Plongée au cœur d'un entrepôt Carrefour robotisé par la start-up Exotec
Carrefour nous a ouvert les portes de son entrepôt du Plessis-Pâté, dans l'Essonne. Étalé sur une surface de 24 000 m², il est le fleuron du groupe grâce aux 225 robots Exotec qui y œuvrent jour et nuit. Visite en images de ce centre logistique à la pointe de la modernité.
Julien Bergounhoux
En 2016, dans le cadre de sa stratégie e-commerce, le groupe Carrefour reprend un entrepôt de 24 000 mètres carrés situé au Plessis-Pâté, dans l'Essonne. Devant l'augmentation de la demande générée par les achats au drive, le distributeur entreprend sa robotisation en 2019 avec la technologie de la start-up lilloise Exotec, spécialiste de la robotique logistique.
L'objectif ? Assurer de meilleures préparations avec un taux d'erreur très bas, mais aussi travailler plus vite et être capable d'augmenter la cadence pour absorber les pics de demande. Deux ans plus tard, Carrefour en ouvre pour la première fois les portes à la presse. L'Usine Digitale a pu en faire la visite le 16 avril en compagnie d'Élodie Perthuisot, directrice e-commerce, transformation digitale et data du groupe depuis février.
La journée de travail commence par un briefing de 10 minutes le matin sur les expériences clients de la veille, suivi du planning du jour. L'entrepôt est entièrement dédié à l'e-commerce. Il approvisionne les drives Carrefour dans toute l'Île-de-France, mais il prépare aussi depuis le mois d'octobre 2020 des commandes pour la livraison à domicile. "Pour la livraison, les équipes de l'entrepôt sont les dernières à toucher la commande avant que le client ne la reçoive, et il est donc déterminant qu'ils ressentent ce lien avec lui, au même titre que les équipes en magasins," commente Élodie Perthuisot.
L'innovation clé d'Exotec est l'utilisation optimisée de l'espace vertical des entrepôts. Ses robots Skypod se déplacent en hauteur sur des rails pour rapidement sortir ou ranger les bacs contenant les références demandées. Certains d'entre eux sont visibles de loin, au fond du grand hall où se déroule le briefing. C'est un ballet sans fin qui se révèle presque hypnotique.
L'entrepôt est dédié à l'alimentaire. Il stocke jusqu'à 15 000 références mais peut monter à 20 000 en cas de besoin lors d'opérations spéciales (fêtes...). "Nous gérons quatre températures," précise Jérôme Inizan, directeur du site depuis août 2019. Visible sur cette photo, le sec, dont 90% est aujourd'hui automatisé. Il y a aussi les produits frais (stockés dans un environnement entre 0 et 2 °C), les fruits et légumes, qui sont conditionnés entre 4 et 8 °C, et les surgelés qui sont maintenus à -23 °C.
Le site comporte 225 robots, dont 155 sont dédiés aux produits secs. Au sein de l'enceinte sécurisée dans laquelle ils évoluent (où aucun humain ne pénètre), le travail ne s'arrête jamais : les chargements et déchargements des 30 000 bacs de stockage de cette section s'enchaînent à un rythme soutenu. Pour les produits secs, chaque bac ne contient qu'une référence.
L'entrepôt comporte un espace de contrôle et maintenance des robots. Deux techniciens d'Exotec y travaillent par roulement, soit huit à dix personnes sur place au total. Exotec monitore également l'opération à distance depuis son siège social basé à Croix (Nord). En cas de panne, un robot peut être retiré du système sans impacter les opérations du site.
L'espace sec comporte huit postes de préparation, répartis d'un côté et de l'autre de la zone robotisée. Les opérateurs récupèrent les références qui leurs sont acheminées et les placent dans les bacs adéquats.
Jusqu'à quatre bacs peuvent être préparés simultanément afin d'optimiser le temps de préparation. Une lumière indique dans quel bac le produit doit aller.
Le robot part dès que le produit est scanné, mais en cas de besoin l'opératrice peut aussi le renvoyer directement.
Un tapis roulant amène des bacs vides (sans rien dans les sacs) vers les préparateurs, l'autre renvoie les bacs remplis vers la zone de tri.
Un système mécanisé classique pour un entrepôt de cette taille.
Le centre névralgique du réseau de tapis roulants où les bacs se croisent et partent chacun vers leur destinée.
Bien que très automatisé, l'établissement emploie environ 200 personnes réparties en trois roulements (une première équipe de 5h à 12h30, une seconde qui prend le relais jusqu'à 20h, et une troisième qui embauche à 21h15). Le tout six jours et demi par semaine. Cela permet notamment au site de prendre en charge les commandes le jour-même où elles sont passées.
Les bacs destinés aux drives sont regroupés puis amenés à l'espace de chargement. Le regroupement final des produits par client a lieu sur le site en charge du drive. La robotisation permet d'atteindre 99,7% de conformité produit, d'après Élodie Perthuisot. "Ces innovations, ainsi que les méthodes que nous avons mises en place, résultent en un taux de satisfaction client en forte hausse", indique la directrice.
Les produits encombrants, visibles ici, restent en gestion manuelle. Ils représentent de 5 à 10% des produits secs.
La zone de gestion des produits frais, visible ici, fonctionne sur le même principe que pour les produits secs. A la différence qu'un vêtement chaud est obligatoire, l'atmosphère étant maintenue entre 0 °C et 2 °C.
70 robots opèrent sur cette zone dédiée aux produits frais. Ils gèrent 500 bacs. Contrairement aux produits secs, deux références sont stockées par bac.
Visible à l'arrière-plan, un robot attendant de recevoir un bac.
L'installation est capable d'accueillir plus de bacs en cas d'augmentation de la demande.
L'espace frais dispose de quatre postes de préparation. A noter que si les produits frais sont gérés à 100% par les robots, les fruits et légumes restent en manuel.
Il en va de même pour l'espace surgelé. "La volumétrie de produits ne justifie pas une automatisation, et les contraintes environnementales, à -23 °C, rendraient la chose difficile," commente Jérôme Inizan.
La dernière étape du voyage est la baie de chargement. Les bacs sont scannés une dernière fois lorsqu'ils y entrent. Les produits secs et frais y sont regroupés en fonction des drives vers lesquels ils vont partir. Pour les livraisons à domicile, le regroupement se fait par client et par tournée, et l'acheminement a lieu via de plus petits camions. Dans chaque cas, les surgelés sont ajoutés au dernier moment avant le départ.
200 000 articles par jour
Au total, le site voit passer 200 000 articles par jour en réception, et autant en sortie. "Il s'agit du premier site équipé par Exotec pour l'alimentaire, et du troisième plus grand site au monde au total", indique Mourad Bensadik, directeur supply chain e-commerce pour la France chez Carrefour. Le groupe possède huit sites de préparation centralisée de commandes, dont deux sont mécanisés (mais pas robotisés de cette manière).
Carrefour a également robotisé quatre sites de micro-fulfillment adossés à des hypermarchés sur les quinze dont il dispose. Ils utilisent entre 21 et 26 robots Exotec. Le distributeur entend continuer à déployer cette technologie, mais de façon raisonnée. "Nous accompagnons la croissance, comme on l'a fait en Ile-de-France ou à Lyon", commente Mourad Bensadik. Une croissance qui s'étend aussi aux villes de taille intermédiaire. "L'important est de rester agile. Certains sites non mécanisés pourraient le devenir si la demande le justifie, mais il est aussi important de ne pas le faire trop tôt."
A terme, cette technologie devrait permettre de repenser la façon dont les entrepôts sont conçus, en tirant parti de surfaces moins importantes en mètres carrés, mais plus verticalisées.
Plongée au cœur d'un entrepôt Carrefour robotisé par la start-up Exotec
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