Semi-conducteurs : l'Europe présente son plan à 43 milliards d'euros pour regagner en autonomie
Le "Chips Act" de la Commission européenne prévoit un investissement public-privé de 43 milliards d'euros d'ici à 2030, afin d'atteindre 20% de parts de marché de l'industrie des puces.
La Commission européenne a présenté le 8 février son "Chips Act", le paquet législatif sur les semi-conducteurs, qui doit permettre à l'Europe de sécuriser son approvisionnement en puces électroniques, réduire sa dépendance aux fournisseurs asiatiques (qui atteint 80%), et doubler sa part de marché actuelle dans le secteur pour la porter à 20% en 2030 (une part de marché que l'Europe a connu dans les années 90). Pour cela, l'UE mobilisera 43 milliards d'euros d'investissements publics et privés d'ici à 2030.
11 milliards pour la R&D
Cela comprend 11 milliards d'euros qui "seront mis à disposition pour renforcer la R&D, mettre en place des lignes pilotes pour le prototypage, l'essai et l'expérimentation de nouveaux dispositifs pour des applications innovantes en situation réelle, former le personnel et développer une compréhension approfondie de l'écosystème et de la chaîne de valeur des semi-conducteurs". Ces lignes pilotes concerneront par exemple les technologies quantique, neuromorphique, ou encore la technologie FD-SOI de moins de 10 nm et FinFET de moins de 2 nm.
Un fonds de 2 milliards d'euros dédié aux semi-conducteurs facilitera en outre l'accès au financement pour les start-ups. Le reste de l'investissement, soit une trentaine de milliards d'euros, sera assuré par les Etats membres. Enfin, un mécanisme de coordination entre les États membres et la Commission aura pour mission de surveiller l'offre et d'estimer la demande afin d'anticiper les pénuries.
Quadrupler la production en subventionnant de nouvelles fonderies
L'objectif n'est pas seulement de fabriquer plus, mais de fabriquer mieux. En particulier, il s'agit de repositionner l'industrie du semi-conducteur européenne sur les processus de pointe, soit les gravures en 7 nanomètres ou moins. Actuellement le Continent est à maturité sur les "nœuds" à partir de 22 nm. Il va quand même aussi falloir produire beaucoup plus. Comme le marché devrait doubler d’ici à 2030, il sera nécessaire de quadrupler la production pour atteindre les objectifs fixés.
La Commission reconnaît que l'installation de nouvelles capacités de production nécessitera d'importantes subventions, et devrait donc accepter de faire des entorses au système d'aides d'Etat ayant cours actuellement en Europe, à condition que ces subventions soient fléchées vers des technologies avancées.
Le plan européen est à mettre en rapport avec le programme américain pour la R&D et la fabrication de semi-conducteurs, qui prévoit d'engager 52 milliards de dollars jusqu’en 2026 ; avec les 150 milliards de dollars investis par la Chine entre 2015 et 2025 ; les 8 milliards de dollars de financement public annoncés au Japon ; et les 450 milliards de dollars qui seront investis en R&D et dans la fabrication par les entreprises sud-coréennes d’ici 2030. Malgré le changement d'échelle de la politique industrielle européenne, ses investissements restent une goutte d'eau dans l'industrie ultra-capitalistique du semi-conducteur.
SUR LE MÊME SUJET
Semi-conducteurs : l'Europe présente son plan à 43 milliards d'euros pour regagner en autonomie
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir