
C’est une première en France. Un logiciel de télésurveillance médicale, baptisé Moovcare et développé par l’entreprise Sivan Innovation, devrait accéder au remboursement par l’Assurance maladie. Au même titre qu’un médicament. La Haute autorité de santé (HAS) a estimé le 9 avril 2019 que les études cliniques apportaient des gages de son efficacité chez ses utilisateurs souffrant d’un cancer des poumons. Ces derniers vivraient en moyenne 7,6 mois de plus que les patients bénéficiant d’un suivi classique. Un intérêt thérapeutique donc, mais aussi de santé publique du fait de la fréquence de cette pathologie.
UN QUESTIONNAIRE HEBDOMADAIRE
Douleur, essoufflement, fatigue… Le malade répond chaque lundi à douze questions au sujet de sa condition physique. "Un algorithme permet ainsi de mesurer l’évolution des symptômes. Si une anomalie est détectée, une alerte est envoyée au médecin référent, qui peut alors adapter le suivi", explique le Dr Fabrice Denis, à l’origine de la solution. Aujourd’hui, deux patients sur trois attendraient leur prochain scanner pour constater une éventuelle rechute. Moovcare veut susciter la démarche inverse. "L’application va quelque part chercher le patient chez lui, ce qui permet de gagner plusieurs semaines de soin importantes dans le traitement", détaille le Dr Denis.
Actuellement déployée dans une dizaine d’établissements français, la solution a notamment convaincu l’équipe de l’Institut Curie (Paris). "Moovcare bénéficie d’une excellente acceptabilité auprès des patients, quel que soit leur âge", témoigne le Dr Alain Livartowski, oncologue. Dominique Royer, patient utilisateur, estime pour sa part être "plus tranquille, plus reposé" depuis qu’il a adopté Moovcare il y a deux ans. "Je ne suis pas très branché informatique, mais c’est très simple et cela ne demande pas plus de cinq minutes par semaine", se réjouit-il. Comme pour tout dispositif médical reconnu – Moovcare a obtenu le marquage CE en juillet 2017 –, les données sont par ailleurs sécurisées.
Sivan vise une commercialisation fin 2019. Les tarifs de sa solution ne sont pas encore connus, et devraient dépendre du niveau de remboursement arrêté par l’Assurance maladie. L’entreprise estime que Moovcare pourrait apporter "une partie de la réponse à la problématique des déserts médicaux". A terme, elle affiche l’ambition d’atteindre 50% de la population touchée par le cancer des poumons. L'entreprise travaille à l’internationalisation de la solution et devrait prochainement proposer des déclinaisons adaptées à d'autres pathologies, à commencer par le cancer des seins ou des reins.
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