N26 ne disruptera pas... le droit social en Allemagne
La direction de la fintech N26 s'oppose à certains salariés qui voudraient créer un comité d'entreprise. Le droit social allemand classique est, selon les patrons, un tue-l'agilité. Résultat : un vote organisé dans un restaurant, une descente de police et une victoire des salariés.
A croire que les baby-foots, les chief happiness officers et autres salles de médiations ne suffisent plus au bonheur des salariés des start-ups. Du moins de l'autre côté du Rhin, où, comme le révèle nos confères CNBC, la néobanque N26 va devoir appliquer le droit social comme n'importe quelle autre entreprise sidérurgique ou sous traitant de l'automobile.
confiance au plus bas
En effet, certains salariés de la jeune pousse veulent depuis plusieurs mois créer un comité d'entreprise. En Allemagne, pays de la co-gestion, les pouvoirs du CE sont beaucoup plus étendus. Les salariés contestataires de N26 reprochent à la direction des inégalités dans la fixation des salaires, un recours important aux contrats à durée déterminée, et une pression forte, accentuée pendant la crise du Covid-19. Résultat : dans une déclaration publique, ils ont indiqué que leur confiance dans la direction de l'entreprise était au plus bas.
Valentin Staf et Maximilian Tayenthal, les deux fondateurs de l'entreprise qui compte aujourd'hui 1 500 salariés – dont près de 60 % en Allemagne – ont écrit aux salariés que selon eux, la création d'un comité d'entreprise n'était pas une mesure appropriée. Dans le courriel tel qu'il est rapporté par le site d'informations helvète MoneyToday, les deux fondateurs estiment que l'établissement d'un CE est contraire aux valeurs de l'entreprise, notamment parce qu'il aurait pour conséquence de la rendre moins agile.
Pataquès juridique
Un comité d'entreprise, expliquent-ils en substance, c'est des décisions moins rapides, une hiérarchie plus complexe... un tue-l'agilité ! Les deux dirigeants se disent favorables à une représentation "plus moderne" des salariés. Celle-ci intégrerait sa dimension internationale, quand les salariés veulent une représentation pour deux entités de N26 : N26 Gmbh, la société mère, et N26 Operations GmbH, une filiale offrant des prestations techniques.
Cette opposition a débouché sur un pataquès juridique la semaine dernière. Les salariés contestataires voulaient organiser l'élection de commissions électorales, un préalable nécessaire à la création d'un CE. La direction, qui y était opposée, a mis en avant les conditions d'hygiène à réunir en période de pandémie pour contester le scrutin. Ce sont donc deux syndicats nationaux, Ver.di (le syndicat des services) et IG metall, qui ont organisé le scrutin dans un restaurant bavarois situé à Berlin. Le tout s'est terminé par une descente de police pendant le vote pour vérifier les conditions d'hygiène. La direction conteste être à l'origine de ce recours à la police, qui n'a par ailleurs relevé aucune infraction.
In fine, les deux votes ont eu lieu, les comités sont nommés et les comités d'entreprises devraient être prochainement mis en place. A moins que la direction ne trouve un autre moyen juridique de retarder, voire d'empêcher la création de ce CE.
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