Pourquoi Broadcom déserte l’Internet des objets

Alors que l’Internet des objets s’annonce comme un Eldorado pour les puces électroniques, le géant américain des semiconducteurs Broadcom a choisi de quitter ce marché. Une décision iconoclaste qui surprend beaucoup mais que certains analystes trouvent salutaire. Analyse.

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Pourquoi Broadcom déserte l’Internet des objets

Décidément, Broadcom ne veut pas faire les choses comme les autres. Le nouveau numéro trois mondial des semiconducteurs, derrière Intel et Samsung Electronics, a choisi de déserter l’Internet des objets en vendant son activité dans ce domaine à Cypress Semiconductor pour 550 millions de dollars. Une décision iconoclaste qui surprend beaucoup les observateurs.

Financer la plus grande consolidation dans les semi-conducteurs

L’Internet des objets est perçu comme un nouvel Eldorado pour l’industrie microélectronique. Selon IC Insights, il offre une opportunité de 31 milliards de dollars en 2019 aux puces électroniques, deux fois plus qu’en 2015. Intel, Qualcomm, Samsung Electronics, Texas Intruments, NXP, Toshiba, Infineon Technologies, STMicroelectronics… Presque tous les grands acteurs des semiconducteurs en font aujourd’hui un axe stratégique de développement.

Alors pourquoi Broadcom se met-il à contre-courant du marché ? Le géant américain est né en février 2016 par fusion de l’ancien Broadcom et d’Avago Technologies. Sa sortie de l’Internet des objets peut être vue comme un sacrifice visant à financer cette gigantesque opération de consolidation à 37 milliards de dollars, la plus importante dans l’histoire des semiconducteurs. Mais pour l’analyste Leo Sun de TMFSunLion, les vraies raisons sont ailleurs. Dans un article sur le blog boursier The Motley Fool, il salut une décision clairvoyante et visionnaire.

Retard sur Intel et Qualcomm

En faisant le tour de ses forces et ses faiblesses, Broadcom en vient à la conclusion qu’il a peu de chances de gagner de l’argent sur ce marché. Autant arrêter les frais maintenant. Le groupe s’estime mal placé par rapport à ses deux plus gros concurrents : Intel et Qualcomm.

Le premier, numéro un mondial des semiconducteurs, a beaucoup investi dans l’Internet des objets, rachetant une flopée de start-up dans les drones, les appareils portés sur soi et autres objets connectés. Il est allé jusqu’à mettre 16,7 milliards de dollars sur la table pour s’emparer d’Altera, numéro deux mondial des circuits logiques programmables, composants jugés clés pour ce marché.

Le second, numéro un mondial des puces pour mobiles, en fait de même dans les drones, la vidéosurveillance, le médical ou la voiture connectée. Pour cela, il a racheté le spécialiste britannique de composants de connectivité sans fil CSR pour 2,5 milliards de dollars, et convoite Xilinx, le leader mondial des circuits logiques programmables.

Expérience douloureuse dans les modems cellulaires

Le retard pris par Broadcom dans l’Internet des objets se voit dans ses résultats. En 2015, il n’a réalisé qu’un chiffre d’affaires de 189 millions de dollars sur ce marché, contre 2,3 milliards de dollars pour Intel et plus de 1 milliard de dollars pour Qualcomm. Un handicap difficile, voire impossible, à surmonter, selon Leo Sun, alors que le groupe est engagé dans un long processus de réorganisation et d’intégration des activités issues de l’ancien Broadcom et d’Avago Technologies.

L’analyste pointe le doigt sur l’expérience douloureuse dans les modems cellulaires. L’ancien Broadcom a tenté de se maintenir sur ce marché compliqué, alors que la plupart de acteurs historiques, de Nokia à Renesas Electronics, en passant par NXP, Freescale, Infineon Technologies, Texas Instruments, STMicroelectronics, Nvidia ou Ericsson, ont fini par déclarer forfait. Une obstination qui lui a coûté une perte de 1 million de dollars par jour. Tirant les leçons de cette aventure, le nouveau Broadcom veut éviter de reproduire la même erreur dans l’Internet des objets.

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