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STMicroelectronics maintiendra toutes ses usines en France". C’est-ce que son PDG, Carlo Bozotti, a déclaré dans un
entretien accordé au Figaro le 24 novembre 2015 et publié dans l’édition du lendemain.
Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs est confronté à des pertes chroniques dans sa division DPG (Digital product group) qui réunit ses activités dans les circuits numériques avancés comme les processeurs pour décodeurs, les Asic ou les imageurs à la demande. Au troisième trimestre 2015, cette division déplore une perte de 74 millions de dollars, dont
62 millions dans les décodeurs, pour un chiffre d’affaires de 230 millions de dollars.
Les circuits pour décodeurs sur la scelette
Depuis mai 2015, la direction explore différentes options pour mettre fin à l’hémorragie.
Le groupe semble pencher pour une sortie en douceur des décodeurs, qui constituent 40% du revenu mais 85% des pertes de la division DPG. Les syndicats, mais aussi les élus locaux dans les régions Rhône-Alpes et PACA, qui abritent le gros des troupes de STMicrolectronics, craignent que ceci entraîne la
fermeture d’usines à Crolles, près de Grenoble, ou Rousset, près d’Aix-en-France. Aujourd’hui, le groupe dispose de trois sites de production en France: Tours pour les circuits analogiques, discrets et de puissance, Crolles pour les circuits numériques avancés et Rousset pour les microcontrôleurs.
Chômage technique et gel des investissements industriels
Les circuits pour décodeurs ne sont plus aujourd’hui fabriqués à Crolles. Le déclin de leurs volumes à conduit STMicroelectronics à en sous-traiter la totalité de la production auprès de fondeurs de semi-conducteurs comme
TSMC,
Samsung ou GlobalFoundries. Leur arrêt n’aurait donc aucun impact sur le plan industriel. Il n’empêche que les interrogations sur l’avenir des usines, en proie au chômage technique et à des charges réduites, demeurent. D’autant que le groupe a gelé tous investissements de production, comme l’extension de la capacité de Crolle 2, l’unité la plus avancée avec une fabrication de puces sur tranches de 300 mm de diamètre.
Pas de garantie d'emploi de la part de Bercy
Si Carlo Bozotti a choisi le 24 novembre 2015 pour démentir toute intention de fermeture d’usine en France, ce n’est pas un hasard. Le jour même, l’intersyndicale de STMicroelectronics (CFDT, CFE-CGC, CGT et UNSA) était reçue, pour la seconde fois, à Bercy. Alexis Kohler, le chef de cabinet d’Emmanuel Macron, leur a assuré que le gouvernement français travaille toujours avec le gouvernement italien pour que la direction définisse une nouvelle stratégie globale "offensive". Mais sur le front de l’emploi, aucune garantie. "A un moment donné, il faudra vraisemblablement procéder aux adaptations nécessaires", leur a-t-on dit vaguement. De quoi conforter les inquiétudes des 1880 salariés de l’activité décodeurs dans le monde.