Renesas réduit de moitié sa production au Japon
Fortement ébranlé par le Tsunami, le deuxième fabricant japonais de semiconducteurs décide de fermer une dizaine d’usines au Japon, au profit d’une sous-traitance accrue de la fabrication. Une façon de redresser ses comptes et de se prémunir dans l’avenir contre les risques de catastrophes naturelles.
La cure est sévère pour Renesas Electronics. Dans le plan de réorganisation industrielle dévoilé le 3 juillet 2012, le deuxième fabricant japonais de semiconducteurs après Toshiba prévoit de fermer pas moins de dix unités de fabrication au Japon, soit près de la moitié de ses usines dans l’archipel nippon.
A la clé, la suppression de 5000 postes sur un total de 42 800 personnes dans le monde. C’est beaucoup moins que les 14 000 suppressions de postes évoqués auparavant dans la presse japonaise. Mais un jour après l’officialisation du rachat d’Elpida Memory, le champion japonais des mémoires Dram, par son concurrent américain Micron Technology, ce plan accentue le recul du Japon dans les semiconducteurs.
Créée en 2002, Renesas Electronics regroupe les activités semiconducteurs (hors mémoires) de trois anciens champions du secteur : NEC, Hitachi et Mitsubishi Electric. Avec un chiffre d’affaires de 11,1 milliards de dollars en 2011, il se situe, selon le classement du cabinet iHS iSuppli, à la quatrième place mondiale, derrière Intel, Samsung, Texas Instruments et Toshiba.
Sa position de leader mondial dans les microcontrôleurs (ces puces qui donnent l’intelligence à des produits dans l’automobile ou l’électroménager), avec 27% de part de marché, ne l’empêche pas d’être dans le rouge depuis 5 ans. Sur les cinq derniers exercices, il a accumulé 332,7 milliards de yens (l’équivalent de 4,2 milliards de dollars) de pertes. En cause : le déficit récurrent de son activité "systèmes sur puce", sorte de circuit intégrés dédiés chacun à un produit ou une application.
Fragilité industrielle
Le tremblement de terre et le Tsunami de mars 2012 ont mis en évidence la fragilité du modèle industriel de Renesas Electronics focalisé sur le Japon. Ces catastrophes ont mis à mal sa chaine logistique, perturbant fortement l’industrie automobile mondiale. Et pour cause : le fabricant japonais contrôle 42% des microcontrôleurs embarqués dans les voitures dans le monde.
Avec son plan de réorganisation industrielle, Renesas Electronics veut frapper d’une pierre deux coups : redresser ses comptes en générant 43 milliards de yens (430 millions de dollars) d’économie par an, et se prémunir dans l’avenir contre les risques de catastrophes naturelles en dépendant moins du Japon pour sa production. L’heure est en effet à une sous-traitance accrue de la fabrication auprès de fondeurs de semiconducteurs. C’est ainsi qu’il vient de renforcer son partenariat stratégique avec le taïwanais TSMC auprès de qui il compte sous-traiter la fabrication d’une plus grande partie de ses microcontrôleurs en gravure de 40 nm et moins.
Renesas Electronics se donne trois ans pour mettre en œuvre son plan, avec l’objectif de revenir au vert lors de l’exercice qui se termine le 31 mars 2014. La société va par ailleurs bénéficier d’une recapitalisation de 100 milliards de yens (1,25 milliard de dollars), la moitié en provenance de ses trois maisons mères (NEC, Hitachi et Mitsubishi Electric), l’autre moitié de quatre banques. Enfin, des négociations sont en cours avec Panasonic et Fujitsu pour mettre en commun leurs activités "systèmes sur puce". L’objectif est de créer une société "fabless" et de transformer les usines concernées des trois partenaires en un fondeur de semiconducteurs indépendant, à l’instar de ce qu’AMD a fait avec la création en 2009 de GlobalFounderies. La société "flabless" aura toute liberté de faire fabriquer ses circuits auprès de n’importe quel fondeur.
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