Qualcomm se propulse dans l’Internet des objets en rachetant NXP

Le géant américain des puces mobiles Qualcomm met 47 milliards de dollars sur la table pour racheter le champion européen des semiconducteurs NXP. Une méga opération qui le propulse sur les marchés de l’automobile, de l’industrie, de la sécurité et des autres applications d’Internet des objets.

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Qualcomm se propulse dans l’Internet des objets en rachetant NXP

C’est la plus grande opération de consolidation dans l’histoire des semiconducteurs. Le géant américain Qualcomm, numéro un mondial des puces mobiles, a conclu un accord pour racheter le champion européen des puces électroniques NXP. Le projet faisait l’objet de rumeurs depuis des semaines. L’opération est officiellement confirmée ce jeudi 27 octobre 2016 par les deux parties. La transaction se monte à la bagatelle de 47 milliards de dollars financée à hauteur de 11 milliards de dollars par endettement et pour le reste par cash. Elle devrait être finalisée à la fin de 2017.

Plus de limites aux fusions-acquisitions

Jamais, une fusion-acquisition dans le secteur n’avait atteint un tel montant. L’opération la plus coûteuse était jusqu’ici le rachat de l’américain Broadcom par son compatriote Avago Technologies pour 37 milliards de dollars. Elle a été finalisée en février 2016 créant le numéro trois mondial des semiconducteurs, derrière l’américain Intel et le coréen Samsung.

Le rachat de NXP par Qualcomm bouleverse l’industrie microélectronique. Il crée un géant de 72 000 personnes et d’un chiffre d’affaires annuel de près de 35 milliards de dollars, nouveau numéro trois mondial des semiconducteurs. Il repousse surtout les limites des fusions-acquisitions qui ont pris de l’ampleur dans le secteur en 2015.

Synergies de 500 millions de dollars

Face à la montée de la concurrence des MediaTek, Samsung ou Spreadtrum, qui grignotent son monopole et laminent ses marges, Qualcomm cherche à réduire sa dépendance vis-à-vis des mobiles. D'autant plus que ce marché subit un net ralentissement, alors que la stratégie d’intégration verticale de gros constructeurs comme Apple, Samsung ou Huawei tend à le priver d’une opportunité toujours plus grande. Avec cette opération, il se propulse d’un seul coup dans l’automobile, l’industrie, la sécurité et les autres applications d’Internet des objets, des marchés plus stables et à plus fortes marges. NXP, qui a racheté en décembre 2015 l’américain Freescale, offre l’avantage d’être le numéro un des semiconducteurs pour l’automobile, des circuits pour cartes à puces, des microcontrôleurs (hors automobile) ou encore des puces de communication sans contact NFC.

Aujourd’hui, Qualcomm tire 61% de ses revenus des puces pour mobiles et seulement 8% des circuits pour l’Internet des objets, les 31% restants provenant de la cession de licence de ses brevets. Avec NXP, la part des mobiles baisse à 48%, tandis que celle de l’Internet des objets grimpe à 29%. Ce rapprochement crée un ensemble plus équilibré et plus diversifié, capable de fournir des solutions complètes pour les applications de l’Internet des objets. Pour Qualcomm, l’opportunité du marché grimpe à 138 milliards de dollars, contre 100 milliards aujourd’hui. Les synergies attendues deux ans après la finalisation de la transaction sont estimées à 500 millions de dollars.

Profils de sociétés différents

Mais cette opération n’est pas sans risque. Les deux entreprises présentent des profils diamétralement opposés. Qualcomm est une société "fabless", sous-traitant la totalité de sa production à des fondeurs de semiconducteurs comme TSMC ou Samsung. De plus, selon TrendForce, son portefeuille de produits est limité et obéit à des cycles courts calqués sur ceux des mobiles.

De son coté, NXP est un groupe intégré disposant de 14 usines : 7 de fabrication de puces et 7 de test et conditionnement de circuits. Il gère une grande variété de produits avec des cycles plutôt longs et un grand portefeuille de clients (plus de 25 000). Comment l’ensemble va-t-il concilier ces deux approches ? Ce sera d’autant plus difficile que NXP n’a pas fini encore de digérer Freescale.

Autre difficulté : le recouvrement de portefeuille de produits. Bien qu’il soit limité, il existe. Les deux sociétés sont présentes dans des processeurs pour l’automobile, les circuits NFC ou encore les composants Bluetooth. Une harmonisation est nécessaire dans ce domaine. Plus important encore, les deux groupes disposent de deux cultures différentes : américaine pour Qualcomm et européenne chez NXP. Un problème qui risque d’être un obstacle majeur à l’intégration des équipes.

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