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L'urgence climatique impose de réévaluer nos usages en équipements fortement émetteurs de gaz à effet de serre.
Avions, voitures, scooters... et bientôt datacenters ? Et seulement ces derniers ?
Quelle est le coût environnemental du cloud, est-ce vraiment écologiquement neutre de dématérialiser les données sur un serveur distant ?
Entretien avec Frédéric Bordage, fondateur du site GreenIT.fr.
Sarah Sermondadaz
Mis à jour
01 décembre 2015
L'Usine Digitale : Sans avoir attendu la COP21, on évoque depuis quelques années la part grandissante des émissions de gaz à effet de serre attribuable à internet et en particulier au cloud. À quoi sont réellement dues les émissions de gaz à effet de serre du numérique ? Comment se répartissent-elles ?
Frédéric Bordage : Depuis quelques mois, on parle beaucoup de la pollution cachée du cloud, ce qui n’est peut-être pas sans lien avec la diffusion d’un reportage sur le sujet en 2014 par France 5. Mais il n'y a pour l'instant pas d'étude officielle en France qui évaluerait l'impact environnemental du web. A GreenIT, nous avons cherché à estimer cette pollution, avec une méthodologie explicite.
Le verdict ? Certes, les datacenters sont énergivores, principalement à cause de leurs besoins en refroidissement. Mais ils ne sont responsables que du quart des émissions totales, au même titre que l'infrastructure réseau. Pensez à ces boîtiers ADSL que personne ne pense à débrancher la nuit.... Les équipements des consommateurs sont ainsi responsables de près de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du web. Ce sont d'abord nos usages que nous devons changer si nous voulons que numérique devienne moins polluant.
Pourquoi l'opinion publique et les médias se concentrent alors à ce point sur le cloud ?
On se donne ainsi l'illusion d'être moins polluant, et en tant qu'utilisateur on pense qu'on n'est pas responsable... alors que nos propres équipements, on l'a vu, sont les plus contributeurs aux émissions de gaz à effet de serre. En fait, la plupart des études se focalisent sur les émissions côté serveur. Pourquoi ? On considère trop rarement nos équipements électroniques dans une perspective du berceau à la tombe : l'analyse du cycle de vie (ACV) complète des appareils est bien loin d'être systématique. On ne s'intéresse encore trop souvent qu'aux seules émissions des appareils pendant leur durée de vie.
Mais ce faisant, on occulte que la fabrication d'un nouvel appareil est extrêmement coûteuse sur le plan environnemental, pas seulement en terme d'émissions de gaz à effet de serre ou de consommation électrique, mais aussi de consommation d'eau (500 L d'eau par ordinateur). Il y a urgence à raisonner sur le bon périmètre, en prenant en compte le cycle de vie complet de nos terminaux connectés.
On observe d'ailleurs une explosion incroyable du nombre de ces terminaux connectés...
Exact. Le cloud a deux effets préoccupants : le premier est de favoriser l'utilisation de plus en plus d'équipements connectés (smartphones, tablettes, en plus de l'ordinateur) et d'accroître encore plus notre empreinte environnementale. Aujourd'hui, on dénombre près de 3 milliards d'internautes qui utilisent 9 milliards d'équipements (somme des terminaux et des objets connectés), pour 45 millions de serveurs. Ce qui donne une moyenne de 200 "clients" par serveur, un ratio qui devrait continuer à grimper, et va entraîner des consommations croissantes au niveau des équipements réseau.
La seconde conséquence est liée à la structure même du cloud, qui implique d'utiliser encore plus d'énergie pour accéder aux données. En effet, il faut d'abord transférer les données du terminal vers serveur, puis à chaque demande d'accès, répéter l'opération dans le sens inverse. D'autant plus que dans un datacenter, pour fiabiliser l'accès en cas de panne, les données sont souvent répliquées 2 ou 3 fois... C'est dans son principe même que le cloud n'est écologiquement pas vertueux.
Le cloud étant au cœur des nouveaux business models du web, que faudrait-il faire au niveau des consommateurs comme des entreprises ?
Il s'agit de faire évoluer les usages. Et pour cela, la balle est dans le camp des utilisateurs, qu'il s'agisse des particuliers ou des entreprises. Il faut s'interroger sur la pertinence à stocker une donnée dont on ne se resservira pas, ou dans un format trop lourd (par exemple une photo). Dans l'idéal, il faudrait à chaque fois s'interroger : pourquoi je veux héberger cette donnée ? Qui va l'utiliser ? Pendant combien de temps ? Pour les entreprises, la question se pose aussi au vu des tendances actuelles à la dématérialisation.
Mes préconisations ne sont pas très séduisantes, mais elles sont de bon sens : éviter de stocker une donnée dans le cloud quand ce n'est pas nécessaire, utiliser ses appareils le plus longtemps possible... Et au niveau des entreprises, mettre en application les bonnes pratiques d'écoconception logicielle. Plus légers, les logiciels resteront compatibles plus longtemps avec un parc matériel à la durée de vie plus longue.
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