou encore les besoins de résilience des entreprises, et les réseaux des industriels.
Cette évolution de la 5G va donc au-delà de la seule 5G SA (standalone) ?
On a d'abord construit les fondations du réseau, en coexistence avec le réseau 4G, sans changer le cœur de réseau. À partir de là, la 5G SA va permettre d'avoir un réseau 5G de bout en bout, qui améliore notamment la latence, et qui prépare l'avenir en permettant de "slicer" le réseau, en mettant à disposition des tranches d'abord de façon statique – c'est-à-dire préconfigurée en fonction de types de services, comme par exemple le gaming – puis de façon dynamique. Avec le slicing dynamique, il sera possible de construire des tranches à la volée pour répondre à des besoins spécifiques.
Où en êtes-vous du chantier de la 5G SA ?
Nous sommes en production en Espagne, et le projet poursuit son cours en France, où le réseau sera bientôt commercialisé.
La 5G a-t-elle atteint le stade où les opérateurs vont vraiment pouvoir commencer à la monétiser ?
Effectivement, c'est notre enjeu, notamment sur le slicing, et les réseaux privés qui sont pour l'instant des réseaux dédiés. Demain, grâce au slicing, il deviendra possible de proposer une offre de réseau privé en sliçant le réseau public, afin de satisfaire des besoins à forte valeur.
Les réseaux 5G privés font naître une nouvelle relation entre opérateurs télécoms et hyperscalers. Ce sont des concurrents ou des partenaires ?
Nous venons de lancer une offre de 5G privée avec AWS. Nous présentons au MWC les résultats de Pikeo, notre premier réseau 5G SA expérimental multicloud et natif cloud. Avec AWS nous travaillons en partenaires, de façon très rapide et très agile. Il y a une complémentarité. Sur les réseaux privés, nous sommes déjà en concurrence avec les intégrateurs.
Pourquoi le spectre des fréquences de la 5G millimétrique (bande 24-26 GHz), qui se développe aux États-Unis et au Japon, n'est pas disponible en France ? Seriez-vous intéressé en cas d'enchères ?
La 5G millimétrique offre de très grandes capacités, mais avec une couverture très faible. Elle est intéressante sur des zones particulières et limitées, comme des stades ou des centres commerciaux par exemple. Ce qui est intéressant lorsque l'on reste sous les 6 GHz, c'est que l'on peut développer les capacités sans densifier le réseau. La 5G millimétrique demanderait a contrario des investissements colossaux, pour un avantage qui n'est pas sensible. On peut déjà faire énormément de choses, y compris du slicing, en restant dans la bande 3,5 GHz. Donc nous ne sommes pas pressés, et c'est un sentiment relativement partagé en Europe. Cela dit, nous avons participé aux enchères en Espagne.
On voit apparaître de nouvelles solutions de connectivité sur les smartphones, faisant appel au satellite. Apple, Qualcomm, Mediatek, T-Mobile se sont notamment positionnés. Avez-vous des projets en la matière ? Certaines de ces solutions ne comportent-elles pas un risque de voir les opérateurs télécoms sortis de la chaîne de valeur ?
Nous réalisons des expérimentations avec AST SpaceMobile, et pour l'instant cela ne va pas plus loin. Nous n'avons pas encore pris de décision sur le sujet. Les cas d'usages sont très limités, et l'essentiel du trafic continuera de passer par les réseaux mobiles terrestres.
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