[MWC 2023] Voici venu le temps des satphones 5G

Apple, Samsung, Qualcomm, Mediatek… La connectivité satellite est la nouvelle grande affaire des fabricants de smartphones et de puces. Mais pour l'instant, le modèle économique reste obscur et plusieurs solutions techniques s'affrontent.

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[MWC 2023] Voici venu le temps des satphones 5G

Les zones blanches ont une bête noire : la connectivité satellite, que l'écosystème mobile veut mettre à la portée des smartphones de Monsieur et Madame Toutlemonde. Apple a tiré le premier, en ajoutant aux iPhone 14 une fonctionnalité d'émission (sans réception possible) de message d'urgence utilisant la constellation de satellites en orbite basse de l'américain Globalstar. L'entreprise de Tim Cook a investi 450 millions de dollars dans l'affaire, dont une majorité revient à Globalstar, ainsi que dans les gateways servant de relais au sol.

Depuis, plusieurs annonces ont eu lieu, notamment cette semaine au salon du mobile de Barcelone. Qualcomm a annoncé que six constructeurs seraient partenaires de sa solution Snapdragon Satellite (Xiaomi, Honor, Motorola, Nothing, Oppo, Vivo), embarquée dans son nouveau modem RF 5G X75, qui sera disponible à partir de juillet 2023 et constitue le nec plus ultra de la connectivité avec la prise en charge de la 5G millimétrique, du WiFi 7 et de toutes les autres générations de réseaux mobiles.

Son rival taïwanais Mediatek a fait la démonstration au Mobile World Congress de sa solution aux normes 3GPP NTN.La semaine dernière, Samsung avait annoncé l'arrivée d'un modem 5G NTN dans ses futures puces Exynos.

La question du modèle économique

Auparavant, l'opérateur T-Mobile avait annoncé un partenariat avec Starlink (SpaceX), dans l'objectif de proposer une solution permettant de supporter des communications voix et data bas débit aux États-Unis.

Plusieurs modèles s'affrontent donc. D'un côté, des solutions propriétaires, avec Apple et Qualcomm. De l'autre, des solutions aux standards internationaux de la 5G, pouvant donc fonctionner avec n'importe quel smartphone et n'importe quelle constellation de satellites, grâce au feu vert donné en mars 2022 au NTN (pour non terrestrial networks) par le 3GPP, l'organisme mondial de normalisation des télécommunications, qui intègre les réseaux satellitaires dans l'écosystème 5G.

On voit également que ces initiatives viennent tantôt de constructeurs, tantôt d'équipementiers ou d'opérateurs. La question qui se pose est celle du modèle économique. Qui va payer pour les services de messagerie et d'urgence ? Avec quel pricing model ? Cela pourrait-il évincer les opérateurs télécoms ?

Qualcomm investit résolument dans la connectivité satellite

Qualcomm ne répond pas à ces questions. Le concepteur de puces, qui va aussi intégrer Snapdragon Satellite à son SoC Snapdragon 8 Gen 2, va ainsi le proposer aux constructeurs qui devront en plus adapter leur hardware. Les détails commerciaux de son partenariat avec Iridium et sa constellation de satellites en orbite basse ne sont pas dévoilés, mais c'est Qualcomm qui supporte le coût des messages (bidirectionnels en l'espèce).

L'entreprise investit depuis longtemps dans la connectivité satellite, puisqu'elle avait investi dans OneWeb, avec lequel elle collabore toujours même s'il n'existe plus de relations capitalistiques. Qualcomm travaille par ailleurs avec Thales et Ericsson sur un projet de 5G NTN, qui sera d'ailleurs testé en France. On se doute bien que les enjeux commerciaux justifient l'investissement. Il faut dire que les débouchés ne manquent pas, notamment dans l'automobile (le modem X75 sera disponible en version dédiée au secteur).

Standard ou solutions propriétaires

Mediatek, dont la solution repose sur l'intégration d'une puce dans les smartphones mais peut aussi passer par un accessoire Bluetooth qui en est équipé, juge que les consommateurs sont prêts à payer pour un service d'urgence. "Tout le monde souscrit des assurances. Ceci est une assurance", nous a fait remarquer l'entreprise au MWC.

Dans un communiqué, la société justifie le choix du standard NTN. "Pour les fabricants, l'avantage du standard est qu'une fois qu'un appareil a été certifié, il peut utiliser n'importe quel réseau conforme. De plus, les opérateurs mobiles peuvent passer des accords avec des fournisseurs de services pour offrir des services de roaming ou établir leurs propres réseaux de satellites supportant le standard." Qualcomm a lui aussi l'intention d'adopter le standard à l'avenir, "dès lors que l'infrastructure et les constellations de satellites NTN seront disponibles".

Cette problématique du roaming ne dépend pas forcément de l'indisponibilité des réseaux de satellites dans certaines parties du monde. Iridium par exemple, déclare couvrir le monde entier grâce au relais de ses passerelles terrestres. La société indique que son réseau est aujourd'hui utilisé par 2 millions de personnes dans le monde.

Qui aurait cru que la prochaine révolution télécoms reposerait sur une fonctionnalité de SMS et d'appel vocal, et que les utilisateurs de smartphones haut de gamme se demanderaient bientôt vers où pointer leur téléphone pour capter un signal ?

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