Publicité pour les cryptomonnaies : vers un encadrement des influenceurs

L'Espagne va réguler les pratiques des influenceurs les plus suivis sur les réseaux sociaux concernant le contenu et la déclaration des campagnes de promotion des cryptoactifs. En France aussi, ils sont dans le viseur de l'AMF et de la DGCCRF.

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Publicité pour les cryptomonnaies : vers un encadrement des influenceurs

Gare aux influenceurs qui se prennent pour des conseillers financiers, surtout s'ils font l'homme ou la femme sandwich pour des sites de trading ou des cryptomonnaies. Le régulateur financier espagnol a annoncé l'encadrement strict, à partir du mois prochain, des messages sponsorisés faisant la promotion de cryptoactifs. De quoi inspirer le régulateur français ?

avertissement sur les risques
L'équivalent de l'Autorité des marchés financier en Espagne va imposer aux influenceurs possédant aux moins 100 000 followers de notifier toute campagne sponsorisée relative aux cryptoactifs au moins 10 jours avant son démarrage, rapporte Reuters, afin que son contenu soit visé. La campagne devra notamment inclure un avertissement concernant les risques du placement, l'objectif étant de protéger le public.

En novembre, le régulateur espagnol avait réagi sur Twitter à la promotion par le footballeur espagnol professionnel Andrés Iniesta, qui avait fait la promotion de la place de marché crypto chinoise Binance, en rappelant les risques de l'investissement dans les cryptomonnaies.


Une démarche qui rappelle celle de l'AMF, qui avait répondu à Nabilla en janvier 2018 sur Twitter, après qu'elle eut fait la publicité pour une formation de trading de bitcoins sur Snapchat. Epinglée par la DGCCRF, Nabilla a été condamnée à 20 000 euros d'amende en juillet dernier pour pratiques commerciales trompeuses sur les réseaux sociaux, car elle n'avait pas précisé que sa story était sponsorisée et avait fait passer le bitcoin pour un placement sûr… "Le bitcoin, ça vous permet de gagner de l'argent sans investir beaucoup. C'est de l'argent qu'on peut toujours récupérer, c'est de l'argent virtuel", avait-elle déclaré.

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait à cette occasion rappelé que les influenceurs étaient tenus d'informer leurs abonnés lorsqu'ils étaient rémunérés pour faire la promotion d'une marque.

Le problème ne vient pas uniquement des messages sponsorisés qui ne disent pas leur nom. En témoigne l'affaire Kim Kardashian, qui a fait en juin 2021 la publicité d'une cryptomonnaie, l'ethereum max, qui s'est avérée être une escroquerie. Quand on a 210 millions de followers, cela pose un petit problème, même si le post était clairement sponsorisé et qu'il indiquait "Ceci n'est pas un conseil financier, mais…". La crypto avait connu une hausse de son cours avant de s'effondrer. Une class action a été lancée il y a quelques jours aux Etats-Unis contre l'influenceuse et le boxeur Floyd Mayweather, également impliqué.


Une priorité pour la DGCCRF
En France, la DGCCRF a annoncé en décembre dernier qu'elle allait faire de la lutte contre "les pratiques déloyales du marketing d’influence" un de ses axes de contrôle prioritaires pour 2022. Au cours d'une conférence de presse commune le 13 décembre, l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) ont rappelé que "plusieurs dossiers traités récemment par la DGCCRF confirment la montée inquiétante des pratiques commerciales trompeuses en ligne dans le domaine des services financiers, notamment de la part d’influenceurs". L’AMF a exprimé "sa préoccupation et sa vigilance à l’égard des recommandations d’investissement sur les réseaux sociaux qui ne respecteraient pas les principes de transparence, d’objectivité, imposés par le règlement européen Abus de marché".

Rappelons qu'en France, les pratiques de conseil en investissement financier sont strictement réglementées. La profession est soumise à des conditions d'accès et les conseillers doivent être immatriculés auprès de l'organisme qui regroupe les intermédiaires en assurance, banque et finance. Hors de ce cadre, la pratique est illégale. La publicité pour les produits financiers est elle aussi extrêmement encadrée. La publicité pour les produits les plus spéculatifs (Forex, CFD, options binaires) est interdite depuis la loi Sapin 2. Et les publicités pour des produits à risque de perte en capital doivent le préciser de manière explicite et équilibrée.

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