Qowisio défie Sigfox et LoRa dans les réseaux pour objets connectés
La start-up angevine Qowisio vient de boucler sa deuxième levée de fonds de 10 millions d'euros auprès d'investisseurs français. Elle veut déployer d'ici la fin de l'année un réseau cellulaire bas débit pour objets connectés concurrent à ceux de Sigfox et de l'alliance LoRa, mais fabrique aussi ses propres équipements et capteurs.
Sylvain Arnulf
Parmi les industriels qui emménagent ces jours-ci dans la nouvelle Cité de l'objet connecté d'Angers, se trouve une entreprise plutôt discrète jusqu'à maintenant : Qowisio. La start-up créée en 2009 annonce avoir bouclé sa deuxième levée de fonds, quelques jours avant l'inauguration du lieu. Après avoir réalisé un premier tour de table de 500 000 euros en 2012, elle vient de réunir 10 millions d'euros auprès d'investisseurs de l'ouest de la France (Go Capital, BNP Paribas développement, Ouest Croissance et Pays de la Loire Développement). Qowisio se pose désormais en concurrent direct de Sigfox et de l'alliance LoRa, représentée en France par Bouygues Télécom.
un réseau ultra narrow band comme sigfox
Il faut dire que cet acteur jusque-là inconnu a l'intention, comme ses deux concurrents, déployer un réseau cellulaire bas débit (mais longue portée) dédié à l'internet des objets en France. A l'image de Sigfox, il se base sur la technologie de transmission radio Ultra Narrow Band, mais avec son propre protocole propriétaire.
Il annonce avoir déjà déployé 18 réseaux privés de ce type à l'étranger, principalement pour des opérateurs téléphoniques (afin de les aider à surveiller la consommation énergétique de leurs installations). "Notre expérience à l'international, dans des pays émergents, en Afrique, au Moyen-Orient, dans les Caraïbes, en Amérique du sud, nous permet aujourd'hui d'amener cette technologie en France", explique Cyrille le Floch, président et fondateur de la société.
Le réseau français Qowisio, qui doit être déployé d'ici la fin de l'année (en équipant 1 600 à 1 800 points hauts du pays) sera la vitrine de l'entreprise, qui envisage ensuite d'ouvrir des réseaux à l'étranger.
Un modèle économique mystérieux
Comment se positionne Qowisio par rapport à ses concurrents ? D'abord, il couvre une plus grande partie de la chaîne de valeur des objets connectés en développant (et fabricant) ses propres équipements et capteurs, là où le Toulousain Sygfox veut bâtir un écosystème. Son concurrent angevin compte vendre des solutions IoT clés en mains (pour l'industrie 4.0, la digitalisation des points de vente, l'efficacité énergétique) à des grands comptes.
Ensuite, le modèle économique est différent de ses rivaux. "Sigfox fait payer un forfait par objet et par an, notre formule est différente", lâche le fondateur de l'entreprise, qui veut rester discret sur le mode de tarification précis. Tout juste explique-t-il que ce n'est pas l'utilisation du réseau qui est facturée. "L'enjeu, ce n'est pas le prix de la communication, mais la fonction qu'apporte chaque objet", explique Cyrille le Floch, toujours mystérieux. "Le réseau n'a pas de valeur en tant que tel, ce n'est qu'un outil qui permet de déployer une large gamme d'objets connectés et de capteurs". Objets que Qowisio fabrique lui-même tout en restant ouvert aux matériels de fabricants-tiers.
Ce business model différenciant - lui permettant (sur le papier) d'être encore plus low-cost que ses rivaux - a su séduire les investisseurs. Qowisio, qui cumule un chiffre d'affaires de 9 millions d'euros depuis sa création (3 M€ en 2014), veut passer la barre des 15 millions d'euros de revenus en 2015, et près de dix fois plus en 2020. Son équipe devrait rapidement doubler, pour atteindre 50 salariés d'ici la fin de l'année, en 75 courant 2016.
Sylvain Arnulf
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