Selon les autorités américaines, Google a illégalement espionné des employés avant de les licencier

Une plainte du National Labor Relations Board (NLRB) pointe un lien de causalité direct entre l’implication de deux employés de Google dans une vague de contestation interne et leur licenciement. Pour ce faire, le géant américain aurait espionné ses collaborateurs pour identifier leurs activités syndicales.

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Selon les autorités américaines, Google a illégalement espionné des employés avant de les licencier

Google est accusé de graves manquements au droit du travail américain. Le géant a violé la législation en vigueur aux Etats-Unis, explique The Verge dans un article publié ce 3 décembre et qui s'appuie sur une plainte déposée par le National Labor Relations Board (NLRB), l’agence en charge notamment des élections syndicales.

La société dirigée par Sundar Pichai est accusée d’avoir espionné des collaborateurs. Et pas n’importe lesquels, puisqu’il s’agit d’employés s’étant opposés à leur société sur des pratiques jugées contestables. Selon l’organisme fédéral américain, ces désaccords ont eu des conséquences directes puisque deux de ces employés, Laurence Berland et Kathryn Spiers, ont été licenciés fin 2019.

Google défend sa décision
Google, qui avait interdit à ces deux employés de consulter des agendas internes, avait considéré que qu’ils avaient désobéi et violé les politiques de sécurité de l’entreprise, avant de procéder à leur licenciement. Le NLRB a conclu que ce sont ces licenciements qui sont illégaux. Pour Kathryn Spiers, le mal est néanmoins fait. "Le NLRB peut ordonner à Google de me réintégrer, mais il ne peut pas annuler le préjudice qui a été causé à ma crédibilité", explique-t-elle.

La plainte doit être portée devant un juge administratif dans les mois à venir, et pourrait aboutir à une condamnation de Google au remboursement des salaires perdus. Mais Google ne semble pas lâcher le morceau et entend "défendre sa position". "Nous allons continuer à communiquer les informations au NLRB et au juge administratif sur notre décision de licencier ou de sanctionner les employés qui ont abusé de leur accès privilégié aux systèmes internes", explique Google au média américain The Verge.

Une collaboration contestée avec IRI Consultants
Rappel des faits. En 2018, Google se retrouve au cœur d’une tempête interne face à la multiplication de plaintes pour harcèlement sexuel. Perçue jusque-là comme une entreprise transparente et bienveillante envers ses employés, comme de nombreuses entreprises de la Silicon Valley, la société doit faire face à des manifestations et des employés s’organisent en interne pour fédérer le mouvement.

A l’automne 2019, le géant américain choisit le cabinet de conseil IRI Consultants. Or ce choix est pour les collaborateurs, déjà échaudés par des mois de contestation, une véritable déclaration de guerre. A l’époque, IRI Consultants, qui se dit spécialiste des "audits de vulnérabilité des syndicats", affiche des positions antisyndicales très claires. Un choix que le New York Time qualifie à l’époque d’"escalade" et de "tournant surprenant", à contre-courant de la culture d’entreprise de la firme de Mountain View.

Alors que Google avait pour habitude d’organiser des réunions hebdomadaires ouvertes à tous, la firme a restreint l’accès à ces discussions. Et parmi les sujets devenus confidentiels, le choix fait par Google de recourir à l’expertise d’IRI Consultants pour gérer la crise interne, et découvert par des employés qui ont consulté des agendas.

En parallèle, la société avait, selon Bloomberg, installé un outil sur les navigateurs Web des employés qui signalaient à la direction les événements inscrits sur les agendas internes et impliquant plus de 100 participants. Un dispositif perçu en interne comme un outil de surveillance conçu pour identifier une éventuelle activité syndicale.

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