Pour nourrir 9 milliards d'humains, il faudra digitaliser la filière agroalimentaire
De l’agriculture à la distribution, il existe une solution digitale pour chacun des acteurs de la filière alimentaire.
Drones, big data, RFID,... ces technologies permettent d'accroître les quantités produites et les rendements, et de mieux répondre aux attentes des consommateurs.
Pour nourrir 9 milliards d’hommes à l’horizon 2050, la filière agro doit se réinventer. L’emploi des nouvelles technologies, du big data et des algorithmes peut l'aider à bâtir une chaîne alimentaire plus intelligente et plus efficiente, estime Rabobank dans un rapport intitulé "Building a smarter food system" publié en octobre 2015. Il s'agit à la fois de mieux répondre aux attentes des consommateurs et d'améliorer la rentabilité et la résilience des exploitations. Une meilleure disponibilité des biens alimentaires et l’adoption de démarches en faveur d'une nutrition équilibrée apparaissent également nécessaires, affirment les analystes de la banque néerlandaise.
"En améliorant grandement les relations entre les différents acteurs de la chaîne d'approvisionnement, un système de production alimentaire 'intelligent' offre des possibilités de stimuler la production alimentaire, d'optimiser l'utilisation des ressources, de réduire les déchets et d'améliorer l'accès à la nourriture, confirme Berry Marttin, membre du comité de direction de Rabobank. La technologie automatise la façon dont les choses se produisent. Le big data nous raconte ce qui se passe. Les algorithmes traduisent ces données en décisions, en ajoutant vitesse et précision à la production, la transformation et la distribution alimentaires", complètent les auteurs.
Tous les maillons de la chaîne sont concernés. Ainsi, des intrants agricoles plus performants peuvent permettre d’engendrer de précieux gains de productivité. Celle-ci peut également être stimulée d’au moins 5% grâce à l’emploi de drones, tandis qu’un meilleur suivi des fruits et légumes frais est un moyen de réduire de 25% à 40% le volume de déchets produits. Une gestion intelligente" des systèmes d’irrigation est pour sa part à même de faire chuter de 80% les volumes d’eau utilisés, et 10 milliards de dollars de valeur ajoutée pourraient être générés grâce à la mutualisation des données produites par les agriculteurs.
drones et systèmes d'optimisation
L’exemple des drones permet d’illustrer les possibilités offertes par l’emploi de nouvelles technologies. En Nouvelle-Zélande, une exploitation agricole dédiée à l’élevage a notamment identifié 40 types d’usages possibles de son drone, avec, à la clef, une réduction de 14% des pertes de marchandises ainsi qu’une chute de 50% du taux de mortalité de ses moutons. La réduction du temps passé sur le terrain ainsi qu’une application plus efficace des intrants constituent également des gains potentiels de l’emploi de drones. Des progrès restent néanmoins à effectuer en matière de fiabilité, estime Rabobank. Une chaîne alimentaire smart ne saurait se passer de systèmes d’irrigation et d’application de produits phytosanitaires variant les quantités selon les cultures et les moments de la journée.
MUTUALISATION et puces RFID
Les coopératives agricoles doivent avoir un rôle moteur dans l’agrégation des données produites par leurs membres, indique la banque néerlandaise. Pour diffuser de bonnes pratiques entre leurs membres ou disposer d'arguments marketing, les coopératives peuvent inciter les agriculteurs à faire converger leurs systèmes informatiques.
Schéma issu du rapport Rabobank
Les distributeurs (grande distribution, distribution spécialisée, etc.) peuvent quant à eux s'appuyer sur les puces RFID pour optimiser leur chaîne logistique et les industriels peuvent recourir à cette technologie pour suivre le cycle de vie des produits et optimiser leur production. Un meilleur contrôle des conditions de conservation et des dates limites de consommation des produits peut permettre de réduire le volume de déchets produits. Ce volet data s’applique également aux distributeurs : ainsi, le leader mondial de la distribution Walmart optimise-t-il ses commandes selon la météo et ses inventaires (les ventes de salades sont meilleures par beau temps, par exemple).
Cette transformation digitale de la chaîne agroalimentaire peut aussi bien s'inventer chez les équipementiers, les agriculteurs, les coopératives et les prestataires existants que chez des start-up capables, par leurs innovations, de bouleverser le marché. "Il faut construire et renforcer la relation de confiance entre acteurs le long de la chaîne d'approvisionnement. Les acheteurs et les fournisseurs doivent accepter le changement, faire preuve d'innovation et mieux collaborer. Nous avons également besoin d'investisseurs qui n’ont pas peur des risques qu’implique le changement", rappelle le responsable de la stratégie Food & Agribusiness de Rabobank, Justin Sherrard.
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