Qarnot Computing lève 35 millions d'euros pour industrialiser ses data centers écoresponsables

Qarnot Computing, pionnier français du cloud  "green" grâce à une solution innovante de valorisation de la chaleur fatale informatique, dévoile ce 10 janvier une levée de fonds de 35 millions d’euros qui doit servir à l'industrialisation de son système.

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Qarnot Computing lève 35 millions d'euros pour industrialiser ses data centers écoresponsables

C'est dans un contexte de crise énergétique et de préoccupations grandissantes quant à l’empreinte carbone des entreprises du numérique que Qarnot Computing, qui fournit une offre cloud "écologique" grâce à des data centers qui permettent de réutiliser la chaleur produite pour chauffer des bâtiments, annonce avoir bouclé un nouveau tour de table de 35 millions d'euros.

Cette levée provient de fonds d'investissement privés comme Société Générale Ventures, mais aussi d'instances publiques telles que l'Ademe ou encore la Banque des Territoires, qui y participe dans le cadre du plan France 2030.

Surfer sur la vague "green"

"La crise énergétique majeure que nous vivons actuellement ainsi que les enjeux de décarbonation et de souveraineté du secteur du numérique confirment l’utilité et la pertinence de solutions comme celle développée par Qarnot", a déclaré Gabriel Giabicani, Directeur Innovation & Opérations à la Direction de l’Investissement de la Banque des Territoires.

L’énorme quantité de chaleur dégagée par les data centers est, en général, évacuée (et donc perdue !) grâce à des systèmes de climatisation qui augmentent leur consommation électrique et leur empreinte carbone, toutes deux déjà importantes. C’est sur ce créneau que Qarnot se différencie, en proposant un "cloud nouvelle génération" dont les infrastructures permettent de récupérer 95 % de la chaleur émise par les serveurs.

Objectif industrialisation

Un modèle ambitieux mais qui, selon Paul Benoît, président et co-fondateur de Qarnot, "n’a de sens que s’il se déploie à l’échelle industrielle." Et c’est justement l’ambition de cette levée de fonds. "Jusqu’ici, on travaillait sur des bâtiments de petites tailles, on veut passer à des sites plus gros, pouvoir répondre à des appels d’offre pour des infrastructures qui nécessitent entre 500 kW et 2 MW", poursuit-il.

Le co-fondateur assure vouloir continuer à travailler avec ses clients actuels, mais "à plus grande échelle". Il compte par ailleurs "s’attaquer à de nouveaux marchés porteurs : les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et de la santé par exemple, mais aussi à tous les domaines utilisant l’IA".

Pour ce faire, un tiers de l’enveloppe sera dédiée à l'augmentation des effectifs. Qarnot compte recruter cinquante salariés d’ici la fin de l’année, la moitié sur la partie commerciale et marketing, l’autre sur le pôle recherche et ingénierie. Les deux tiers restants serviront au financement de nouvelles infrastructures.

Direct water cooling

L’entreprise récupère la chaleur des systèmes sous forme d’eau chaude à plus de 60°C. Elle s’appuie, pour ce faire, sur le QBx, un module informatique qui utilise une technologie brevetée de direct water cooling (refroidissement par l’eau).



Concrètement, les data centers de Qarnot sont composés de chaudières numériques. Des châssis de 250 kg, d’un mètre de haut sur 30 cm de large, qui embarquent douze serveurs et deux tuyaux en cuivre de gros diamètre (l’eau arrive froide dans l’un et repart chaude dans l’autre), placés entre ces serveurs. "Vu de l’extérieur, pour un plombier c’est une chaudière, vu de l’intérieur, pour un informaticien c’est un rack de serveur informatique", résume Paul Benoit.

Une chaleur directement redistribuée

Le système permettrait, comme évoqué plus haut, de récupérer jusqu'à 95 % de la chaleur dégagée par les systèmes. Celle-ci est ensuite directement injectée dans un réseau de chaleur.

"Historiquement, on faisait des radiateurs avec serveurs informatiques intégrés, pour des logements sociaux par exemple. Mais ça ne nous permettait pas de répondre à de gros besoins de chaleur", raconte-t-il. Aujourd’hui, l’idée est que les data centers nouvelle génération de Qarnot soient directement implantés sur les sites des grands consommateurs de chaleur. À titre d’exemple, l’un d’eux se situe au sous-sol d’un centre aquatique en Finlande et chauffe tout le bâtiment.

Réduire la facture énergétique des entreprises du numérique

Qui sont les clients de Qarnot ? D’un côté, les entreprises qui cherchent des fournisseurs de cloud, certaines faisant partie du CAC40, beaucoup dans le secteur bancaire, mais aussi dans celui du cinéma d’animation. "Pour eux, ce qui est intéressant, c’est de pouvoir refroidir leurs serveurs informatiques sans consommer de climatisation. Ça réduit leur facture énergétique, mais aussi leur empreinte carbone", précise le co-fondateur.

De l’autre, ceux à qui Qarnot revend l’énergie récupérée : "quand vous consommez 100 euros d’électricité sur un serveur, vous pouvez vendre la chaleur récupérée entre 20 et 40 euros", poursuit Paul Benoît. L’entreprise a récemment implanté un data center au sein d’un réseau de chaleur finlandais, le premier site pilote sur ce type de client. Elle espère développer cette clientèle, notamment en France, où les gestionnaires sont des acteurs publics (ils qui peuvent être privés ou semi-privés ailleurs en Europe).

Qarnot se positionne également auprès des gestionnaires de bâtiments tels que des immeubles de logement ou des centres aquatiques. L'entreprise cherche par ailleurs à développer une clientèle industrielle consommatrice d’eau chaude, comme celle de l’agroalimentaire.

Côté déploiement géographique, l’ambition est plus mesurée. Le fournisseur de cloud souverain se concentre pour l’instant sur la France et les pays scandinaves, "très en avance sur le sujet de l’énergie de récupération". "L’Allemagne et la Suisse nous intéressent également, mais aller en Asie ou aux Etats-Unis, c’est un autre challenge, pas pour tout de suite", explique le dirigeant.

"Le système le plus abouti au domaine"

Sur le sujet de la concurrence, il ne cache pas sa confiance : "Il s’agit des gros acteurs du cloud, les GAFAM principalement. La consommation électrique devient un gros sujet pour eux alors ils se mettent à utiliser de l’énergie verte, renouvelable, qui lorsqu’il n’y a pas de soleil ou pas de vent, ont leurs limites… Certains acteurs commencent à se positionner aussi sur la récupération de chaleur, mais ils en produisent à des températures pas assez intéressantes (environ 30°) ; et comme ils l’emmènent potentiellement loin, ils sont obligés d’utiliser des pompes à chaleur (très coûteuses) pour rehausser la température. On a le système le plus abouti aujourd’hui dans le domaine".

Quant aux prix pratiqués, Paul Benoît, qui assure être "déjà concurrentiel par rapport aux autres acteurs du cloud", vise, à terme, à être "quatre fois moins cher qu’eux".

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