
Einstein est sur toutes les lèvres à la conférence Dreamforce 2016. Mais il n’est pas le seul. LinkedIn, et surtout Twitter, ont aussi une place de choix. Le premier, parce que Salesforce a lancé une procédure pour empêcher Microsoft de s’en emparer. Et le second, parce que des rumeurs insistantes font de l’éditeur de CRM un candidat bien placé pour croquer le petit oiseau bleu. D’autant que l’autre gros prédateur possible, Alphabet, semble avoir renoncé (tout comme Apple et Disney). Dans un entretien avec le Wall Street Journal, Marc Benioff, patron et co-fondateur de Salesforce a décrit le média social comme un joyau brut dont il voudrait faire une “great company”. La bourse n’a pas compris et a sanctionné l’action.
Mais qu’irait-il donc faire dans cette galère ?
A l’occasion de son intervention, le numéro 2 de Salesforce a précisé la façon dont le Californien a l’habitude de conduire ses fréquentes opérations de fusions-acquisitions. Keith Block a ainsi expliqué évaluer et réévaluer en permanence avec Mark Benioff les acquisitions potentiellement intéressantes pour Salesforce. “Pour chaque cible potentielle, nous regardons si la culture de l'entreprise s’accorde avec la nôtre, a-t-il détaillé. Il faut qu’elle ait une technologie et des talents exceptionnels. On évalue bien entendu sa valeur financière. On étudie les risques associés à l'opération.” Le COO a cité l’exemple récent de Demandware devenu le bien nommé Commerce Cloud pour le e-commerce, qui s’emboîte très logiquement dans Sales Cloud, la solution de gestion des ventes. une opération jugée “extraordinaire” par Keith Block, mais qui tient bien plus du rachat classique qu’une possible absorption de Twitter.
Pourtant, il faut sans doute lire la stratégie autrement. Entre les lignes (de code). Le réseau social et sa mécanique se glisseraient parfaitement dans la stratégie de Salesforce dans les outils collaboratifs. Une évolution entamée avec le lancement du réseau social d’entreprise Chatter, augmentée par ensemble de solutions dont l’éditeur de documents cloud de Quip, racheté en août, ou encore un partenariat avec Slack.
Un vivier De data Pour Einstein
Mais ce n’est sans doute pas la raison majeure qui pousse le Californien à convoiter son voisin. Si Salesforce ne cesse d’asséner à ses clients que "la vitesse est devenue la nouvelle monnaie d’échange", pour le rachat de Twitter, la richesse serait dans les données avalées avec l’entreprise. Pour nourrir son intelligence artificialle (IA) Einstein, Salesforce a besoin de données. Les siennes, celles de ses clients et... de “données extérieures” comme l’a précisé le COO Keith Block à l’occasion d’une conférence de presse le 6 octobre. Sous-entendu : la mine d’or des échanges qui se déroulent sur les médias sociaux.
Salesforce convoite donc Twitter pour ses données et tente, pour la même raison, d’empêcher Microsoft de mettre la main sur LinkedIn. Même si la formule du CEO du réseau des pro Jeff Weiner, le "graphe de l’économie", ne correspond pas encore vraiment à la réalité de ce qu'il propose, on comprend que Marc Benioff n’ait pas envie de voir la mine d’information de tous les professionnels qui y sont inscrits, sa clientèle de prédilection, finir dans l’escarcelle de la firme de Redmond. Si l’on en croit certains clients de Salesforce qui arpentent les allées de la conférence, le plus gros concurrent d’Einstein ne serait en effet pas forcément IBM avec Watson. Trop massif, trop complexe... Mais plutôt, justement, les technologies d'intelligence artificielle développées par Microsoft.
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