Recyclage, taxe, fonds… Le gouvernement s'attaque à la réduction de l'empreinte environnementale numérique
Le gouvernement vient de présenter une nouvelle feuille de route pour réduire l'impact du numérique sur l'environnement. Au programme : limiter la consommation électrique des data center, favoriser le recyclage des smartphones et stimuler l'innovation des start-up de la GreenTech grâce à un nouveau fonds.
Comment faire converger numérique et environnement ? Voici la question à laquelle tente de répondre le gouvernement dans une nouvelle feuille de route interministérielle. Elle comprend trois axes d'intervention : développer la connaissance de l'empreinte environnementale numérique, réduire cette empreinte et faire du numérique un levier de la transition écologique.
"Il ne faut pas opposer progrès technologique et transition numérique car le numérique est probablement l'outil le plus puissant à notre disposition pour faciliter cette transition. Mais il ne faut pas être naïfs, le progrès technologique n'est pas bon en soi : il doit être maîtrisé et piloté. Aujourd'hui, nous faisons le pari de mettre le numérique au service de l'objectif de préservation de notre environnement", a déclaré Cédric O, secrétaire d'Etat chargé du numérique.
Limiter la consommation des data centers
Dans le détail, le gouvernement souhaite la mise en place d'une éco-conditionnalité du tarif réduit de la taxe applicable à l'électricité consommée par un data center. Pour bénéficier de ce tarif, ils devront mettre en place "des mesures ambitieuses" de maîtrise de leur empreinte environnementale, en matière d'efficacité énergétique et de récupération de la chaleur.
En théorie, cette idée peut sembler séduisante pour réduire la consommation électrique des data center et donc diminuer les émissions de CO2.
Mais en réalité, cette consommation est largement surévaluée, d'après une étude publiée dans Science en février 2020. Les chercheurs affirment que bien que la quantité de calcul dans les data centers ait plus que quintuplé entre 2010 et 2018, la quantité d'énergie électrique consommée n'a augmenté que de 6% sur la même période. Ce paradoxe est dû à l'amélioration de l'efficacité énergétique. Ainsi, en 2018, la consommation électrique des data centers est de "205 térawattheures d'électricité", soit environ 1% de la consommation mondiale.
Recycler davantage les smartphones
Le gouvernement veut également s'attaquer au recyclage des smartphones. D'après un rapport du Sénat publié en juin dernier, la fabrication des terminaux représentent 70 % de l'empreinte carbone du numérique. Un chiffre en grande partie dû à leur provenance géographique, majoritairement l'Asie, en y ajoutant l'extraction de matières premières.
Pour approfondir les connaissances dans ce secteur, le gouvernement demande à la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) de mener une enquête sur le fonctionnement du marché de l'après-vente des terminaux (prix des pièces détachées, conditions d'accès des réparateurs…).
Une concertation avec les opérateurs télécoms est également lancée pour les encourager à s'engager fermement "en faveur du réemploi et du reconditionnement d'équipements numériques usagés". Les opérateurs sont également invité à lancer une campagne de sensibilisation pour inciter les Français à donner leurs téléphones usagés.
Un chemin déjà emprunté par Orange, qui vient de présenter un programme pour accélérer le recyclage des terminaux. Si seulement 15% des mobiles de ses clients sont collectés à ce jour, l’opérateur espère faire grimper ce chiffre à 30% en 2025, et vise 10% des ventes de mobiles portées par les smartphones reconditionnés.
Booster l'innovation grâce à des aides destinées aux start-up
La feuille de route comprend également la création d'un fonds de 300 millions d'euros destiné aux projets de start-up impliquées dans l'environnement. Gérés par Bpifrance, ces financements doivent permettre de "verdir encore un peu plus" l'écosystème tech et encourager l'émergence de nouveaux projets.
De plus, le gouvernement prévoit l'extension de l'accompagnement de la Mission French Tech à une sélection de "start-up GreenTech à fort potentiel". A l'instar des start-up composant les programmes Next40 et French Tech 120, elles pourront bénéficier d'un soutien renforcé des services de l'Etat.
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