Nous avons testé l'application "Aboard the Rafale" de Dassault Aviation : elle donne la nausée
Quel fan d'aviation français ne rêve pas de monter à bord du Rafale, l'avion de chasse qui fait la fierté de l'Armée de l'air ? Et en réalité virtuelle de surcroît. C'est la promesse de l'application ludo-pédagogique "Aboard the Rafale" que vient de publier Dassault Aviation. Malheureusement, elle s'avère une énorme déception, et a même tendance à provoquer le mal des transports.
Julien Bergounhoux
Dassault Aviation est l'un des fleurons industriels français. Pour promouvoir le Rafale, son avion de chasse vedette, l'entreprise annonce le 7 novembre 2019 la sortie d'une application ludo-pédagogique gratuite (comprendre un petit jeu vidéo éducatif) baptisée "Aboard the Rafale", soit "à bord du Rafale" en français. Mieux, l'expérience peut être vécue en réalité virtuelle, comme le souligne la page dédiée sur le site de l'industriel. De quoi allécher les fans et s'attirer de beaux titres dans la presse.
A bord du Rafale... ou pas
Malheureusement pour l'industriel, L'Usine Digitale ne se contente pas de reprendre des communiqués de presse sans réfléchir. Nous avons testé cette application pour voir de quoi il retourne, et il s'avère qu'elle est de piètre qualité. Elle est en effet compatible avec un casque Oculus Rift S, pas de souci de ce côté. Petit problème cependant : le joueur n'est en fait pas à bord du Rafale, il contrôle l'avion depuis une caméra placée derrière l'appareil.
Nausée garantie
Le mode "réalité virtuelle" n'a donc aucun intérêt, si ce n'est de pouvoir profiter du décor (fictif et sans intérêt particulier) tout autour de soi. Pis, positionner la caméra de cette manière a pour effet d'induire une cinétose (mal des transports), chose complètement inacceptable en 2019. L'auteur de ces lignes est bien rodé à la réalité virtuelle et peu sensible à ce type de problème, mais l'expérience (d'une quinzaine de minutes au total pour 5 missions) a quand même été désagréable. Une personne plus sensible pourrait se trouver sérieusement malade.
L'explication semble être que les équipes de Dassault Aviation ont réutilisé la même base applicative que celle de l'application "Immersive Dassault Aviation", qui était sortie en 2016. Seulement les choses ont beaucoup changé depuis lors, et ce qui était pardonnable à une époque ne l'est plus aujourd'hui. D'autant que l'application d'origine justifiait cette vue immersive de l'environnement (et pas de l'avion) par la reproduction du Mont-Blanc.
Une valeur pédagogique très limitée
Bon, passons sur la réalité virtuelle. Le jeu est fait pour être joué sur un écran plat. Que dire du reste ? Les graphismes sont acceptables en mode "Ultra" avec une GeForce RTX 2080 Ti. Le modèle de vol est risible et nous fait regretter After Burner (1987). Il est possible de jouer avec un joystick, mais étant donné le reste il est difficile d'en voir l'intérêt. Le son d'un Rafale qui accélère est apparemment celui d'une VMC en fin de vie. Les cinq missions nécessitent principalement de voler au travers de cibles dans le ciel. Celles-ci sont entrecoupées de questions basiques sur le Rafale (aile delta ou ailes en flèche ? quelles forces font décoller un avion ?) dont la bonne réponse est le premier choix quatre fois sur cinq.
Le Rafale mérite mieux
Le sentiment qui ressort de cette application est avant tout la déception. Le Rafale est un appareil exceptionnel, et la perspective d'une application permettant d'y monter à bord en réalité virtuelle a de quoi faire saliver n'importe quel fan d'aviation. Et on ne parle même pas ici de piloter l'appareil en vol avec une simulation un minimum réaliste. Rien que le check-up de démarrage depuis le cockpit aurait de quoi ravir les fidèles de la marque.
Peut-être n'est-ce pas possible pour des raisons de secret industriel ou de coût de développement, mais communiquer de cette manière avec une application d'une telle médiocrité ne sert pas Dassault Aviation, car c'est indigne de la qualité de ses aéronefs. Les lecteurs souhaitant constater par eux-même de quoi il retourne peuvent télécharger l'application (1,78 Go) à cette adresse.
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