Renesas Electronics entre dans une période d’incertitude avec la question: qui va en prendre le contrôle ? Le fabricant japonais de semi-conducteurs, numéro un mondial des microcontrôleurs, n’est pas à vendre. Mais le fonds d’investissement stratégique nippon
Innovation Network Corp of Japan (INCJ), qui en détient aujourd’hui 69,2% du capital, cherche à en sortir. Il y est entré en 2012 dans le cadre d’un
plan de sauvetage associant neufs clients clés dont
Toyota,
Nissan, Denso,
Panasonic, Canon et
Nikon. Son engagement de maintien au capital s’est terminé le 30 septembre 2015.
Que des prétendants non japonais
La solution constitue toutefois un casse-tête pour le
Japon. Car pour l’heure, il n’y aurait, selon
le journal EETimes, que deux prétendants: l’allemand
Infineon Technologies et le chinois Tsinghua Unigroup. Ce qui irait à l’encontre de la tradition du pays qui veut une solution japonaise à un problème japonais.
A l’heure où la consolidation bat son plein dans le secteur, Renesas Electronics n’aurait aucun problème à trouver un repreneur. Infineon Technologies, qui a racheté cette année l’américain International Rectifier, y voit l’occasion de conforter son leadership dans les puces pour l’automobile, point fort aussi du japonais, et de renforcer sa présence au Japon. Renesas Electronics est en avance dans des applications comme l’infotainment, le cockpit ou l’assistance à la conduite, et dispose d'une forte présence auprès des constructeurs automobiles européens.
Tsinghua Unigroup à l'affut de toute occasion
De son coté, le chinois Tsinghua Unigroup est à l’affut de toute occasion de rachat comme en témoignent son offre non sollicitée à 23 milliards de dollars sur l’américain
Micron Technology ou sa proposition de fusionner ses sociétés RDA Microelectronics et Spreadtrum avec le taïwanais MediaTek. Bras armé du gouvernement chinois dans les semi-conducteurs,
il projette d’investir la bagatelle de 47 milliards de dollars d’ici 2020 pour devenir le numéro trois mondial dans le secteur. Ses prétentions sur Renesas Electronic s’inscrivent dans ce projet.
Mais pour le Japon, Renesas Electronics revêt une importance stratégique. D’autant qu’il constitue le dernier bastion du pays dans les puces avancés, résultat de la fusion des activités de NEC,
Hitachi et
Mitsubishi Electric dans ce domaine. Avec 21 000 personnes et un chiffre d’affaires de 6,5 milliards de dollars en 2015, selon les prévisions d’IC Insights, il est le deuxième fabricant de semi-conducteurs du pays derrière
Toshiba (11,1 milliards de dollars en 2015), présent, lui, surtout dans les mémoires flash, des composants considérés plutôt comme des commodités.
Toshiba occupé par son scandale financier
Une solution japonaise implique nécessairement Toshiba, les autres acteurs japonais comme
Sony,
Sharp, Panasonic ou Rohm n’ayant pas l’ambition de s’étendre au-delà de leurs créneaux pointus (capteurs d’images, LED…). Le problème c’est que Toshiba est aujourd’hui dans la tourmente. Ebranlé par un scandale financier majeur (maquillage des comptes pour cacher l’ampleur des pertes dans la télévision, la micro-informatique ou les composants électroniques), le groupe nippon est contraint de faire le ménage dans ses activités déficitaires, y compris dans les semi-conducteurs. L’heure est malvenue de s’encombrer avec Renesas Electronics, fut-il le joyau des semi-conducteurs nippon.
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