Next40 cuvée 2023 : Emmanuel Macron appelle les investisseurs à se mobiliser sur la réindustrialisation
Les lauréats de l’édition 2023 du label Next40/French Tech 120 ont été dévoilés. NW Storm, Verkor, Flying Whales, Innovafeed... La liste reflète bien les ambitions portées par le gouvernement : réindustrialisation, souveraineté et transition écologique.
Mélicia Poitiers
Mis à jour
20 février 2023
La liste des membres de la quatrième édition du Next40/French Tech 120, deux dispositifs créés en 2019 pour accompagner et valoriser les start-up françaises jugées les plus prometteuses, a été dévoilée dimanche 19 février 2023 au soir. La nouvelle promo compte 27 entrants (contre 30 en 2022), dont 11 au sein du Next40.
Ecovadis et NW Storm, deux nouvelles licornes au sein du Next40
Deux licornes ont rejoint le Next40 cette année : EcoVadis, qui levait 500 millions de dollars en juin 2022 pour poursuivre le développement de sa plateforme SaaS d’évaluation RSE des entreprises, et NW Storm, qui se place sur le marché des bornes de recharge pour véhicules électriques.
Neuf autres entreprises rejoignent la promotion pour avoir levé plus de 100 millions d’euros entre 2021 et 2022 : ClubFunding (financement participatif), Electra et Zeplug (bornes de recharge), Flying Whales (ballons dirigeables pour le fret aértien), Innovafeed (élevage industriel d’insectes pour l’alimentation), Pigment (planification financière), Safti (mandataires immobilier), Verkor (batteries électriques) et Wifirst (Wi-fi pour professionnels).
De nouvelles start-up prennent place au sein du FT120, telles que Deepki, qui édite un logiciel pour réaliser des audits énergétiques dans le secteur de l'immobilier, Campings.com, ou encore Superprof. D’autres sortent, à l’instar de Meilleurstaux.com, Happn, Wandercraft ou encore Heetch.
11,3 milliards d’euros de revenus cumulés en 2022 et 47 800 emplois directs
Les start-up du Next 40/French Tech 120 présentent de bons résultats pour 2022, avec 11,3 milliards d’euros de revenus cumulés en 2022 (contre 9,5 en 2021) et 47 800 emplois directs créés (+25%), dont 31 400 sur l'Hexagone.
La France compte huit licornes supplémentaires, portant le total à 26, ce qui lui permet de se rapprocher doucement de l’Allemagne (29 licornes) et de l’Angleterre (46 licornes). Elle reste en revanche loin derrière l'Inde (64 licornes), la Chine (180 licornes) et les États-Unis (554 licornes).
La French Tech intègre aussi de plus en plus le quotidien des Français. Trois Français sur cinq (62%) utiliseraient au moins une fois par mois un service proposé par une start-up du Next40 ou du FT120 : prendre rendez-vous avec un professionnel de santé sur Doctolib, acheter des vêtements de seconde main avec Vestiaire Collective, payer son déjeuner avec Swile, co-voiturer avec Blablacar, réserver ses vacances sur Campings.com, se divertir avec Voodoo…
Une année pour les start-up aux modèles solides
L’année 2022, notamment les deux derniers trimestres, a mis la solidité des start-up à l’épreuve. "Dans un contexte d’inflation qui a poussé les investisseurs à une plus grande prudence, la nécessité d’être rentable s’est ajoutée à l’ambition de l’hyper-croissance. Les lauréats de cette nouvelle promotion ont su s’adapter à ces nouvelles exigences, et convaincre en présentant, de front, des modèles commerciaux solides et des innovations réellement disruptives", a expliqué Jean-Noël Barrot, Ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications.
Si un nouveau record de 13,5 milliards d’euros de levées de fonds a été atteint en 2022 (soit une hausse de 16% par rapport à 2021), il a surtout été le fruit d’un contexte particulièrement dynamique au premier trimestre, qui a vu se concrétiser de très gros tours de table : 486 millions par Qonto en janvier, 500 millions par Doctolib en mars ou encore 600 millions d’euros levés par Contentsquare en juillet. Mais aux troisième et quatrième trimestres, la frilosité et l’attentisme des investisseurs s’est bien fait sentir, et cette tendance devrait se poursuivre.
"C’est sans doute le plus grand choc que le secteur ait vécu depuis 20 ans. Mais c’est dans ces moments que l’on voit les vrais entrepreneurs. La situation va aussi faire souffrir beaucoup de vos concurrents et il va falloir tirer votre épingle du jeu", a lancé le président de la République Emmanuel Macron aux lauréats des Next40/FT120, invités le 20 février 2023 à l’Élysée.
Des innovations de rupture pour procurer un avantage concurrentiel à la France
Cette quatrième édition du classement reflète les ambitions portées par le gouvernement, avec en premier lieu la souveraineté française, qui passe par l’industrialisation et les innovations de rupture (ou "DeepTech"), notamment dans l’hydrogène, le spatial, le maritime profond, le quantique et l’IA.
"Depuis quelques années, les start-up françaises déploient des innovations de rupture qui procurent un avantage concurrentiel important à la France. Actrices de notre souveraineté technologique, industrielle, énergétique ou alimentaire, elles nous permettront de remporter les défis qui s’offrent à nous dès aujourd’hui. Je pense par exemple à Ynsect ou Innovafeed, qui inventent la filière agroalimentaire de demain, ou Verkor, dont les batteries permettront de faire face aux enjeux de transports plus écologiques", commente Bruno Le maire, Ministre de l'Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique.
Objectif réindustrialisation
L’industrie est une priorité pour le gouvernement français, notamment depuis les pénuries survenues pendant l’épisode Covid-19, et cela se retrouve dans la liste des lauréats, même s’il reste aussi beaucoup d’entreprises développant des solutions SaaS.
Dans le Next40, sept start-up sont industrielles, dont trois nouvelles : Flying Whales, Innovafeed et Verkor. Ces deux dernières se positionnant dans le secteur de la Deeptech. Elles rejoignent DNA Script, Exotec, Ledger et Ynsect. Parmi les jeunes pousses du French Tech 120, il y a eu l’entrée de Prophesee sur le volet DeepTech. Celle qui développe des capteurs d’image novateurs poursuit son développement sur de nouveaux marchés. Elle avait passée l’étape clé de l’industrialisation en 2020 grâce à un partenariat avec Sony.
18 usines auraient été créées en France en 2022, et l'objectif est d'en ouvrir 100 en 2023.
La transition écologique a du succès
Les start-up qui travaillent sur le volet de la transition écologique ont elles aussi beaucoup de succès. Le secteur de la GreenTech a connu une croissance importante en France avec des montants levés évalués à 2 milliards d’euros, soit près de 15% des 13,5 milliards levés par l'ensemble des start-up en 2022. NW Storm, ZePlug et Electra se sont en particulier illustrées en levant respectivement 300, 240 et 160 millions d’euros en 2022.
On retrouve ainsi, au sein du Next40, dix start-up positionnées sur ce segment, dont sept nouvelles : EcoVadis, Electra, Flying Whales, Innovafeed, NW Storm, Verkor et ZePlug. Au sein du FT120, il y a Deepki, ITEN, Qair et Sweep. Les entreprises de la GreenTech ont créé 4 300 emplois en 2022, ce qui en fait le secteur le plus dynamique en nombre de recrutements. Notons par ailleurs que la Fintech est elle aussi très bien représentée avec douze start-up au sein du Next40, parmi lesquelles Ledger, Lydia, Qonto ou encore Wifirst.
Encore trop d’investisseurs étrangers, mais de beaux rachats à l’international
En matière de nationalité des investisseurs, 56% sont français ou européens. Parmi les fonds étrangers hors Europe, ce sont en premier lieu les États-Unis (30% du total) et le Royaume-Uni (10%) qui contribuent au financement des start-up sélectionnées cette année. Cela démontre l’attractivité de la France pour les investisseurs étrangers, mais cela pose aussi problème, puisque ces opérations finissent parfois par des entrées sur la bourse de New York ou par des délocalisations.
"Les Américains deviennent de plus en plus nationalistes et on ne peut pas leur en vouloir", a exprimé Emmanuel Macron, qui plaide pour y donner une réponse européenne.
En revanche, les start-up du Next40/French Tech120 ont fait preuve d’un fort dynamisme à l’international en multipliant les rachats d’entreprises étrangères, notamment allemandes ou américaines, leur permettant de se développer sur de nouveaux marchés. Parmi les plus notables en 2022, l’acquisition par Qonto de Penta, première néo-banque allemande et ancien principal concurrent de la start-up française dans le pays ; le rachat de Tradesy (États-Unis) par Vestiaire Collective, l’acquisition par Ynsect de Jord Producers (États-Unis) pour accélérer son expansion sur ce marché ou encore le rachat de Fabriq (Royaume-Uni) par Deepki.
Problème de financement
"Nous avons un problème de financement", reconnaît Emmanuel Macron. "Il faut renforcer les investissements early-stage, notamment en faisant en sorte que l’épargne des Français puisse être davantage fléchée vers les entreprises ; et développer le late-stage, ce que l’on compte faire grâce à la deuxième édition de l’intiative Tibi". Comme la première, elle consiste à mobiliser les investisseurs institutionnels pour combler les faiblesses actuelles du financement de la tech.
"Mais on est trop lent sur le fonds Tibi 2 !", déplore-t-il, s’adressant aux investisseurs présents dans la salle. "Je sens beaucoup de frilosité. Pourtant, on a besoin de votre investissement et il ne faut pas attendre que ça aille mieux pour intervenir. Si j’avais attendu que la situation s’améliore pour venir en aide aux entreprises pendant le Covid, la moitié ne seraient pas dans la salle", a-t-il lancé.
Emmanuel Macron a également mobilisé les investisseurs privés et les business angels, expliquant que la vocation des instruments de financement publics était de disparaître. "Il faut que les besoins de nos start-up françaises soient à terme entièrement assumés par les fonds privés".
La France compétitive dans la guerre des talents
Pour le chef d’État, "la vraie bataille dans la tech, c’est la guerre des talents". Et sur ce point, il se montre très confiant : "En France, on est vraiment inventifs, plus que la moyenne, l’entrepreneuriat et la créativité sont dans nos gènes, on a des chercheurs et des ingénieurs hautement qualifiés et ils sont moins chers que la concurrence internationale. On a une carte à jouer", affirme-t-il.
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