Scandale Cambridge Analytica : de nouvelles poursuites engagées contre Facebook aux Etats-Unis
Les déboires de Facebook continuent. Le procureur général de Washington DC a engagé des poursuites contre le réseau social dans le cadre du scandale Cambridge Analytica. Au même moment, le New York Times publie une enquête fleuve relatant l'accès privilégié des géants de la tech aux données des utilisateurs du réseau social.
Léna Corot
Mis à jour
20 décembre 2018
L'année 2018 aura décidément été difficile pour Facebook. Le procureur général du district de Columbia des Etats-Unis, où se situe la capitale fédérale Washington, a annoncé le 19 décembre 2018 qu'il va engager des poursuites à l'encontre du réseau social dans le cadre du scandale Cambridge Analytica. "Facebook a échoué à protéger la vie privée de ses utilisateurs et les a trompés sur qui avait accès à leurs données et comment elles ont été utilisées", clame dans un communiqué le procureur Karl Racine.
La moitié des résidents du district de Columbia
"Facebook a exposé ses utilisateurs à un risque de manipulation en autorisant des sociétés comme Cambridge Analytica et des applications tierces à collecter des données privées sans leur consentement", poursuit le procureur général. D'après lui, près de la moitié des résidents du district a été exposée à des manipulations politiques durant les élections de 2016.
Concrètement, une application tierce a utilisé le réseau social pour récolter les informations personnelles de millions d'utilisateurs sous un faux prétexte (celui d'un "test psychologique" à des fins de recherche). Ces données ont ensuite été utilisées par une société spécialisée dans le profilage d’électeurs nommée Cambridge Analytica. "Les poursuites sont engagées afin de s'assurer que Facebook respecte ses engagements de protection de la vie privée", déclare Karl Racine. Le bureau du procureur a envoyé une injonction pour s'assurer que Facebook a mis en place des protocoles et des garde-fous pour contrôler l'utilisation des données de ses utilisateurs.
L'accès privilégié des géants de la tech aux données de Facebook
Au même moment, une longue enquête publiée mardi soir par le New York Times vient écorner un peu plus la réputation du réseau social. Le journal américain, qui a eu accès à de nombreux documents internes et réalisés une cinquantaine d'interviews avec d'anciens employés, affirme que plus de 150 sociétés auraient eu un accès privilégiés aux données privées des utilisateurs du réseau social.
Apple, Microsoft, Amazon, Spotify, Netflix… et autres géants de la tech auraient été exemptés des règles mises en place par Facebook et relatives au respect de la vie privée de ses utilisateurs. Par exemple, Amazon pouvait obtenir le nom des utilisateurs et les informations de contact les concernant (a priori à des fins de lutte contre la fraude) tandis que Netflix et Spotify ont eu accès à la messagerie privée de certains utilisateurs (dans le cadre d'une fonctionnalité permettant aux utilisateurs de partager ce qu'ils visionnaient/écoutaient). Netflix précisant dans un très bref communiqué qu'à "aucun moment, nous n'avons eu accès aux messages privés des abonnés Facebook ou n'avons demandé la possibilité de le faire".
Les "extensions" de Facebook reviennent le hanter
Si l'accord le plus ancien remonte à 2010, beaucoup étaient encore d'actualité en 2017 et certains ont même continué cette année, précise le New York Times. Les entreprises pouvaient collecter les données lorsque l'utilisateur se connectait à son compte Facebook via un autre service comme (comme Spotity, le moteur de recherche Bing, sa boite mail Yahoo…). Il s'agissait d'une fonctionnalité dite "d'extensions" pour Facebook, ce qui explique pourquoi ce dernier ne demandait pas le consentement des utilisateurs.
Facebook se défend donc d'avoir violé l'accord conclu en 2012 avec le FTC (l'agence gouvernementale indépendante en charge du respect des droits des consommateurs). Reste plus qu'à savoir si cette dernière sera du même avis ou si de nouvelles poursuites vont être engagées à l'encontre de Facebook.
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