La réalité virtuelle peut-elle éviter les rejets dans les greffes pulmonaires ?
La start-up toulonnaise C2Care a signé un partenariat avec les hôpitaux de Marseille pour utiliser la réalité virtuelle dans le cadre d'une greffe pulmonaire. Le but est d'éviter le rejet du greffon en réduisant le stress post-opératoire grâce à l'utilisation répétée d'un casque qui immerge le patient dans l'environnement d'une salle de réanimation. Les essais cliniques vont débuter début janvier 2020.
La start-up C2Care et l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) veulent lutter contre les risques de rejet dans les greffes pulmonaires. La jeune pousse toulonnaise spécialisée dans l'édition de logiciels thérapeutiques parie sur l'utilisation préventive de la réalité virtuelle par les patients. Les essais cliniques sur 20 patients – tirés au sort sur la liste de transplantation pulmonaire – vont débuter début janvier 2020. "La réalité virtuelle rentre dans une phase thérapeutique qui peut sauver des vies", proclame Pierre Gadea, directeur de C2Care, contacté par L'Usine Digitale.
Gérer l'anxiété pour lutter contre le risque de rejet
Le stress post-opératoire, souvent très fort, joue sur la réussite ou non de l'opération. "L'anxiété ne va pas directement provoquer le rejet du greffon mais elle va entraîner une absence de sommeil qui peut susciter des incidents graves sur le bon déroulé de la greffe", explique Pierre Gadea.
Pour connaître ces nombreux facteurs qui rendent le réveil compliqué, les hôpitaux de Marseille ont sondé des patients. "Parmi les situations les plus anxiogènes, on trouve les nombreux bruits qui peuvent par exemple provenir d'une perfusion d'eau vide. Le patient va s'inquiéter alors que ce n'est rien de grave", explicite le directeur de la jeune pousse. En effet, ces "bips" peuvent inquiéter les malades qui ne peuvent pas communiquer avec l'équipe soignante car ils sont intubés et attachés.
Se familiariser en amont avec l'environnement
Concrètement, les patients qui vont bientôt subir une greffe pulmonaire auront trois séances de 45 minutes avec un psychologue de l'hôpital. Via un casque Oculus, la personne sera immergée dans une salle de réanimation tel qu'il la découvrira à son réveil avec ses machines, ses bruits... Le but de cette thérapie est que le patient puisse comprendre le fonctionnement de cette scène.
A force d'être confronté à ce nouvel environnement, le patient devrait s'y habituer petit à petit et ainsi mieux le comprendre. Ce mécanisme cognitif repose sur la théorie par habituation. "Quand on habitue le cerveau à ne pas être dans l'inconnu, il va mieux vivre l'expérience", explique Pierre Gadea. Le psychologue va également apprendre au patient des moyens pour réguler ses émotions grâce à des techniques de relaxation qu'il pourra appliquer lors de son réveil en boxe de réanimation.
Un serious game pour les enfants malades
Ces nouvelles thérapies sont reproductibles pour tous types d'interventions médico-chirurgicales. Et c'est exactement ce que compte faire C2Care. Pierre Gadea fait part d'au moins deux projets. Le premier concerne les opérations éveillées du cerveau. Elles permettent de demander au patient d'exécuter des tests simples durant l'opération comme parler ou compter. Cela donne des indications au chirurgien sur ses capacités cognitives et motrices et ainsi l'aider à localiser la zone du cerveau à traiter. Or ces opérations sont traumatisantes car le patient subit une trépanation. La thérapie par réalité virtuelle permettrait aux malades d'être mieux préparés à l'acte.
Le second projet de C2Care s'adresse aux enfants atteints de cancer suivis à l'hôpital Gustave-Roussy (Paris). " On voudrait créer un parcours à la 'Mario Bros' pour qu'ils se familiarisent avec les soins notamment les rayons", projette Pierre Gadea.
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