Plan Industrie du futur : Bruxelles veut à tout prix éviter une guerre des normes
Dans son plan pour la numérisation de l'industrie, la Commission européenne propose un "super cloud" pour la recherche et d'accélérer la normalisation. En attendant ses propositions sur les données M2M. Objectif : éviter, à tout prix, une guerre des normes entre les pays.
Qu'il s'agisse de cloud ou de super-centre de calcul, “l'Europe est en retard”, il va donc falloir “agir et agir vite”, a résumé le vice-président de la Commission européenne, Andrus Ansip, en présentant le 19 avril une stratégie européenne pour “la numérisation de l'industrie” en Europe.
UN PPP de 50 milliards
Au total, la Commission espère aligner 50 milliards d'euros pour ce plan, mais une grande partie des fonds devront provenir des budgets nationaux et surtout du secteur privé. Le Commissaire au numérique, Günther Oettinger pourra vérifier l'intérêt que les industriels porte à son plan, lors d'un premier tour de table, le 25 avril en marge de la Foire internationale de Hanovre.
L'exécutif européen veut en tout cas aller vite pour éviter les luttes fratricides entre les différents plans nationaux pour "l'industrie du futur" en France, "l'industrie 4.0" en Allemagne et en Autriche, ou encore le plan “catapult” au Royaume-Uni. La crainte de Bruxelles est d'assister encore une fois à une guerre des normes et brevets entre pays européens, alors que le continent est "en retard derrière les Etats-Unis ou la Chine", a souligné le Commissaire Oettinger lors d'une conférence de presse.
Dans son plan pour la normalisation des technologies de l'information, il propose de se concentrer sur cinq priorités : la 5 G, le cloud, l'internet des objets, l'analyse de données et la cybersécurité.
une Normalisation collaborative
La crainte des industriels était de se voir imposer des normes depuis Bruxelles. Celle de la Commission européenne est plutôt que les différents acteurs, de la santé à la construction automobile, n'arrivent pas à se mettre d'accord rapidement sur des exigences communes pour l'internet des objets.
Finalement, le plan laisse une certaine marge de flexibilité. Tant que "le processus de normalisation continuera d'une manière collaborative comme actuellement, nous pensons que la Commission a choisi la bonne direction", estime John Higgins, directeur général de Digital Europe, l'association représentant les entreprises du net à Bruxelles.
UN Super cloud européen
Le deuxième grand levier de la stratégie est un plan pour le cloud européen. La Commission européenne prévoit 6,7 milliards d'euros pour mettre en réseau les chercheurs européens, dont 2 milliards du budget européen et le reste en provenance des fonds nationaux et privés. “Il n'est pas normal que les scientifiques européens ne puissent pas avoir accès aux résultats des recherches que nous finançons", a commenté Andrus Ansip, soit "soit parce qu'elles sont trop éparpillées, soit parce qu'elles ne sont pas interopérables".
La Commission européenne n'exclut pas qu'à terme ce cloud européen soit ouvert à d'autres acteurs, publics ou privés. Une perspective qui inquiète les entreprises américaines, qui ont déjà fait savoir à Bruxelles qu'elles y voyaient un risque de concurrence déloyale via un projet subventionné.
En attendant la libre circulation des données
Les entreprises européennes et américaines attendent surtout la Commission au tournant sur la prochaine étape annoncée par ce plan : une initiative sur la libre circulation des données. C'est à ce moment-là qu'elle dira ce qu'elle compte faire pour encadrer juridiquement la propriété, la réutilisation et la responsabilité des données collectés par l'internet des objets. Une réforme attendue aussi avant la fin 2016 mais qui risque de traîner tant le lobbying est intensif à Bruxelles sur ce prometteur marché des données M2M.
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