OpenAI s'inquiète des règles européennes sur l'IA, Google s'engage à travailler avec Bruxelles
Le patron d'OpenAI se dit prêt à arrêter ses opérations en Europe si la réglementation est trop complexe à appliquer. Son homologue de Google a accepté un pacte sur l'IA proposé par Bruxelles.
Jérôme Marin
Hasard du calendrier, Sam Altman et Sundar Pichai sont en Europe en même temps. L'occasion pour les patrons respectifs d’OpenAI et de Google, d’évoquer le projet européen de réglementation de l’intelligence artificielle. Et de laisser entrevoir deux visions opposées.
Interrogé par le Financial Times, Sam Altman a exprimé de ses “nombreuses inquiétudes” vis-à-vis de ce projet, baptisé Artificial Intelligence Act et encore en négociations entre les différentes institutions européennes. Le texte, présenté il y a deux ans, doit introduire de nouvelles mesures liées à l’émergence des IA génératives, sous l’impulsion de ChatGPT, le robot conversationnel développé par OpenAI.
Réponse virulente de Thierry Breton
“Les détails seront importants, explique le fondateur de la start-up américaine. Nous essayerons de respecter les règles mais si nous ne pouvons pas nous cesserons d’opérer” en Europe. Sam Altman assure pourtant ne pas être opposé à des règles sur l’IA, multipliant d’ailleurs les propositions. Mais celles-ci ne doivent s’appliquer, explique-t-il, qu’aux prochains modèles qui posent un “risque existentiel”.
Ces déclarations ont suscité une réponse virulente de Thierry Breton, le commissaire européen au marché intérieur. “Il est inutile de tenter de faire du chantage en prétendant que l'Europe retarde la mise en œuvre de l'intelligence artificielle générative en élaborant un cadre clair, c’est le contraire”, a-t-il indiqué.
Un peu plus tôt dans la journée, le responsable européen avait rencontré Sundar Pichai, en visite à Bruxelles. L’occasion de lui proposer un “pacte” sur l’intelligence artificielle. "Nous nous sommes mis d’accord sur le fait que nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre que la législation sur l’IA soit applicable, et pour travailler ensemble avec tous les développeurs d’IA pour mettre en place un pacte sur une base volontaire”, a-t-il expliqué, sans donner davantage de détails.
Droit d'auteur
Les parlementaires européens ont récemment trouvé un accord sur l’IA Act. Ils proposent notamment une mesure obligeant les services d’IA à déclarer si des textes, des images ou des musiques protégés par le droit d'auteur ont été utilisés pour entraîner leur modèle de génération. Cela doit permettre aux détenteurs de droits de saisir la justice pour tenter d’être rémunérés pour ce qui a été utilisé sans leur consentement.
Le Parlement propose également de faire reposer la responsabilité de potentielles violations des droits de propriété intellectuelle sur les services d’IA. Et non pas sur leurs utilisateurs, et notamment les petites entreprises qui utiliseraient un contenu généré par l'IA à des fins commerciales.
SUR LE MÊME SUJET
1Commentaire
Réagir