Pour échapper aux interdictions, TikTok pourrait être vendu par ByteDance
Considéré comme une solution de dernier recours, ce scénario permettrait à l'application de partage de vidéos, dont la popularité ne cesse de croître, de rassurer les autorités américains et européennes.
Face aux menaces d’interdiction, TikTok pourrait prendre ses distances avec sa maison mère, le groupe chinois ByteDance. Selon l’agence Bloomberg, ses dirigeants discutent déjà d’un tel scénario, qui pourrait prendre la forme d’une vente ou d’une introduction en Bourse. Mais celui-ci reste pour le moment considéré comme une solution de dernier recours.
Depuis plusieurs années, l’application de courtes vidéos est considérée comme une menace pour la sécurité nationale, notamment aux États-Unis. Les inquiétudes sont doubles. D’abord, une collecte massive des données des utilisateurs par la Chine. Ensuite, de potentielles campagnes d’influence menées par Pékin par l’intermédiaire de l’algorithme de recommandations, par exemple pour influencer une élection.
La pression monte
Après avoir échappé à une vente forcée sous la présidence de Donald Trump, TikTok négocie depuis deux ans avec le puissant Comité sur les investissements étrangers. La société propose d’héberger les données des utilisateurs américains sur le cloud d’Oracle, ce qui les placerait théoriquement à l’abri des autorités chinoises. Mais les négociations semblent désormais au point mort.
Dans le même temps, un projet de loi a été présenté au Congrès pour permettre au gouvernement américain de bannir des technologies étrangères. Ou d'exiger leur vente à un autre acteur. Si la plateforme détenue par ByteDance n’est pas directement mentionnée, elle est clairement la cible de ce texte, soutenu par la Maison blanche.
En Europe, la pression est aussi montée d’un cran. En février, la Commission européenne a demandé à ses employés de supprimer l’application de leur smartphone. Elle a été suivie par le Parlement européen, puis par les gouvernements allemand et danois. En France, où TikTok est déjà banni dans certains ministères, une commission d’enquête vient de s’ouvrir au Sénat. La semaine dernière, la société a dévoilé des mesures semblables à celles proposées aux États-Unis pour assurer la sécurité des données de ses 150 millions d’utilisateurs européens
Un fond d'Abu Dhabi au capital
Pour ne rien arranger, ByteDance compte depuis peu un nouvel actionnaire embarrassant : le fonds d’Abu Dhabi G42, dirigé par le frère de l’émir, qui est aussi le responsable de la sécurité nationale du pays. Selon Bloomberg, celui-ci a récemment racheté pour 100 millions de dollars d’actions sur le marché secondaire, qui lui confère une toute petite partie du capital de la société valorisée à 220 milliards. Mais sa présence seule pourrait alimenter les inquiétudes.
Si TikTok ne parvient pas à trouver un accord avec les autorités américaines ou européennes, une scission représenterait la seule alternative viable - à condition toutefois d'obtenir l'aval de Pékin, qui avait menacé de bloquer la vente demandée par Donald Trump. La branche américaine est estimée entre 40 et 50 milliards de dollars, par les analystes de Bloomberg Intelligence. Les activités européennes, qui génèrent moins de recettes publicitaires, valent certainement moins.
SUR LE MÊME SUJET
Pour échapper aux interdictions, TikTok pourrait être vendu par ByteDance
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir