Semi-conducteurs: le Japon limite à son tour les exportations d'équipements vers la Chine
Tokyo s'aligne sur les lourdes sanctions imposées à l’automne dernier par les Etats-Unis. Un accord du gouvernement sera désormais nécessaire pour vendre en Chine et les machines nécessaires à leur production de puces.
Après les Pays-Bas, le Japon. Vendredi 31 mars, Tokyo a officialisé de nouvelles restrictions sur les exportations vers la Chine de 23 types d'équipements nécessaires à la production des puces les plus avancées. Celles-ci devront désormais être approuvées par le gouvernement. L’objectif est de “prévenir le détournement de la technologie à des fins militaires”, assure Yasutoshi Nishimura, le ministre japonais de l'Economie.
Officiellement, ces restrictions ne visent "aucun pays en particulier". Mais les principaux partenaires commerciaux du Japon, comme Taïwan et la Corée du Sud, qui font partie des plus gros producteurs de semi-conducteurs, ne seront pas concernés. Les exportations vers ces pays n'auront donc pas besoin d'être approuvées par Tokyo.
Pressions américaines
Cette annonce n’est pas une surprise. Fin janvier, la presse américaine avait en effet révélé que le Japon avait accepté, après une visite de son Premier ministre à Washington, de s’aligner sur les lourdes sanctions imposées à l’automne dernier par les Etats-Unis. Celles-ci interdisent, sans un accord du gouvernement, de vendre en Chine des puces avancées et les machines nécessaires à leur production.
Depuis, les groupes chinois ne peuvent plus se fournir auprès des équipementiers américains, comme Applied Materials, Lam Research et KLA. Un moindre mal car ils peuvent encore acheter des machines chez d’autres fournisseurs, en particulier auprès de groupes japonais. C’est le cas de Tokyo Electric, qui conçoit des machines essentielles en amont et en aval du processus de gravure, ou encore de Nikon, qui produit des machines de photolithographie.
Pour être véritablement efficaces, les sanctions américaines devaient donc être suivies par le Japon. Mais aussi par les Pays-Bas, patrie d’ASML, le premier fabricant mondial de machines de photolithographie et le seul à maîtriser la technique de lithographie par rayonnement ultraviolet extrême, indispensable pour réaliser les gravures les plus fines. Ces derniers mois, Washington avait donc mulitplié les pressions diplomatiques.
Coup dur pour la Chine
L'ampleur des conséquences pour la Chine reste encore difficile à déterminer. Car il dépendra du nombre de licences d'exportation accordées par les gouvernements japonais et néerlandais, qui vont aussi chercher à limiter l'impact de leurs restrictions sur l'activité de leurs équipementiers nationaux.
L’enjeu est immense : sans équipements étrangers, le pays ne pourra pas remplir ses ambitieux objectifs de production. Ni monter en gamme pour fabriquer les puces avancées que ses entreprises ne peuvent désormais plus acheter auprès de quasiment tous les fabricants mondiaux. Pékin prévoit bien d’investir massivement pour aider son industrie des semi-conducteurs. Mais le retard accumulé sera bien difficile à combler avec ces nouvelles sanctions élargies.
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