Neuralink va bientôt pouvoir tester ses implants cérébraux sur des êtres humains

Malgré les nombreuses controverses sur ses projets, les autorités américaines ont autorisé Neuralink, la start-up d’Elon Musk qui développe des implants cérébraux destinés (pour le moment) au traitement de maladies neurologiques, à effectuer des tests sur des humains.

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Neuralink va bientôt pouvoir tester ses implants cérébraux sur des êtres humains

Neuralink, la start-up cofondée par Elon Musk qui développe des implants cérébraux, a fini par recevoir l'autorisation des autorités sanitaires américaines (la Food and Drugs Administration) pour mener des tests sur l’être humain. Le recrutement des cobayes n’est pas encore ouvert, mais l’entreprise a promis de donner bientôt plus d’informations sur le sujet. La nouvelle a été annoncée le 25 mai 2023 sur Twitter.

Des puces de la taille d’une grosse pièce de monnaie

Les puces développées par l’entreprise font la taille d'une grosse pièce de monnaie. Elles doivent être insérées dans le crâne, dont un morceau doit être extrait. 1024 fils extrêmement fins (5 microns d'épaisseur) y sont reliés et fichés à quelques millimètres de profondeurs dans le cerveau. Ils détectent l'activité des neurones, interprètent les signaux produits par le cerveau et relaient ces informations à des appareils électroniques par Bluetooth. Ils peuvent par ailleurs émettre des signaux électriques pour stimuler les neurones.

Un dispositif prometteur…

Les implants de Neuralink ont d’abord été conçus pour aider des personnes souffrant de maladies neurologiques liées au cerveau ou à la moelle épinière et pourraient ainsi constituer une avancée considérable. D’ailleurs, une technologie similaire développée par des chercheurs suisses a ainsi permis il y a quelques jours à un Néerlandais paralysé de remarcher. L'innovation principale de Neuralink est la petite taille de l'implant et des fils, et la promesse que l'opération pourra un jour être "banalisée" grâce à une machine qui automatiserait en grande partie le procédé.

Mais l’opération comprend de nombreux dangers, ce qui explique que l’étape cruciale des tests sur les humains a été maintes fois repoussée : l’entreprise pensait à l'origine commencer les essais humains en 2020, puis elle s’y était engagée pour 2022 mais sa demande avait été rejetée.

… mais dangereux

La FDA craignait que les minuscules fils migrent à travers les tissus mous du cerveau, que le dispositif ne surchauffe ou encore que la batterie implantée tombe en panne. Le régulateur se posait par ailleurs des questions sur la possibilité de retirer l’appareil sans endommager le tissu cérébral.

En outre, l’entreprise a été accusée de maltraitance sur les animaux, notamment sur les singes sur lesquels elle a déjà testé son dispositif. Seuls 7 sur les 23 ayant participé aux essais ont survécu. La société de recherche a utilisé la "Bioglue", une substance non approuvée, et enfermé les primates seuls dans des cages avec des poteaux en acier vissés dans le crâne. Ils auraient subi des traumatismes faciaux, des convulsions et des infections récurrentes. Dans certains cas, en raison de la détérioration de leur santé, la start-up aurait même euthanasié les animaux avant qu'ils ne soient utilisés dans l'expérience prévue.

L'entreprise fait également l’objet d’une enquête du ministère américain des transports depuis février dernier pour avoir acheminé des matières contaminées provenant de primates malades sans avoir suivi la bonne procédure.

Des applications secondaires éthiquement contestables

Par ailleurs, si les applications précédemment citées pour lesquelles Neuralink a reçu l'accord de la FDA sont louables, l’objectif de la start-up, à terme, est éthiquement bien plus discutable et inquiétant. Des personnes en bonne santé pourraient ainsi débourser des milliers de dollars pour augmenter les capacités de leur cerveau : "sauvegarder" ses souvenirs ou encore recevoir directement des informations dans leur esprit. Au-delà des doutes sur la faisabilité de ces fonctionnalités, il y a un vrai problème éthique à opérer quelqu'un qui n'est pas malade, en particulier sur un organe aussi délicat que le cerveau.

En retard face à Synchron

Pour rappel, Synchron, concurrent direct de Neuralink, est en avance sur la start-up d’Elon Musk puisqu’elle a le droit de tester sa technologie sur les humains depuis juillet 2021 grâce à un système moins invasif. Ses implants ne sont pas directement insérés dans le cerveau, mais par la jugulaire pour atteindre ensuit une veine au niveau du cortex. Ainsi, leur installation ne nécessite pas d'intervention aussi lourde.

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